Le voile est enfin levé. Dans la dernière colonie africaine, injustement privée de son droit inaliénable à l’autodétermination, le retour à la légalité remet à l’endroit un processus de décolonisation inachevée qui porte la responsabilité historique de l’Onu impuissante, comme le montre aisément la démission de l’ancien secrétaire d’état James Baker, à contenir le diktat de l’occupant soutenu, contre vents et marées, par des puissances européennes intéressées par les dividendes d’un marché juteux.
De reniements en manœuvres dilatoires, invoquant le « référendum confirmatif » de feu Hassan II, abandonnée de guerre lasse, et une autonomie fictive, la démarche de règlement pacifique s’est fourvoyée dans une impasse tragique et dangereuse pour la paix et la stabilité de la région. Le constat d’échec a prévalu dans le rapport du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, qui a mis en avant les entraves de la Minurso empêchée d’exercer ses missions et les violations systématiques des droits de l’homme commis par l’occupant. La vocation et la crédibilité de la Minurso sont ainsi crûment posées par le non-respect de la confidentialité des communications, la présence militaire marocaine dans le siège, le déploiement des drapeaux marocains autour du quartier général et l’obligation de l’immatriculation marocaine des véhicules onusiens.
A cet effet, le secrétaire général a appelé le conseil de sécurité à assister la Minurso dans la mission de maintien de la paix tel que « initialement prévu » pour la mise en œuvre du processus d’autodétermination. Pour la première fois, la mise à nu du Maroc et de son principal allié français, tentant à deux reprises un forcing pour « échanger ou atténuer la portée de certains paragraphes », est l’expression du ras-le-bol de la communauté internationale décidée de favoriser une issue légale au conflit maroco-sahraoui. Mais, aux antipodes du consensus international, ces pratiques attestent de la persistance de la mauvaise foi et du refus de la légalité.
Dans ce « tournant décisif », le fait colonial apparaît dans toute sa dimension : celle d’un peuple opprimé forcé à l’exil ou à l’enfer d’une occupation inhumaine où « tout se fait dans l’obscurité, loin des médias, des organisations humanitaires et des sociétés civiles », comme le rappelle à juste titre l’ambassadeur sahraoui à Alger, Brahim Ghali. Mais, en attendant que l’émissaire onusien, Christopher Ross, prenne connaissance de la réalité du terrain, lors de son déplacement attendu dans les territoires occupés, le temps de l’autodétermination a sonné.
Larbi Chaabouni
Horizons, 19/04/2012
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