Les deux derniers déplacements du chef de la diplomatie à Baghdad puis en Syrie viennent marquer la fin d’un long périple algérien à travers le monde arabe, un processus intimement lié à la préparation du Sommet arabe d’Alger.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – L’heure est de ce fait presque au bilan de tout ce qui a été entrepris depuis l’annonce de la date à laquelle doit se tenir cette rencontre des leaders et représentants des pays membres de la Ligue arabe. Il y a plusieurs raisons qui font que ce sommet soit particulier, différent de ceux qui se sont tenus ces dernières années. Il y a, bien évidemment, le lieu d’abord, Alger, qui s’est fixé le challenge de parvenir à resserrer les rangs de ce monde arabe et faire en sorte qu’il puisse s’exprimer d’une voix unifiée sur les principales questions qui seront abordées en novembre prochain. Ce qui fait aussi la particularité de ce sommet c’est, en second lieu, le contexte dans lequel il intervient et ce dernier est notamment marqué par une avancée importante d’Israël dans son processus de normalisation avec les États arabes sans concession israélienne en Palestine.
Cet état de fait freine, bien évidemment, toute chance d’évolution de la question palestinienne et envenime, bien entendu, la situation déjà extrêmement fragile dans les territoires palestiniens. Alger, qui a fait de cette question le sujet central du sommet qu’elle abritera, s’efforce de ce fait depuis des mois de recentrer les intérêts arabes autour de cette question cruciale.
Tous les échanges qui ont eu lieu entre les principaux leaders ou leurs représentants dans les pays arabes visités et Ramtane Lamamra, délégué par le chef de l’État, ont pourtant abouti à des résultats réellement satisfaisants.
L’idée de la réunification a été accueillie favorablement et le processus mis en place par l’Algérie s’est ensuite retrouvé renforcé par la poignée de main entre Mahmoud Abbas et Ismail Haniyeh, chef du Hamas. Cet épisode constitue en quelque sorte un signal ou l’élément fort permettant de comprendre que l’Algérie s’achemine vers le succès de l’échéance qui l’attend. Les éléments qui découlent de la visite de Ramtane Lamamra à Damas confortent aussi cette idée aujourd’hui.
Le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe fait partie des objectifs de l’Algérie et son rôle pour faire accepter cette idée semble davantage évident aujourd’hui. Le MAE algérien, qui s’était, jusque-là, abstenu de répondre à toutes les questions, les commentaires, autour de cette épineuse question, est apparu plus à l’aise sur le sujet lorsqu’il s’est exprimé en Syrie.
«De nombreux responsables arabes se rendent à Damas et rencontrent des responsables syriens dans de nombreux endroits, nous sommes donc optimistes», a déclaré Ramtane Lamamra en pleine conférence de presse lorsque la question du retour de ce pays au sein de la Ligue arabe lui a été posée. «Ce qui est important à présent, c’est la coordination politique et tirer les bonnes conclusions pour servir l’objectif arabe», a-til ajouté sur le même sujet.
Tout ceci laisse clairement entrevoir que l’étude de la question se trouve à une phase beaucoup plus développée qu’elle ne l’était il y a deux mois encore. À ce moment, même le secrétaire général de la Ligue arabe hésitait à répondre aux questions des journalistes et affirmait même que le sujet ne pouvait être débattu avant que les membres de l’ordre de l’organisation donnent leur accord.
La Syrie, qui s’est notamment exprimée par la voix de son MAE, a, elle aussi, donné le ton, sur un ton très fier, affirmant qu’elle constitue «un élément essentiel dans l’arène arabe, un membre fondateur de la Ligue arabe et que c’est le monde arabe qui a besoin de la Syrie et non l’inverse». Il y a un mois, Bachar Al Assad avait aussi lancé une phrase lourde de sens en intervenant sur RT Arabic. Selon lui, le «réel intérêt du Sommet arabe» qui se profile vient du fait qu’il soit organisé à Alger «qui ne ménage aucun effort pour (…) garantir une préparation optimale du Sommet arabe».
Face au chef de la diplomatie algérienne, il a eu cette autre phrase lourde de sens : «la Ligue arabe est le miroir de la situation arabe, et ce qui compte pour la Syrie, c’est la formule, le contenu et le produit de l’action arabe commune.» Un autre signal positif, à trois mois de la tenue du Sommet arabe.
Sommet arabe: Alger ne laisse rien au hasard
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