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De Tunis, Mohamed Kettou
Les migrants subsahariens en Tunisie ne dorment plus tranquilles puisqu’ils ne peuvent pas prévoir l’heure de leur arrestation. En effet, depuis trois jours, la Tunisie vit une lutte contre l’immigration illégale des Subsahariens.
Ces derniers dont la majorité se compose d’Ivoiriens sont sortis de la cachette pour occuper des quartiers où ils deviennent presque majoritaires, tant à Tunis qu’à Sfax (capitale du Sud) où ils constituent une menace sur le marché de l’emploi.
C’est une déclaration du Président Kaïs Saïed qui a lancé la lutte engagée, durement, mercredi, à travers tout le pays.
En effet, la veille, le chef de l’État avait insisté, dans une déclaration, sur la nécessité de trouver une solution à ce phénomène conformément à la loi en vigueur en Tunisie.
Commentant la déclaration du chef de l’État, l’un de ses conseillers, Wahid Hajjem, a précisé qu’il ne s’agit pas de xénophobie. Kaïs Saïed, a-t-il expliqué, a seulement appelé les autorités compétentes à «mettre un terme aux vagues de migrants subsahariens clandestins qui viennent s’installer en Tunisie dans le cadre d’un projet de les y installer pour de bon». Il s’agit, a-t-il dit, «d’un projet engagé depuis une dizaine d’années en contrepartie de grosses sommes d’argent». «Les décisions qui seront prises dans le strict respect des droits de l’Homme ne toucheront pas les relations avec les pays d’origine de ces migrants», a-t-il précisé.
Au plan pratique, de nombreuses arrestations de citoyens subsahariens ont eu lieu dans certaines régions du pays. En outre, l’Inspection du travail a annoncé que ses services ont initié une campagne de contrôle de l’emploi des travailleurs étrangers concentrés, en particulier, dans les zones touristiques, industrielles et, même, agricoles.
À l’opposé, les associations des droits de l’Homme se sont illustrées par leur soutien à ces migrants. Ces associations n’ont pas caché leurs critiques, affirmant que la lutte contre la présence des migrants subsahariens en Tunisie est une opération engagée en «violation de la Constitution et des conventions africaines et internationales».
À souligner que le nombre de ces migrants est devenu très remarquable en Tunisie. Souvent, ils y entrent de façon illégale et ils sont devenus si nombreux qu’ils sont parvenus à créer des quartiers qui leur sont propres et à devenir, parfois, dangereux pour la sécurité. Leur nombre est encore inconnu. Mais on parle de chiffres allant de 20 à 60 000. Rien que dans la région de Kasserine, limitrophe avec la frontière algérienne, 69 Subsahariens ont été arrêtés au cours des dernières 72 heures pour entrée illicite en Tunisie.
Aujourd’hui, ces migrants sont un sujet de prédilection sur les réseaux qui regorgent de messages de mécontentement, surtout en soutien aux migrants. Toutefois, des écrits trahissent l’esprit raciste d’auteurs de certains commentaires. En général, la campagne est rejetée car elle est menée aussi sans distinction contre des étudiants ou des personnes malades venues se soigner en Tunisie.
C’est, écrit un ingénieur sur sa page Facebook, «le résultat de l’ignorance, de la gabegie, du populisme et de l’amateurisme».
Au niveau diplomatique, la première réaction vient de l’ambassade du Cameroun. La chancellerie appelle les citoyens originaires de ce pays à veiller au respect des lois tunisiennes et annonce qu’elle est disposée à venir en aide à tout candidat à un retour volontaire à Yaoundé.
M. K.
Le Soir, 25/02/2023
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