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PAR DJILALI B.
« Il n’y aura pas de solution sans nous. Nous sommes les plus affectés par cette crise », disait Attaf. Les Etats-Unis, plus soucieux de l’extension de l’influence russe dans la région du Sahel, plaident l’option politique développée par Alger. La Cédéao continue d’enterrer « sa réputation » en adoptant, sous la pression, des solutions aux conséquences imprévisibles. Dont la sous-traitance de l’intervention militaire.
Au moment où la France refuse « les ordres » des putschistes et de la population du Niger qui réclament le départ des troupes françaises et de l’ambassadeur français, le président Macron a rappelé encore hier dans son discours devant les ambassadeurs réunis à Paris qu’il ne transige pas.
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La rue nigérienne et les militaires maintiennent le cap alors que la Cédéao patauge dans ses décisions-sanctions. Même si la Cédéao continue de plaider la solution politique, qui, en fait, se résume au rétablissement du président déchu Mohamed Bazoum dans ses fonctions, option rejetée par les putschistes, elle poursuit sa recherche du mode opératoire pour son intervention militaire au Niger, son autre solution, qui bute cependant, selon les dernières informations, sur des difficultés.
Décision jeudi prochain
En effet, selon une lettre adressée à l’union européenne, Omar Touray, président de la commission de la Cédéao, a demandé à l’UE un soutien financier pour la mise en œuvre de son intervention militaire.
Dans sa missive, le chef de la commission de la Cédéao indiquait que les pays voisins du Niger réclament un accompagnement financier pour concrétiser les décisions prise par la
communauté pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel au Niger.
En clair, la Cédéao, qui s’est empressée de prendre des mesures contre les putschistes de Niamey, en brandissant d’ailleurs la mise en mouvement de sa force en attente (une première) pour revenir à l’ordre d’avant le coup d’Etat, se retrouve, comme, si l’on peut dire, à court d’arguments.
Pis encore, à court de moyens pour financer sa première opération militaire pour résoudre une crise politique dans un de ses pays membres. Cela dit, en faisant cette demande, la Cédéao prend option pour la solution militaire. Reste à connaître la réponse que réserve l’UE pour cette requête de la Cédéao, sachant toutefois que l’UE craint une réaction interne du Niger et de se voir accusée d’implication dans une intervention militaire étrangère.
Cette question sera à l’ordre du jour de la rencontre, jeudi en Espagne, des ministres des affaires étrangères de l’UE. Le chef de la diplomatie européenne les a d’ailleurs invités à adopter une position commune « pour aider le Niger et d’autres pays de la région en tenant compte du contexte actuel ».
Cette position, selon la correspondance adressée par Joseph Borell aux MAE de l’UE, révélée par des médias, devra inclure les aides au développement, la coopération sécuritaire ainsi que les aides financières.
Une nouvelle mission militaire en Afrique de l’Ouest
Par ailleurs, l’UE aurait l’intention d’envoyer une nouvelle mission militaire en Afrique de l’Ouest, rapportait l’édition dominicale du quotidien allemand Die Welt am Sonntag. Opération qui doit, selon la publication, être lancée cet automne. Il est en outre précisé que l’objectif est d’aider les États à lutter contre le terrorisme. Selon la même source, quatre pays de l’Afrique de l’Ouest – le Ghana, le Togo, le Bénin et la Côte d’Ivoire – sont d’emblée d’accord pour accueillir cette mission européenne. Cette force de l’UE aura pour mission de préparer les opérations antiterroristes, le renforcement des forces de sécurité locales et le soutien technique, est-il souligné, selon le média.
Cette prévision intervient au moment où la Minusma, la mission de l’ONU pour le Mali, commence à se préparer à rentrer chez elle, entre autres à la demande des autorités de transition maliennes. Au même titre que les forces françaises de l’opération Barkhane, déjà délocalisées au Niger et que les nouveaux maîtres de Niamey invitent à quitter le pays ; ce que Macron refuse de faire sous prétexte que ces autorités ne sont pas légitimes.
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Suivant ce raisonnement, l’UE se prépare à déployer une force dans la région du Sahel pour remplacer les missions de l’ONU et de la France. Les missions françaises présentes dans les anciennes colonies depuis les indépendances à travers des accords militaires sont devenues indésirables dans plusieurs pays.
Des bases militaires ont été fermées au Mali, au Burkina et l’effet contagion se poursuit. C’est un fait avéré, mais ni l’Elysée ni Matignon ne semblent prendre au sérieux les signaux qui parviennent des pays de l’Afrique de l’Ouest.
Pourtant, l’ancien président Nicolas Sarkozy résume parfaitement ce sentiment dominant dans la région. « Aussi bonnes et généreuses soient nos intentions, toute mission qui s’éternise finit par nous faire apparaître comme une force d’occupation », a-t-il dit dans son dernier entretien au Figaro.
Rien ne dit en définitive que cette alternative militaire européenne, qui ouvre une porte de sortie honorable pour la France, ne soit pas elle aussi perçue comme une force hostile comme les forces françaises qui ont servi à entretenir des pouvoirs en place, plus enclins à
préserver les intérêts français que de soucier du développement de leurs pays. Certains restent encore dans le giron de la France.
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