Quand le makhzen trahit sa panique

Rabat n’en est pas à un précédent près, puisqu’il est déjà l’auteur de ce fameux mur de l’apartheid, dénommé mur de la honte, séparant les territoires sahraouis occupés des zones libérées. Il avait été érigé, comme l’avait rapporté notre journal dans une précédente édition, avec le concours des soldats du génie sionistes. Décidément, le Maroc ne sait plus quoi inventer, ni quoi faire, pour tenter de se sortir de l’impasse politique, géostratégique, internationale, économique et sociale dans laquelle il s’est volontairement fourré. 
Le journal marocain Akhbar Al Youm, réputé proche du makhzen, révèle en effet, avec forces détails, que cette monarchie absolue projette de bâtir un mur de séparation au niveau de ses frontières avec notre pays. Le journal annonce ainsi que de hauts officiers des forces royales marocaines, se seraient récemment réunis au niveau de la salle de conférence de l’aéroport d’Oujda-Angad, non loin des frontières avec notre pays, en vue d’étudier cette question. Étaient présents à cette rencontre, de hauts responsables du ministère de l’Intérieur, de l’armée, de la Gendarmerie royale, ainsi que des personnalités civiles de la région de l’oriental. Il y a été clairement évoqué la possibilité de «placer des clôtures tout au long de la frontière, pour repousser les flux importants d’immigrants subsahariens, qui tentent d’entrer au Maroc, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum.» 
Le Maroc, toute honte bue, accuse ainsi l’Algérie de refouler vers le Maroc les migrants clandestins subsahariens, ce qui est faux bien entendu. C’est même le contraire qui est plus vrai. Les troupes de l’armée royale marocaine, quand elles ne réussissent pas à refouler ces pauvres malheureux vers notre territoire, elles les conduisent vers les confins du Sahara avant de les abandonner à une mort certaine. Et c’est le président sahraoui en personne, Mohamed Abdelaziz, dans un entretien accordé à notre journal, il y a de cela quelques années, qui a révélé que les forces du Polisario, secondées par celles de la Minurso, avaient sauvé de la mort plusieurs de ces migrants. La preuve que c’est l’armée marocaine qui les a abandonnés en plein désert, nous avait expliqué notre source, réside dans le fait qu’on avait trouvé sur les rescapés des boites de conserve à l’effigie de celle-ci. Suicidaire fuite en avant… C’est dire que cette idée de construire une barrière, qui n’est pas sans rappeler les lignes Challe et Morice de l’ancienne armée coloniale française, et qui ne sera sans doute jamais concrétisée sur le terrain, trahit surtout la panique qui n’en finit pas de gagner le makhzen à mesure qu’il se sent acculé et à bout d’arguments dans sa politique colonialiste ainsi que dans ses fausses réformes internes, au moment où les «sujets» exigent de plus en plus fort la liberté, la démocratie et l’instauration d’une authentique monarchie constitutionnelle, comme il en existe plusieurs dans le Vieux continent. Rabat, qui trouve beaucoup de mal à se tirer du mauvais pas dans lequel elle s’est mise en «autorisant» l’atteinte portée à notre emblème national au niveau de notre consulat de Casablanca, pense peut-être s’en sortir en multipliant les provocations et en recourant aux diversions les plus folles qui soient. Car, ne dit-on pas que plus une couleuvre est grosse, et plus elle a de chance d’être gobée. Le Maroc, en agissant de la sorte, trahit également son exaspération face aux nombreuses mais vaines suppliques adressées à l’Algérie afin qu’elle daigne ouvrir ses frontières terrestres. Cette fermeture occasionne au Maroc un manque à gagner de l’ordre de plusieurs milliards de dollars, alors qu’il vit une crise économique et sociale particulièrement contraignante. Alger a toujours donné une réponse ferme et inchangée : cette ouverture doit se faire dans un cadre global et concerté. Elle doit donc prendre en ligne de compte la lutte contre le trafic de drogue (dont le Maroc est le royaume incontesté selon de nombreux rapports onusiens), la lutte contre la contrebande, qui saigne à blanc le Trésor public algérien en accaparant chaque année des centaines de tonnes de produits subventionnés comme le carburant, le sucre, l’huile, le blé, le café…, la relance du processus d’édification de l’UMA, le droit du peuple sahraoui de décider souverainement de son sort via la tenue d’un référendum d’autodétermination et, bien sûr, la lutte contre le terrorisme. Rabat, qui avait déjà accordé la protection, l’argent et les armes aux criminels du GIA quand le défunt roi Hassan II voulait faire de l’Algérie un «laboratoire à ciel ouvert», ne semble pas avoir changé de stratégie puisqu’elle serait derrière la création du MUJAO (mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). C’est ce qu’a révélé à partir d’Alger le Premier ministre sahraoui dans une conférence de presse. Ce groupe, qui permet aux services secrets marocains de gérer «incognito» leur trafic de drogue dans le Sahel, se trouve également derrière les attaques qui ont visé le Polisario, à travers l’enlèvement de travailleurs humanitaires européens dans le camp de réfugiés de Rabouni, ainsi que l’Algérie à travers les attentats à la bombe qui avaient visé les brigades de gendarmerie de Tamanrasset et Ouargla, ainsi que l’enlèvement de nos diplomates au niveau de notre consulat de Gao, dans la nord du Mali.
Kamel Zaïdi
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