Tags : Sahel, Mali, Mauritanie, Sahara Occidental, Al Qaïda, Omar Sahraoui,
Dans la suite du procès intenté par les autorités mauritaniennes au dénommé Omar Ould Sidi Ahmed Ould Hama surnommé Omar Sahraoui, auteur de l’enlèvement fin novembre 2009, de trois travailleurs humanitaires espagnols sur l’axe routier reliant Nouakchott et Nouadhibou au nord de la Mauritanie, les instances judiciaires de ce pays ont condamné ce criminel sahraoui recruté par l’ex-GSPC -qui se fait appeler désormais « Al Qaida au Maghreb Islamique » (AQMI) – à la réclusion criminelle à perpétuité avant de réduire cette peine en appel à 12 ans d’emprisonnement, le 21 juillet 2010.
Toutefois, et contre toute attente, Nouakchott décide de l’extrader vers le Mali le lundi 16 août 2010, alors qu’aucune donnée préalable n’a indiqué l’existence une demande officielle formulée dans ce sens par les autorités de Bamako à leurs homologues mauritaniennes.
Toujours est-il que, jusqu’au lundi 16 août, une source judiciaire malienne a déclaré que le mis en cause n’a pas été livré à Bamako, même si des sources judiciaires mauritaniennes ont confirmé que le terroriste sahraoui a bel et bien été acheminé vers la capitale malienne par voie aérienne, dans un avion affrété par l’Espagne.
En réalité, si la démarche de son extraction de son lieu de détention à Nouakchott et son acheminement vers le Mali a été initiée par Nouakchott, il n’en reste pas moins qu’une telle décision a pour but ultime de le livrer aux terroristes d’AQMI- par autorités maliennes ou autres interposées- dans le cadre d’un deal qui devrait déboucher très prochainement sur la libération des otages espagnols détenus par le groupe de Mokhtar Belmokhtar, émir d’AQMI au Sahel.
Les autorités mauritaniennes tentent de justifier l’extradition d’Omar Sahraoui vers le Mali sous le prétexte de sa nationalité malienne, en se basant sur l’existence de protocoles d’entraide judiciaire entre les deux pays, tout en feignant d’ignorer qu’il a grandi et vécu dans les camps du polisario en Algérie en étant un membre à part entière de ce mouvement.
Pour sa part, l’Espagne, qui est engagée dans le processus de négociation le plus long au Sahel visant la libération de ses deux ressortissants encore captifs au nord du Mali, a durci le ton en usant du chantage et en menaçant la suspension de ses aides ainsi que celles accordées par l’UE si Nouakchott, pourtant allergique à toute idée de négociation avec AQMI, ne consentait pas à libérer le terroriste sahraoui.
Nouakchott n’a-t-elle pas rappelé son ambassadeur accrédité à Bamako en geste de mécontentement après la libération par Bamako de quatre terroristes d’AQMI en contrepartie de la mise en liberté de quatre touristes occidentaux ayant été détenus pendant plusieurs mois dans le nord malien ? Manoeuvre âprement stigmatisée par les autorités mauritaniennes qui l’avaient qualifiée d’insulte à la sécurité régionale et à la lutte contre le terrorisme.
Si la présente transaction venait à être concrétisée, Madrid – avec la bénédiction de Nouakchott – contribuera non seulement à la libération du ravisseur de ses deux citoyens, mais surtout au renflouement des caisses du terrorisme dans la région du Sahel en permettant aux terroristes algériens d’empocher au passage un pactole s’élevant à 10 millions d’Euros.
Au cœur de ce jeu perfide, dont les contours se profilent clairement à l’horizon, l’Algérie, qui se targue à se labelliser comme le chantre de la lutte antiterroriste dans la région, vient de subir un camouflet non négligeable en ne se faisant pas inviter à la réunion sécuritaire régionale tenue à Bamako les 06 et 07 août 2010 en présence du Mali, du Niger, du Tchad, du Burkina Faso, du Sénégal et du Nigeria- dixit la Mauritanie. Il faut dire qu’Alger a multiplié récemment des déclarations contradictoires à propos du réel potentiel de nuisance d’AQMI et démontré une énième fois son insouciance totale vis-à-vis du devenir du Sahel où elle met l’accent sur l’enracinement de plus en plus considérable de ce groupe terroriste, nonobstant la réalité évidente que le cœur du mal n’a toujours pas déserté le territoire algérien et semble même se gangrener dans les camps du front polisario à Tindouf.
C’est à cet égard qu’Alger a milité dès le départ pour laver les éléments sahraouis de toute implication dans l’enlèvement des humanitaires espagnols. Une implication pourtant évidente au regard du nombre de militaires sahraouis incriminés par la justice mauritanienne.
Dès l’ébruitement de cette affaire, et craignant son exploitation par un Maroc friand de ce genre d’affaires pour des raisons qui lui sont propres, Alger a mis sous pression le régime mauritanien en lui envoyant des signaux pour le sommer de libérer les détenus militaires sahraouis mis sous écrou. Dans cet objectif, le polisario a dernièrement dépêché, auprès du Président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, une délégation composée de Mohamed Salem Ould Salek et Bachir Sghair, respectivement MAE du polisario et Conseiller à la présidence.
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