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Qualifié de « belge par qui fait trembler les puissants, le shériff par qui le scandale arrive. L’Homme qui ébranle le PE en instruisant le Qatargate. Notre invité s’est forgé le long de ces 22 années au service de la justice une réputation de pourfendeur de la corruption. Et après les banquiers suisses, les stars de foot, l’ancien ministre de l’économie wallon, Serge Kubla, voilà les députés européens pris, à leur tour, dans les filets de ce magistrat qui regrette de faire partie du club des cassandres de la lutte anti-corruption », Michel Claise, juge d’instruction au Tribunal de Première Instance de Bruxelles a été l’ainvité de l’émission « Le grand entretien » de la chaîne franco-allemande ARTE.
A la question de s’il estimait que nous sommes gangrenés par la corruption désormais, le magistrat belge a répondu: « Je pense que dans les pays dit démocratiques se disent que le phénomène de la corruption n’est pas récent. Il est évident que dans les pays qui revendiquent le titre de démocrates, et on peut dire l’UE par exemple, il y a une aggravation du phénomène de la corruption. C’est incontestable. Une des raisons de cette aggravation c’est, incontestablement, la montée en puissance des organisations criminelles. Les organisations ne peuvent pas fonctionner si elles ne pratiquent pas le blanchiment d’argent pour que le produit financier devienne légal et la corruption pour permettre le maintien et l’exécution de leur commerce ».
Ça veut dire qu’on est autant infiltré par les maffias et les organisations criminelles que ne le sont d’autres territoires du monde? « C’est tout à fait le cas. Il y a des enquêtes spectaculaires qui le prouvent sans la moindre contestation possible. Chez nous, en Belgique, Dieu sait si ça fait l’objet de pas mal d’articles dans la presse française… ». La presse française parle depuis quelques mois de « narco-Etat ». « Là, c’est un peu exagéré », réplique-t-il. « On n’est pas en Colombie où Escobar était à l’Assemblée Nationale colombienne. Le narcotrafic via notre célèbre Port d’Anvers met en évidence l’immensité du phénomène ».
Selon Michel Claise, « c’est facile pour comprendre leur puissance. Imaginez-vous qu’un gramme de cocaïne se vend 50 euros. Si on saisit 100 tonnes, ces 100 tonnes ne constituent que 10 ou 13% du montant total. Le reste est dilué en Europe et vendu. Là, ça prend une dimension colossale, on va parler de centaines de milliards. A cela s’ajoute le phénomène des contrefaçons, le trafic d’armes, la prostitution, les escroqueries, la cybercriminalité. Vous avez là une économie en parallère, une économie d’entreprises pirates qui fonctionnent très bien ».
M. Claise a signalé que « le monde politique chez nous n’a jamais pris conscience du phenomène ».
Pour lui, contrairement à la Belgique, en France il y a des instruments pour lutter contre la corruption : l’agence Française de lutte contre la corruption, le Parquet National Financier.
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