Tags : Maroc, Afrique, Mali, Niger, Tombouctou, Gao, Sénégal, Cameroun,
La chute de Grenade et la reconquête catholique en Espagne et l’arrivée des Ottomans jusqu’en Algérie exposait le Maroc à une pression d’intimidation coloniale inédite sur ses côtes méditerranéennes et atlantiques et sur sa frontière à l’Est.
Et ce repli de l’Andalousie qui commençait à la fin de la dynastie Almohade et surtout Mérinide s’est confirmé définitivement avec les Saâdiens qui ont mis le cap sur l’Afrique subsaharienne où s’est installé une partie des musulmans expulsés d’Andalousie.
Ainsi le Maroc renouait avec sa profondeur africaine et intensifiait ses échanges avec l’empire conquis du Songhaï qui couvrait le Mali, le Cameroun et le Niger actuels. D’où le métissage andalou et arabo-berbère dans des villes africaines telles que Tombouctou ou Gao fondées par les marocains.
Cet avantage comparatif et concurrentiel où le Maroc contrôlait le commerce Euro Africain devait continuer à lui profiter un peu juste après la découverte du nouveau monde, et le changement radical de rapport de force entre l’Orient désormais conquis et l’Occident nouveau conquérant.
Avec les explorations maritimes et géographiques voient le jour les nouveaux empires coloniaux espagnols, portugais, britanniques et plus tard français et hollandais, l’expansion du mercantilisme, et surtout l’émergence du nouvel axe du commerce triangulaire des marchandises européennes, des ressources américaines et des esclaves africains.
Amérique, l’extension de la colonisation de l’Afrique, la dislocation des liens historiques et des solidarités ancestrales du continent africain arbitrairement morcelé au gré des intérêts des lobbies et des arrangements des puissances d’occupation.
Le Rayonnement Culturel et Spirituel du Maroc en Afrique
Mais l’intérêt économique bien qu’important ne pouvait pas éluder la puissante communauté de destin maroco-africain renforcée par un métissage humain, familial et culturel qui puisait sa constance dans l’autorité naturelle et spirituelle de l’Islam marocain sunnite d’obédience soufie ouvert et tolérant qui sert de modèle d’adhésion et de ralliement africain, et qui a donné naissance à des confréries en Maghreb, au Sénégal, au Niger, au Mali, au Cameroun, et même en Egypte d’inspiration marocaine.
L’université des Karaouiyine première du monde fondé à Fès en 877 par une femme était un centre de rayonnement international polyvalent qui attirait les étudiants et les élites du monde entier et surtout de l’Afrique.
Cette université était un phare de l’Islam marocain qui séduisait les africains dont la plupart des confréries soufis considéraient Fès comme une ville sainte où les adeptes se rendent en en pèlerinage car le souverain marocain avait aussi un pouvoir spirituel influent sur l’Islam en Afrique.
D’où l’importance de l’audience accordée par SM le Roi Mohammed VI lors de sa dernière visite au Sénégal, en Côte d’Ivoire et du Gabon aux imams musulmans, aux confréries soufies et aux autres prêtres des églises chrétiennes.
Ne se limite pas à une frontière géographique mais la dépasse à une vision stratégique, à une relation politique, à un ralliement spirituel et à un engagement éthique qui trouve son dosage subtil dans l’institution de la commanderie des croyants.
Celle-ci cimente un pacte sacré entre le souverain et la population abstraction faites des contingences géopolitiques du moment qui déstructure les relations en période de colonisation.
D’ailleurs au plus fort du protectorat au Maroc, la France et l’Espagne ne pouvaient pas ignorer la puissance réelle et symbolique de l’allégeance des souverains marocains et des conséquences que cela signifiait sur la reconnaissance de l’autorité et de la légitimité sur l’ensemble des territoires occupés.
Et quand le Sultan Mohammed V avait refusé de donner son aval aux politiques de la résidence il fut exilé à Madagascar où il fut accueilli eu égard à sa descendance chérifienne avec beaucoup de révérence par la communauté musulmane dans ce pays lointain
Les tribus nomadisant au Grand Sahara avaient coutume depuis des siècles d’exprimer leur allégeance au pouvoir marocain central à Marrakech ou à Fès selon les époques, et recevaient des titres, des fonctions et des distinctions sous forme de « Dahir » ou « Décret » royaux du souverain marocain qu’ils conservaient précieusement et se transmettaient de génération en génération.
Cette tendance préférentielle pour l’Afrique s’est confirmée avec les souverains Alaouites notamment le Sultan Moulay Ismaël qui a constitué une garde africaine et depuis les liens maroco-africains se sont intensifiés et diversifiés.
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