Coup de projecteur sur la soirée ciné Maghreb « si loin, si proche… »

Pour le plus grand plaisir des organisateurs et du ciné-club de la MJC, le festival « Maghreb si loin, si proche » a remporté une fois de plus un vif succès en  faisant escale à Gruissan. A cette occasion, près de 200 cinéphiles sont venus partager une soirée d’exception mettant à l’honneur deux films inédits.
En début de soirée, Bakker Kees, directeur de l’Institut Jean Vigo, partenaire du festival  a présenté le courageux travail artistique de son ami réalisateur Pierre-Yves Vanderweerd. : «Territoire perdu », un film sur le peuple sahraoui vu au travers de récits de fuite et d’exil, d’interminables attentes et de combats suspendus, de vies arrêtées et persécutées. Traversé par un mur de 2400 kilomètres construit par l’armée marocaine, le Sahara-Occidental est aujourd’hui découpé en deux parties : l’une occupée par les forces de colonisation marocaine, l’autre contrôlée par le Front de libération du Sahara-Occidental.

Entre paysages sonores, portraits en noir et blanc et poétique nomade, Pierre-Yves Vandeweerd évoque quarante ans d’une oppression qui jamais n’a fait la « une » de l’actualité. Pour cela, il a dû parcourir les territoires occupés du Sahara Occidental, la Mauritanie, les territoires libérés par le Front Polisario et les camps de réfugiés sahraoui dans le sud-ouest algérien, pour compiler des données essentielles afin de comprendre ce conflit qui date de 1975. Un drame humain présenté avec tact et professionnalisme. Un poignant témoignage de ce peuple, son territoire, son enfermement dans les rêves des uns et des autres. Dans une esthétique qui sublime le réel, ce film résonne comme une partition contrastée entre paysages sonores et  portraits en noir et blanc.

 Après que le public ait partagé un repas convivial avec les divers protagonistes du festival, la soirée s’est poursuivie avec la projection de « Voyage à  Alger », en présence de son réalisateur Abdelkrim Bahloul.

1962, les Algériens obtiennent l’indépendance. A Saïda, une veuve de chahid, martyr de la guerre, se retrouve seule avec ses six enfants. Dans un pays en pleine transition, le cinéaste met en images la violence qui suit l’indépendance, montrant ainsi la fragilité de ce nouvel Etat. Des tensions se créent entre les Algériens qui ont soutenu le FLN et ceux qui acceptaient la présence française. Kadirou, le fils aîné est le symbole de ce choc des cultures. On voit à travers son comportement l’apparition d’un nouveau mode de vie partagé entre France et Algérie. Dans ce film autobiographique, les spectateurs ont eu l’impression de partager l’aventure des personnages. C’est avec une simplicité émouvante, de très belles images et des acteurs d’une justesse à couper le souffle que le réalisateur a atteint son but en sensibilisant le public sur un sujet encore peu médiatisé.

Un sujet dont il a pu débattre avec passion et sans langue de bois en fin de séance. Abdelkrim Bahloul a expliqué qu’il a été contraint et forcé par les autorité algériennes de tourner ce film en  langue arabe. « Comme si en étant Français on a pas le droit de parler de ses origines » a t-il souligné. Ce film à petit budget n’a pas encore trouvé de distributeur mais compte à son palmarès une vingtaine de prix décrochés au fil des 15  festivals durant lesquels cette histoire d’amour d’une mère pour ses enfants a su conquérir le public aux USA , en Pologne et en Europe. A n’en point douter « Voyage à  Alger » va connaître ce même succès en France, en espérant que prochainement, il puisse être vu de tous sur le petit écran !   

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