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«Si j’étais marocain…»
La distanciation américaine n’a jamais été aussi forte dans le dossier sahraoui et parle désormais «d’une solution digne et durable».
Brahim TAKHEROUBT
L’expression «la sieste des diplomates» trouve tout son sens dans l’inattendue évolution du dossier sahraoui qu’on croyait définitivement enfoui sous les décombres de l’oubli. Une succession rapide d’évènements survenus récemment, impulse à la question une nouvelle dynamique qui fait frissonner le Makhzen qui, en quelques semaines, a reçu trois nouvelles assommantes. La première tient à cette démarcation des États-Unis qui reprennent langue avec les Sahraouis après des années de mise à l’écart. En effet, jamais les Américains ne se sont intéressés d’aussi près au dossier du Sahara occidental, y compris lorsque deux de leurs ressortissants, James Becker et Christopher Ross, étaient des envoyés personnels du secrétaire général de l’ONU.
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Pour la première fois, un responsable du Département d’État américain, Joshua Harris, sous-secrétaire d’État adjoint pour l’Afrique du Nord, rencontre le président de la Rasd, Brahim Ghali, dans les camps de réfugiés à Tindouf. Et quel responsable! Joshua Harris est le spécialiste américain du dossier du Sahara occidental. C’est «Mister Sahara occidental» qui rédige les résolutions américaines au Conseil de sécurité sur ce dossier précis qu’il maîtrise sur le bout des doigts. La deuxième manifestation est ce retour marqué de l’activisme sur le terrain de De Mistura bénéficiant d’un appui certain des États-Unis. Des sources onusiennes indiquent que De Mistura est en contact permanent avec Joshua Harris.
L’envoyé spécial des Nations unies, Staffan de Mistura, a pu accéder, le 4 septembre dernier, aux territoires occupés du Sahara occidental dans le cadre de sa tournée régionale. Une première depuis sa nomination en 2021. C’est de Manhattan que vient la troisième mauvaise nouvelle pour le Maroc mais pour le Sahara occidental, c’est une aubaine très souhaitée: le président de la Rasd, Ibrahim Ghali sera reçu, le 11 septembre prochain au siège des Nations unies, par le secrétaire général de l’ONU António Guterres. Il faut rappeler que le SG de l’ONU n’a reçu un président de la Rasd, le défunt Mohamed Abdelaziz, à New York qu’une seule fois. C’était à l’époque de Perez de Cuellar. Et venue ensuite la visite dans la région de l’ancien SG Ban Ki-moon qui a rencontré Mohamed Abdelaziz à Tindouf.
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Tous ces éléments créent une réelle dynamique jugée par les observateurs de «très encourageante pour la suite des évènements». Le coup de massue pour le Makhzen, ce sera surtout les déclarations des responsables américains très favorables à la cause sahraouie. Un coup de grâce à la décision prise en 2020 par l’ancien président Donald Trump, où il avait reconnu la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange d’une normalisation avec Israël. Notre position est d’encourager le secrétaire général des Nations unies à reprendre le processus de paix pour permettre le règlement de la question du Sahara occidental dans le cadre des Nations unies», lance le sous-secrétaire d’État Wendy Sherman dans un tweet officiel. Des propos relayés par le secrétaire d’État, Antony Blinken himself qui a clairement exprimé le soutien des États-Unis au processus politique de l’ONU au Sahara occidental.
Le sous-secrétaire d’État adjoint pour l’Afrique du Nord, Joshua Harris, va même plus loin en parlant même d‘autodétermination, un mot qu’on n’a pas entendu depuis longtemps de la part des responsables US. La distanciation américaine n’a jamais été aussi forte dans le dossier sahraoui car désormais, ils parlent d’une solution «digne et durable». De manière explicite, ils entendent une solution qui ne sera pas imposée aux deux parties mais qui émanera d’elle-même. C’est-à-dire des négociations entre Marocains et Sahraouis.«Si j’étais marocain je ne dormirai pas tranquille ces derniers jours», ironise un spécialiste du dossier sahraoui.
L’Expression, 07/09/2023
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