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Slimane Laouari
Les tragédies collectives ne révèlent pas que les bonnes choses enfouies dans les entrailles de l’humain. Pas toujours visibles en raison des vicissitudes de la vie, elles s’expriment face à la mort, surtout quand elle frappe autant de femmes et d’hommes, quand rien ne la préfigurait en dehors de ce que cache la nature comme périls. Évidemment, elle ne les cache pas vraiment, puisque la nature nous rappelle souvent que ses caprices peuvent nous faire mal à tout instant. Ce sont les hommes qui oublient ça, d’abord parce que les limites scientifiques en matière de prévention sont évidentes, ensuite et surtout parce qu’en la matière, ce sont (encore) les plus faibles qui subissent les dégâts et en paient le prix le plus fort.
Le séisme qui vient de frapper le voisin marocain en est caractéristique. D’abord les bonnes choses, si le mot n’est pas mal venu dans ces circonstances si tragiques. Nos chers compatriotes ont spontanément, naturellement exprimé leur solidarité de principe aux frères marocains frappés dans leur chair et leurs biens. Ils ont aussi dit leurs disponibilités à la solidarité active et aux contributions matérielles pour atténuer le drame.
Bien sûr, ce n’est pas une surprise et ne s’en étonnent que ceux qui veulent bien s’en étonner, avec sincérité ou à dessein. Il est inutile de rappeler, à chaque fois qu’un point de vue critique est formulé à l’égard du régime, que les Algériens ont un profond respect et nourrissent une profonde amitié envers leurs voisins de l’ouest. L’un dans l’autre, il n’est nul besoin de dire aujourd’hui qu’un si grand malheur a touché un pan entier du Maroc, qu’on est solidaire… en dépit de la tension qui caractérise les relations officielles entre les deux pays. Cela relève même du… mauvais goût. Pourtant, les dérapages ne manquent pas en l’occurrence. Du fait d’abord qu’une région particulière ait souffert essentiellement de la catastrophe. Ensuite parce que la retenue et la transcendance ne sont pas toujours évidentes pour tout le monde, y compris dans les moments les plus pénibles. Enfin parce qu’avec les nouveaux moyens de communication, les entités négligeables prennent d’autres dimensions et gonflent leurs capacités de nuisance. Peut-on ne retenir que les élans du cœur et tout ce qui peut aider à panser les blessures et accélérer le retour à la vie ? Ce n’est pas facile mais c’est obligatoire.
Le Soir d’Algérie, 11/09/2023
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