La disparition rapide de la position de l’Algérie au Sahel

L'exclusion actuelle de l'Algérie des affaires sahéliennes repose lourdement sur son armée, cela reflète également la baisse de professionnalisme du service diplomatique du pays.

Etiquettes : Algérie, Sahel, Mali, Niger, Kidal, Azawad, Burkina Faso, touaregs,

Politique et sécurité en Algérie – 21.11.23, a décrit comment le « nouvel État » du Président Abdelmadjid Tebboune s’isole rapidement sur le plan international. Cela a été douloureusement mis en lumière au cours des deux dernières semaines, suite à la reconquête de Kidal par l’armée malienne, bien que cela ait été réalisé avec l’aide des mercenaires du groupe Wagner de la Russie, le 14 novembre.

Il y a seulement quelques années, l’Algérie – qui partage plus de 1300 km de frontière avec le Mali – aurait été au centre de tout ce qui se passait à Kidal, à seulement 200 km de la frontière, mais aujourd’hui, il n’y a que le silence. Les combats pour Kidal ont eu lieu et pourraient bien se poursuivre dans les prochains jours, avec le risque qu’ils aient un impact direct sur la sécurité nationale de l’Algérie. Malgré ce danger, le régime algérien est resté silencieux et n’a montré aucune réaction à la crise à sa frontière.

Il a joué précédemment le rôle d’arbitre, de médiateur et d’intermédiaire respecté, étant écouté et appelé à mettre fin à la violence et à imposer l’ordre ou la sécurité, mais ce n’est plus le cas. La junte actuelle à Bamako n’a aucune considération pour l’Algérie, qu’elle rejette catégoriquement en refusant de lui permettre de jouer un rôle déterminant dans le nord du Mali.

L’accord de paix parrainé par Alger en 2015 a apporté une certaine stabilité à cette région volatile, mais la prise de Kidal par les Forces Armées Maliennes (FAMa) le 14 novembre a porté un coup fatal à cet accord. Après le rejet de la médiation algérienne par le Niger le mois dernier, ce dernier camouflet du Mali illustre le déclin alarmant de l’influence d’Alger et marque la fin de son hégémonie au Sahel.

Il existe de nombreuses raisons à ce déclin de son influence dans la région. Avant 2015, le Sahel, en particulier la région de Kidal souvent appelée la 49e wilaya de l’Algérie, était sous l’influence forte, voire le contrôle, du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS). Depuis 2015, le DRS s’est fragmenté et est surtout tombé sous le commandement de l’armée, d’abord sous feu le Chef d’État-Major de l’Armée, le Général Ahmed Gaïd Salah décédé en décembre 2019, puis son successeur, le Général Saïd Chengriha.

La plupart des activités criminelles au Sahel, notamment le trafic de drogue et la prise d’otages, étaient précédemment sous le contrôle du DRS, mais avec la participation commune de la Sécurité d’État du Mali. Avec le déclin du DRS, les liens entre les élites politiques et sécuritaires au Sahel se sont affaiblis, tandis que l’armée, sous Gaïd Salah et Chengriha, a participé à des activités criminelles plus rapaces et avec moins de participation de leurs homologues sahéliens. En bref, l’Algérie est de plus en plus perçue comme un voisin moins fiable qui, par son soutien aux activités criminelles et jihadistes, a joué un rôle majeur dans la transformation d’une grande partie du Sahel en zones fortement instables et ingouvernables. L’Algérie est maintenant perçue davantage comme un voisin hostile que comme un ami. Alors que la responsabilité de son exclusion actuelle des affaires sahéliennes repose lourdement sur son armée, cela reflète également la baisse de professionnalisme du service diplomatique du pays.

MENAS, 28/11/2023

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