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I/ Les Faits : un boycott de la présidentielle
Le principal parti islamiste, MSP, qui faisait partie de l’alliance présidentielle jusqu’au début 2012, a annoncé le 25 janvier 2014 qu’il boycottait l’élection présidentielle, prévue le 17 avril 2014.
Ledit boycott a pour but de faire pression sur les autorités algériennes notamment suite à l’annonce d’Abdelaziz Bouteflika de briguer un quatrième mandat.
II/ Les raisons du boycott du MSP : le monopole du pouvoir, des conditions anti-démocratiques
Son leader, Abderrezak Mokri, a déploré l’absence de véritables opportunités pour une réforme politique.
Le MSP a invoqué le monopole du pouvoir actuel sur le scrutin présidentiel : « Il n’y a pas d’espace sain pour que le scrutin se déroule dans de bonnes conditions ».
Le MSP a également « critiqué la persistance du pouvoir en place à adopter la politique de l’ambiguïté ».
Le président du MSP a ainsi dénoncé “l’appropriation par le pouvoir en place des élections présidentielles et le rejet des revendications de la classe politique, qui a appelé à l’instauration des conditions de transparence et d’honnêteté conformément aux normes internationales”.
En effet, le parti avait essuyé un refus des autorités quant à la demande de la mise en place d’une commission indépendante d’organisation des élections.
Ledit parti a évoqué “la violation délibérée de la volonté du peuple à choisir librement celui qui le représentera et le gouvernera”.
Les décideurs dudit parti ont également dénoncé les réformes entreprises par le gouvernement comme étant insuffisantes.
Une vulnérabilité économique qui se pérennise : Le MSP a également noté, « la poursuite de la vulnérabilité de l’économie nationale face aux perturbations qui marquent les marchés internationaux », ce qui, « est à l’origine de la dégradation du pouvoir d’achat du citoyen, en dépit de l’augmentation des salaires ».
Soulignons qu’un positionnement en dehors du pouvoir, permettrait au MSP de devenir un moteur de l’opposition.
III/Des élections teintées d’incertitude et qui s’annoncent controversées : une absence de crédibilité et de légitimité en perspective
Il n’existe pas de consensus politique autour de la candidature de Bouteflika malgré les aspects liés à son état de santé et aux éventuels effets du Printemps arabe sur le système politique algérien.
En outre, le boycott du MSP, après celui du RCD est un deuxième coup dur.
Le FFS s’est également montrés très réticents face à une élection qu’il a qualifié de «fermée» et le RND a émis un appui nuancé.
Vers un boycott actif de la présidentielle : les militants du MSP et RCD se sont dit prêts à mener campagne contre le scrutin du 17 avril.
Aussi, au vu de l’ensemble des éléments précités (cf. II), la légitimité du scrutin, tant sur le plan national, qu’international, pourrait être mise à mal.
Les potentiels candidats :
Au total 56 postulants ont été comptabilisés, de tous horizons socioprofessionnels, parmi lesquels : une sage femme, des marchands de fruits et légume, un chauffeur de taxi…
Critères de sélections des candidatures : La loi électorale exige cependant des candidats indépendants, de récolter au moins 75.000 signatures d’électeurs à travers au moins 25 wilayas où 1.500 signatures sont exigées, au minimum, dans chacune des wilayas. De plus, les candidats ne sont considérés comme « officiels » qu’après la validation et la publication par le Conseil constitutionnel de la liste des candidats retenus.
Ainsi, devant les difficultés rencontrées pour la collecte des signatures, beaucoup de candidats abandonnent (ils étaient initialement 72 postulant car 72 retraits de dossiers de signatures de souscription à la candidature).
Conclusion :
Le MSP, avait d’ores et déjà déclaré en décembre 2013 que l’Algérie courait « à la catastrophe si Bouteflika décrochait un quatrième mandat », mandat qui s’apparente davantage à une intronisation et une volonté coriace de prolonger la mainmise sur le pays.
Mais dans quelles conditions Bouteflika mènera-t-il son mandat? A t il les capacités physiques de diriger l’Algérie cinq années de plus ?
Risque que cette élection présidentielle précipite le pays dans une crise morale, politique et sociale.
Un avenir des plus incertain pour l’Algérie compte tenu de l’état dans lequel se trouve le pays : chômage et désespérance des jeunes, économie exsangue et dépendante des hydrocarbures, pauvreté croissante, corruption généralisée, sentiment de perte des valeurs, menaces aux frontières…
En outre, les différents profils ayant initialement postulés, majoritairement non qualifiés pour la plus haute fonction de l’Etat, font que cette échéance s’apparente davantage à une mascarade qu’à des élections présidentielles sérieuses et crédibles.
Or cette échéance, avec l’élection d’un nouveau président, pourrait être un tournant historique qui permette à l’Algérie de tourner la page de 15 ans d’immobilisme, de s’’engager sur la voie de l’effort et du redressement, en comptant sur la jeunesse (passer le relai à celle-ci). Elle pourrait constituer l’occasion de procéder à des changements fondamentaux dans le mode de gouvernance, dans les équilibres des pouvoirs institutionnels, et de consacrer la solidarité, les libertés, la démocratie et les droits de l’homme.
Pour ce qui est de la position algérienne vis-à-vis du Sahara et au vu des profils des candidats, elle devrait généralement s’inscrire dans la continuité de celle adoptée par Bouteflika ; le différend préfabriqué autour de ladite question étant inhérent à la politique étrangère algérienne.