Pourquoi la mairie d’Anvers finance-t-elle la tombe d’un collaborateur nazi ?

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Ellen De Soete (présidente de la coalition du 8 mai), Tom Lanoye (écrivain), Stéphanie Koplowicz (petite-fille de déporté et membre de l’Union des Juifs progressistes de Belgique), Alexis Deswaef (avocat et vice-président de la Fédération internationale pour droits de l’homme), Pol De Grave (conseil du conseil d’administration de la Fondation Auschwitz), Lieve Franssen (Hart Boven Hard), Julien Dohet (syndicaliste).

Alors que dans de nombreuses villes belges, des pierres d’achoppement modestes et respectueuses sont maçonnées sur le trottoir devant les anciennes habitations de personnes arrêtées, torturées, déportées ou assassinées par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, des citoyens d’extrême droite rendent hommage aux collaborateurs nazis flamands August Borms avec beaucoup de nostalgie et Staff De Clercq.

Les pierres d’achoppement sont des mémoriaux aux victimes du fascisme et de la terreur nazie ; peu ont survécu à l’horreur des camps de concentration. D’autre part, ils veulent glorifier les pages noires de jais du passé de la Flandre avec des tombes polies de ces collaborateurs.

L’année dernière, une publication du Parlement flamand présentait une rétrospective de l’émancipation flamande. Les deux mêmes collaborateurs ont été inclus dans l’aperçu historique. Après une vague de protestations, le Parlement flamand a adopté une résolution le 20 mars 2022 condamnant purement et simplement la collaboration et nous appelant à faire en sorte que les « erreurs » du passé ne se reproduisent pas.

Il est donc pour le moins choquant que les travaux de réparation de la tombe de Borms soient financés par des fonds publics.

C’est d’autant plus remarquable que la coalition est quasiment la même au niveau flamand et au conseil municipal d’Anvers. De plus, la mairie d’Anvers refuse d’adapter le site internet du Bormshuis, où la collaboration n’est pas du tout mentionnée. Le fait que Borms ait été jugé deux fois pour collaboration est ignoré, bien que de nombreux historiens l’aient dénoncé.

Tout cela est un symptôme de la normalisation de l’idéologie d’extrême droite. Plutôt que de banaliser les actions problématiques de personnes comme Borms, la ville aurait pu donner l’exemple comme elle l’a fait en 2019 concernant le maire de guerre Leo Delwaide. Lorsqu’il a été révélé que Delwaide avait joué un rôle actif dans la persécution des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, le quai qui porte son nom a été rebaptisé Liberation Dock.

En tant que coalition du 8 mai, qui veut faire du 8 mai un jour férié légal pour commémorer la victoire sur la terreur et le fascisme nazis, nous restons très vigilants face à la recrudescence de nouvelles formes de fascisme.

Dans le respect des droits humains fondamentaux et des libertés constitutionnelles, nous ne voulons en aucun cas restreindre la liberté d’expression et la liberté de réunion et d’association. En revanche, nous protestons vigoureusement contre l’hommage rendu aux collaborateurs nazis, surtout s’il est directement ou indirectement soutenu et/ou financé par des fonds publics.

Nous continuerons à défendre une société tolérante contre les attaques des mouvements d’extrême droite.

De Morgen, 03 nov 2020

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