Les ingrédients du bonheur

Tags : Algérie, malheur, péssimisme,

par El-Houari Dilmi

Le nouvel an s’annonce sous des auspices heureux. D’abord la pluie qui revient pour augurer d’une bonne saison agricole et cette bonne nouvelle de l’augmentation des salaires, des pensions et allocations de retraite et de l’allocation chômage. Sans verser dans un optimisme béat, l’Algérie se redresse après une longue période de navigation à vue. Aujourd’hui, le pays est piloté aux instruments comme disent les aviateurs, ce qui ne laisse pas de place aux errements et autres gabegies vécues sous l’ancien régime. Mais cela n’a pas rendu le sourire aux Algériens, comme rongés par un mal mystérieux.

Pas besoin de le dire, il y a quelque chose d’inconsolable dans le regard de l’Algérien. Presque tout le monde se plaint de la routine : «certes, je gagne bien ma vie, je suis en bonne santé, j’ai une voiture et un toit décent, mais je mène une vie en noir et blanc, mon quotidien manque de couleurs», confie un haut cadre de l’Etat. Se risquer à sonder l’âme de nos compatriotes reviendrait à lire dans une boule de cristal. Mais qu’est-ce qui pourrait bien manquer à l’Algérien pour retrouver la joie de vivre et croire en des lendemains plus «chantants» ? La nature optimiste du citoyen «DZ» a été écrasée sous le poids insupportable de nos incuries à la pelle et nos nombreux ratages et pas seulement de la part de ceux chargés de gérer nos déveines tenaces.

Autre phénomène digne d’une analyse psychanalytique qui reste à inventer, la pluie, quand elle est là, est vécue sous nos latitudes particulières pas comme un don du ciel mais comme un «mauvais temps» qui s’abat sur le pays. Quand la pluie nous pose un ou plusieurs lapins, les prix des viandes dégringolent jusqu’à atteindre le prix d’un paquet de «Rym». Et lorsque le ciel est plus «mouillant», la mercuriale s’emballe jusqu’à… encorner les nuages… Logique inverse à la nature même de la vie que tout cela. Et comme la pluie est un don du ciel, et la poudreuse un écran total couvrant toutes nos vacheries, c’est que le pays a encore beaucoup de soucis devant lui… Mais au fait, y a-t-il des raccourcis vers le bonheur ?

Le Quotidien d’Oran, 25/11/2022

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