Des conseillers militaires et des experts israéliens ont été envoyés récemment au Maroc. Mission principale : réorganiser l’armée royaliste dans le Sahara occidental, révision de son système de défense, son réarmement et éventuellement adopter de nouvelles tactiques d’attaques contre les unités du Polisario.
Bien que la coopération militaire entre le makhzen et l’entité sioniste n’est pas nouvelle, plutôt bien ancrée depuis des décennies, l’envoi de ces conseillers constitue déjà comme un nouveau palier dans cette coopération et pourrait susciter des inquiétudes.
Pour de nombreux spécialistes, l’arrivée de ces officiers israéliens contribue à la militarisation, non seulement du territoire occupé du Sahara occidental, mais de toute la région du Sahel et de l’Afrique du nord. Ils prédisent ainsi de nouvelles tensions aux conséquences incalculables sur la stabilité et la sécurité de toute la zone du continent africain.
Il faut dire que Tel-Aviv a déjà envoyé, il y a deux mois, un groupe d’officiers spécialisés au Maroc. Ils se sont établis dans une base militaire dans le sud du pays, située à une trentaine de kilomètres des frontières algériennes. L’objectif étant clair: l’écoute, l’observation et le contrôle des mouvements aussi bien des unités de l’armée populaire de libération sahraouie que ceux de l’ANP.
Cependant, le dernier envoi de conseillers d’il y a quelques jours est très révélateur sur les perspectives de développement de cette étroite coopération entre le Maroc et l’entité sioniste.
L’information a été révélée par le quotidien israélien Haaretz, répercutée par d’autres sites spécialisés dans les questions de défense et de géostratégie, comme le site électronique israélien Diplomatico. L’article bien documenté et citant des sources fiables évoquent l’arrivée non seulement de conseillers et d’experts, mais aussi des équipements militaires israéliens au Maroc. L’envoi serait une réponse à une demande de Rabat qui cherche une aide conséquente pour faire face à son enlisement militaire au Sahara occidental, notamment au niveau de toute la bande du mur des sables, long de 2500 km.
Depuis presque trois mois, les cantonnements des FAR dans les territoires occupés subissent des attaques quotidiens et des bombardements intenses. Des structures de défense de leurs bases ont été détruites et le moral des troupes royales est au plus bas. Rabat a joué au début sur la guerre psychologique, imposant le black-out médiatique sur tout les évènements qui se déroulaient au Sahara occidental. Pourtant, des sources internes évoquent de lourdes pertes dans les rangs des FAR et d’importants dégâts. Avec la multiplication des opérations des unités sahraouies, leurs extrêmes mobilités, même dans le territoire marocain, la psychose a gagné l’état-major marocain.
Selon Haaretz, ces conseillers israéliens apprennent des tactiques et des plans militaires à leurs homologues marocains pour contrer “le Front Polisario qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental” et que le plan US/Israël a tout fait pour provoquer, en lui enlevant son autonomie, et sa zone tampon à Guerguerat.
Selon Haaretz, le rapprochement entre le Maroc et Israël ouvre la voie, si ce n’est déjà fait, à une “aide israélienne au profit de l’armée marocaine dans de nombreux domaines”, dont certains particulièrement dangereux à savoir la coopération de l’agence d’espionnage israélienne, le Mossad, avec Rabat.
Selon cet article, publié sous forme de rapport, le Mossad a assassiné des opposants à l’ancien roi marocain Hassan II en échange de recevoir des services stratégiques, notamment l’installation des Juifs en Palestine occupée.
Le rapport a également noté que le Mossad avait soudoyé de hauts responsables marocains, affirmant que les relations secrètes entre Tel-Aviv et Rabat étaient plus stables que celles avec d’autres pays arabes.
Haaretz a également révélé que la normalisation actuelle n’est pas venue du néant. Elle est le résultat de six années de relations dans plusieurs domaines politique, culturel et militaire y compris dans la coopération de renseignement, entre Tel-Aviv et Rabat.
Le Jeune Indépendant, 2 fév 2021
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