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Khalifa Guesmi, journaliste à la radio privée Mosaïque FM, a été condamné à cinq ans de prison par la cour d’appel de Tunis. Sa défense précise qu’il reste en liberté jusqu’au verdict de la Cour de cassation. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une condamnation sans précédent dans le pays et réaffirme sa totale solidarité avec le journaliste.
La cour d’appel de Tunis a aggravé lourdement, mardi 16 mai, la peine prononcée en premier instance, le 30 novembre 2022 à l’encontre du journaliste Khalifa Guesmi, qui le condamnait à un an de prison ferme sans mandat de dépôt. Les autorités tunisiennes lui reprochent d’avoir publié un article sur le démantèlement d’une cellule terroriste dans la ville de Kairouan. Il est alors accusé de divulgation d’informations en violation des dispositions de la loi antiterroriste et du Code pénal. Les avocats du journaliste ont apporté la démonstration de l’inanité des accusations. En vain. Il est désormais clair que les autorités s’acharnent sur le journaliste principalement parce qu’il refuse de révéler ses sources.
Six mois plus tard, et dans une Tunisie en “bénalisation” rampante, la cour d’appel vient de multiplier par cinq la peine prononcée en première instance. Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a immédiatement réagi à ce “jugement sans précédent” porteur d’un “message politique qui exprime clairement le passage à la vitesse supérieure en matière de répression de la presse et des journalistes, dans une tentative de les soumettre en utilisant l’appareil judiciaire”. Le SNJT qui se dit “choqué par cette décision de justice, un des jugements les plus lourds dans l’histoire de la presse tunisienne” a appelé à un rassemblement de colère le jeudi 18 mai devant le siège du syndicat à Tunis.
“À travers le cas de Khalifa Guesmi, c’est un message terrifiant qui est adressé aux journalistes et aux médias tunisiens : celui d’un bâillonnement affiché de la liberté d’expression et de l’exercice du métier de journaliste. Nous exprimons notre totale solidarité à Khalifa Guesmi et aux journalistes tunisiens qui se trouvent face à une intolérable sommation à l’autocensure sous peine d’embastillement. (Khaled Drareni, Représentant de RSF en Afrique du Nord)
La condamnation de Khalifa Guesmi intervient dans le sillage d’une aggravation des atteintes à la liberté de la presse en Tunisie. Noureddine Boutar, le directeur de la radio privée Mosaïque FM, où travaille Khalifa Guesmi, est en détention depuis le 20 février dernier. Il est accusé de blanchiment d’argent et d’enrichissement illégal selon ses avocats, il attend toujours la date de son procès qui tarde à venir. Son arrestation avait été dénoncée par RSFcomme “un message violent des autorités aux médias”. Son objectif étant de terroriser et de soumettre les journalistes, tout en les renvoyant à l’ère de la dictature de Ben Ali. Une dérive, annoncée et désormais amplement confirmée, qui doit être condamnée avec vigueur.
RSF, 17 mai 2023
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