Les dirigeants Français et le syndrome de Marrakech

À la cérémonie des obsèques de Nelson Mandela, en conversation détendue avec Hollande, «Sarkozy lui détaille la somptueuse propriété que le roi du Maroc met à la disposition de sa famille».

Le fait, peu honorable pour le souverain marocain et, en même temps, révélateur de la connivence
de Paris avec Rabat, est rapporté par Valérie Trierweiler, témoin de premier plan – en qualité d’ancienne compagne du président François Hollande – dans son livre «Merci pour ce moment», qui fait des ravages en France actuellement.

Cette petite phrase a une grande signification. Elle confirme si besoin est , la collusion entre le Makhzen et l’Elysée et montre surtout que le pouvoir français, qu’il soit de gauche ou de droite, entretient une relation plus qu’étroite avec la monarchie marocaine, bâtie sur la corruption et des intérêts qui concernent moins les peuples des deux pays que leurs dirigeants, ainsi que l’a fait remarquer le site Algeriepatriotique dans plusieurs articles. Que le Maroc soit perçu par les dirigeants français comme une partie de la France, la preuve en est justement donnée par le fait qu’ils s’y conduisent comme s’ils étaient chez eux.

«La somptueuse propriété» dont parle Sarkozy est certainement ce grand domaine qui porte bien son nom, Jnane Lekbir, situé à trois kilomètres de Marrakech, appartenant bien sûr à Mohammed VI, et où a séjourné l’ancien président français, en mars 2013, avec Carla Bruni. Quelques mois après, durant cet été, c’est Chirac qui a bénéficié d’une résidence royale conforme à ce que voulait son épouse Bernadette : spacieuse et entourée de murs pour garantir la discrétion. Il y était au moment où un détenu en grève de la faim décédait dans une prison marocaine. Le roi, sourd aux plaintes de «ses sujets», est par contre très attentif aux desiderata des présidents français qui viennent passer des vacances au Maroc. Il va même plus loin en mettant carrément le royaume au service de la France.

En affaires, les dirigeants marocains sous-traitent pour leurs protecteurs français, dont les multinationales cherchent des ouvertures en Afrique, par l’entremise de ses filiales déjà existantes au Maroc. En retour, la France s’efforce d’être un allié inconditionnel du royaume chérifien. C’est une entreprise difficile pour l’Elysée. Les couacs sont nombreux, comme lorsque l’acteur espagnol Javier Bardem a relaté crûment ce que pense du royaume chérifien l’ambassadeur de France aux États-Unis : «Le Maroc est une maîtresse avec laquelle on couche toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre.» Mais le plus important pour le Makhzen, c’est que la France accorde une véritable protection au Maroc.

C’est la contrepartie offerte aux largesses du roi. Tout le monde a fini par comprendre pourquoi les responsables français ferment les yeux sur les atteintes aux droits de l’Homme commis sous les ordres du Makhzen et l’appui indécent de Paris a la diplomatie marocaine et à son occupation coloniale du Sahara occidental.

Bendib Mokhtar

Le Courrier d’Algérie,

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