Par Baudouin Loos
L’homme dont nous publions une carte blanche s’appelle Hicham Alaoui. Il est le cousin germain du roi du Maroc. Et s’est taillé une réputation d’esprit libre.
Le Maroc fait face à la pandémie mondiale du Covid-19 avec, jusqu’ici, une efficacité remarquée. Les chiffres de 4.880 cas détectés et 174 décès, arrêtés ce week-end, montrent que les mesures prises avec célérité portent leurs fruits. La population suit en général les règles strictes de confinement et même de couvre-feu. Pourtant, chassez le naturel, il revient au galop : les autorités vont bientôt faire voter une loi, dite « 22.20 », qui concerne les réseaux sociaux. Promptement rebaptisé « loi-muselière » sur les réseaux visés, ce texte n’est pas public mais les fuites évoquent, comme l’explique sur le site fr.hespress.com le professeur Omar Cherkaoui, « un véritable massacre des droits de l’homme. Il comprend 25 articles, dont 22 articles qui prévoient des sanctions administratives, des peines d’emprisonnement et des amendes financières ».
C’est que le Maroc reste une démocratie en trompe-l’œil, dominée par un roi omnipotent, Mohamed VI, qui plus est « Commandeur des croyants ». On peut parler de régime autoritaire. Le souverain, qui contrôle une partie de l’économie, n’a guère d’inclination ni pour la politique ni pour la religion, et il confie la gestion du pays au gouvernement pour les affaires courantes et à son cabinet personnel, des amis en qui il a une confiance absolue, pour le reste.
L’existence de contre-pouvoirs n’est pas souhaitée à Rabat. La presse, malmenée, doit se contenter de rester aux ordres sauf quelques publications en ligne. Alors les voix qui osent dire les choses se font rares, c’est bien le but. Parmi elles, on trouve depuis longtemps Hicham Alaoui, cousin germain du roi. Né en 1964, c’est un intellectuel qui a écumé les universités américaines, Princeton, Stanford et maintenant Harvard. Ses écrits appellent à une démocratisation du régime marocain via une monarchie parlementaire. Son avis, répercuté par divers médias dont Le Monde diplomatique, a créé de réelles tensions avec le Palais. Mais il en faut plus pour démonter celui que d’aucuns ont surnommé « le prince rouge ».
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