Assiste-t-on à un dialogue de sourds entre Washington et Kiev ?

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Dernièrement l’administration Biden a donné l’un à la suite de l’autre deux conseils à Kiev, laissant passer entre les deux moins d’une semaine, ce qui déjà en soi montre, non pas certes que leur patience est à bout, mais qu’à tout le moins elle n’est pas inépuisable. Eu égard à leur nature, ces conseils ressemblent en réalité plutôt à des ordres, mais comme ils ne sont accompagnés d’aucun délai temporel, au bout duquel ils doivent avoir connu un début d’exécution, on peut les prendre en première approximation pour ce qu’ils se donnent.

Le premier est que les autorités ukrainiennes seraient bien inspirées de cesser de dire que dans l’état actuel de la guerre, elles ne veulent d’aucune négociation avec la Russie. Ce n’est pas dans votre intérêt, leur ont fait comprendre les Américains, ni dans celui de vos alliés, ni dans celui du monde, qui se voit assailli de problèmes du fait de la guerre, de continuer d’afficher du mépris envers toute idée de négociation, alors même que les Russes se montrent eux disposés à s’y engager sans plus attendre.

Vos amis se gardent bien de vous le dire, d’autant qu’ils savent que vous ne vous battez pas que pour vous-mêmes, mais pour tout le monde libre, ont-ils ajouté sinon en ces termes exacts, du moins en substance, mais leurs économies, et partant leurs stabilités politiques, commencent à se ressentir, et plutôt gravement, de ce conflit prolongé avec la Russie.

Le deuxième conseil donné par les Américains aux Ukrainiens, est qu’il ne suffit pas de se dire favorable à la négociation, il faut aussi formuler des demandes qui soient réalistes, c’est-à-dire acceptables par l’ennemi. Il n’est pas réaliste par exemple de conditionner la négociation au départ du président russe. Il n’est pas non plus réaliste de la faire dépendre du retrait des Russes de tous les territoires qu’ils occupent en Ukraine. Certains de ces territoires ne seront jamais rendus par les Russes, il faut s’en faire une raison.

Ainsi en est-il au premier chef de la Crimée, devenue ou redevenue russe non pas d’hier mais de plusieurs années. Mais dans le même temps que les Américains donnent ces conseils, ils précisent bien que c’est aux Ukrainiens qu’il appartient et de les mettre en pratique et de choisir le moment pour ce faire. Premier sous-entendu : ce n’est pas à nous de négocier à votre place.

Deuxième sous-entendu : il se pourrait toutefois que nous soyons obligés de le faire, si vous tardez trop à vous engagez dans cette voie. Or quelle est la réponse des Ukrainiens à ces conseils d’amis ? Elle est la suivante : oui nous sommes pour la négociation, mais à condition que les Russes se soient retirés de nos terres et que Poutine ait été chassé du Kremlin.

A l’évidence, c’est un dialogue de sourds qui s’est installé entre Washington et Kiev. Il est plus insoluble qu’il n’y paraît, parce que quand les Américains parlent de négociation, c’est en fait cessez-le-feu qu’ils veulent dire. On arrête les hostilités, puis on négocie. On ne fait pas l’inverse. Or que font les Ukrainiens ? Ils continuent de bombarder la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, au risque de provoquer l’irréparable, une fuite radioactive majeure, tout à fait à même de se propager au loin. Ce qui est tout sauf une preuve de leur bonne volonté de négocier dans les meilleurs délais.

Le Jour d’Algérie, 21/11/2022

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