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Dix intellectuels demandent la libération du journaliste algérien Ihsane El-Kadi

Etiquettes : Algérie, Ihsane El Kadi, Noam Chomsky, Annie Ernaux, presse, journalistes,

Le 2 avril, El-Kadi a été condamné à cinq ans de prison. Il est actuellement détenu à la prison d’El-Harrach à Alger, dans l’attente de son procès en appel fixé au 4 juin.

Un groupe d’intellectuels, dont le linguiste américain Noam Chomsky et la lauréate du prix Nobel de littérature Annie Ernaux, appellent les autorités algériennes à libérer le célèbre journaliste algérien Ihsan El-Kadi.

« Ihsane El-Kadi est accusé d’avoir trahi son pays, mais, vu des horizons lointains d’où nous regardons, il nous semble qu’il a, au contraire, rattaché l’amour de cette terre à son travail de journaliste, »  , lit-on dans la pétition publiée mardi dans le quotidien français Le Monde.

Dix intellectuels ont signé la pétition, dont l’auteure indienne Suzanna Arundhati Roy, le réalisateur britannique Ken Loach et Joyce Blau, membre des réseaux de soutien au Front de libération nationale (FLN) pendant la guerre d’indépendance algérienne.

En tant que directeur de la webradio Radio M et du journal d’information Maghreb Emergent, le journaliste vétéran de 64 ans a été arrêté en pleine nuit le 24 décembre 2022, par six militaires.

Le lendemain, il a été emmené par les services de sécurité pour assister à la perquisition et à la fermeture du média qu’il luttait pour son indépendance. Ses collègues et amis ont assisté, en larmes, au spectacle du journaliste menotté conduit sur les lieux de son «crime».

Le 2 avril, El-Kadi a été condamné à cinq ans de prison. Il est actuellement détenu à la prison d’El-Harrach à Alger, dans l’attente de son procès en appel fixé au 4 juin.

El-Kadi est poursuivi en vertu de l’article 95 du Code pénal. 

Selon l’article, « quiconque reçoit des fonds, un don ou un avantage… pour accomplir ou inciter à accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’État, à la stabilité et au fonctionnement normal de ses institutions, à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale, dans l’intérêt de l’Algérie », sera puni de cinq à sept ans de prison.

Ce n’est pas la première fois qu’El-Kadi fait face à la justice algérienne. Depuis trois ans, le journaliste subit un harcèlement judiciaire sans relâche pour ses écrits.

Nommé « le dernier samouraï du journalisme » dans le pays, Ihsane El-Kadi a refusé de se plier à la censure de l’État alors qu’une grande partie du reste des médias du pays a été maîtrisée. 

Quatre ans après les manifestations pro-réformistes du Hirak, l’Algérie reste un endroit dangereux pour être journaliste. L’Algérie est classée 134e sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse 2022 de Reporters sans frontières (RSF). 

Les autorités algériennes détiennent au moins 280 militants et des dizaines de journalistes en détention, pour la plupart sous l’inculpation de diffamation d’hommes politiques ou en raison de publications sur les réseaux sociaux.

Après avoir renversé le régime de Bouteflika, qui a duré deux décennies en 2019, le chemin des Algériens vers la démocratie a rapidement été saboté par le régime naissant du président Tebboune.

« Plus qu’un pays, l’Algérie est une idée. Une idée tenace de libération. Soixante ans après l’indépendance du pays, cette idée continue de faire rayonner l’espoir dans le cœur de ceux qui luttent encore contre l’oppression », conclut la pétition appelant à la libération. de tous les prisonniers d’opinion en Algérie.

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