Pays Bas : Le Maroc accepte les demandeurs d’asile extradés

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Le Maroc reprend les demandeurs d’asile qui ont épuisé tous les recours juridiques au coup par coup après des années d’obstruction

RABAT – Les Pays-Bas mènent une offensive de charme pour faire revenir dans leur pays d’origine les demandeurs d’asile marocains qui ont épuisé toutes les voies de recours. Le pays d’Afrique du Nord coopère à nouveau petit à petit après des années d’obstruction, mais il est loin de réussir à renvoyer tous les migrants marocains. La plupart disparaissent encore sans laisser de traces.

Le secrétaire d’État Eric van der Burg (asile) a discuté de la migration et du retour avec le ministre marocain de l’intérieur Abdelouafi Laftit, mercredi à Rabat, la capitale marocaine. Le ministre n’est revenu avec aucun accord concret, mais il a promis que Laftit viendrait bientôt aux Pays-Bas. « Mais certaines choses ressortent. Nous voulons faire quelque chose pour les jeunes Marocains qui viennent en Europe non accompagnés, sans aucune chance d’obtenir l’asile », a déclaré le ministre sous le balancement des palmiers de la ville royale marocaine. « Les jeunes qui ont peu de chance sont plus susceptibles de se présenter dans les mauvaises files d’attente ».

La conversation a été rare. Les relations entre Rabat et La Haye ont longtemps été sous haute tension. Pendant des années, les autorités marocaines ont refusé de reprendre les ressortissants des Pays-Bas. Au moins, il y a maintenant un peu de progrès dans ce domaine à nouveau, selon les chiffres du secrétaire d’État. En effet, depuis juillet 2021, 125 demandeurs d’asile marocains qui avaient épuisé tous les recours légaux ont été renvoyés, dont 83 volontairement et 42 de manière forcée. Parmi eux, 26 ont été expulsés avec ce que l’on appelle un laissez-passer : un document d’entrée temporaire que le Maroc n’a pendant longtemps guère fourni aux Pays-Bas, faisant échouer l’expulsion.

Il s’agit toutefois d’une proportion relativement faible. L’année dernière, 1126 Marocains ont dû quitter les Pays-Bas. En outre, 720 Marocains ont ensuite demandé l’asile aux Pays-Bas. Il s’agit tout de même d’un progrès : avant 2021, pratiquement aucun Marocain ayant épuisé toutes les voies de recours ne rentrera chez lui.

Sans trace

Parmi les Marocains qui n’ont pas le droit de rester, la majorité disparaît encore sans laisser de traces. Plus de 70 % des migrants marocains refusés sont partis « avec une destination inconnue », selon les derniers chiffres. En pratique, ils se rendent régulièrement dans un autre pays européen pour tenter leur chance, ou finissent dans l’illégalité. « C’est extrêmement mauvais », reconnaît le secrétaire d’État. « À 0 %, cela ne va pas, mais cela aide que nous puissions les mettre en détention ». Entre-temps, les tribunaux ont en effet autorisé les demandeurs d’asile marocains ayant épuisé tous les recours légaux à être à nouveau placés en détention en attendant leur expulsion, ce qui suscite l’espoir du cabinet qu’ils ne disparaîtront plus en masse sans laisser de traces.

Le Maroc figure en effet sur la liste des « pays sûrs ». Les personnes originaires de ces pays ne peuvent généralement pas prétendre à l’asile aux Pays-Bas. Cependant, les « pays sûrs » sont à l’origine d’un nombre relativement élevé de nuisances et d’infractions pénales. En outre, ils occupent des places rares dans les centres d’accueil pour demandeurs d’asile, alors que d’autres demandeurs d’asile peuvent avoir droit à un permis de séjour aux Pays-Bas.

Minimisation

Pendant des années, le gouvernement marocain n’a pas coopéré au départ forcé ou volontaire. Les demandes étaient rejetées ou ne recevaient même pas de réponse. La relation s’est complètement refroidie lorsque l’ancienne secrétaire d’État Ankie Broekers-Knol (Asile) a voulu tirer la sonnette d’alarme et a rencontré l’ambassadeur du Maroc aux Pays-Bas dans les locaux de son ministère en décembre 2019. L’ambassadeur a scandalisé la secrétaire d’État souvent mise à l’écart en annulant peu avant le rendez-vous.

Dès l’après-midi, la ministre a annoncé que son engagement restait de se rendre au Maroc pour évoquer les problèmes des demandeurs d’asile marocains ayant épuisé toutes les voies de recours. Elle a ensuite dû signaler, lors de débats parlementaires successifs, qu’elle ne parvenait pas à mettre un pied dans la porte. « Je peux y aller en tant que touriste, mais alors je ne pourrai pas parler aux bonnes personnes », a-t-elle déclaré, lugubre. Pour ensuite répéter qu’elle n’y était pas la bienvenue.

Des partenaires fantasques

En ce sens, c’est déjà un gain que Van der Burg soit désormais à la table de Rabat, même si les Marocains restent des partenaires capricieux sur le plan diplomatique, soulignent les intéressés. Auparavant, le ministère de la justice et de la sécurité a souligné que même une publication critique dans un journal peut aller à contre-courant des autorités de la capitale marocaine et entraîner une opposition à la réadmission des ressortissants.

Entre-temps, les relations sont bonnes, affirme M. Van der Burg. La relation mutuelle, la confiance et les contacts réguliers aident beaucoup, selon les personnes concernées. L’année dernière, La Haye a lancé une offensive de charme à l’égard de Rabat, avec des visites dans les deux sens, dont la réception du roi du Maroc, au cours de laquelle le Premier ministre Mark Rutte a prononcé des paroles chaleureuses sur l' »intensification » de l' »agréable coopération ».

Pas gratuit

La meilleure relation n’est pas libre : Les Pays-Bas reconnaissent la revendication du Maroc sur le Sahara occidental et ne parlent plus aussi fort des droits de l’homme dans le pays et de la position des manifestants dans la région du Rif. Bien que, dans les coulisses, on nie fermement que les Pays-Bas s’expriment moins sur ces questions pour maintenir de bonnes relations. En outre, le cabinet veut apaiser davantage le Maroc en facilitant la migration légale. Par exemple, en délivrant plus facilement des visas aux Marocains. « Il n’y a pas de discussion à ce sujet actuellement, mais il n’y a pas de tabou », déclare M. Van der Burg.

Pour le cabinet, l’enjeu est de taille. Le Premier ministre Rutte a promis à ses partisans du VVD de faire baisser l’afflux de demandeurs d’asile. Il faut également travailler davantage sur ce que l’on appelle le « flux sortant », c’est-à-dire le retour des demandeurs d’asile qui ont épuisé toutes les voies de recours.

Pour l’instant, l’afflux reste aussi élevé que jamais et le rapatriement est encore souvent difficile dans la pratique. Le cabinet a annoncé un train de mesures pour remédier à cette situation, mais il a basculé sur les élections des conseils provinciaux. Entre-temps, les partis de la coalition VVD et CDA d’une part, et D66 et CU d’autre part, sont diamétralement opposés lorsqu’il s’agit de mesures relatives à l’asile. En raison de la discorde politique, les changements fondamentaux apportés au système d’asile ne se concrétisent pas depuis des années.

Source : Telegraaf, 21/02/2023

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