D’emblée, M.Arkab a rappelé que le marché traditionnel du gaz algérien est l’Europe tout en mettant l’accent sur les capacités de l’Algérie à augmenter sa production. « Nous pouvons augmenter considérablement la production de gaz naturel en peu de temps. Environ la moitié de nos réserves de gaz n’ont pas encore été exploitées », a-t-il déclaré.
Investissement et augmentation de la production
Le premier responsable du secteur énergétique algérien a aussi évoqué la possibilité de fournir du gaz à l’Allemagne. Il a appelé les allemands à investir en Algérie pour augmenter la production algérienne en gaz. « Si l’Allemagne veut acheter du gaz algérien, alors il faut investir sur des nouveaux gisements avec nous comme ils ont fait les italiens avec le groupe ENI. », a-t-il répondu sur une question du journaliste de Der Der Spiegel qui l’interrogeait sur des éventuelles exportations de gaz de l’Algérie vers l’Allemagne.
Abordant la question du climat des affaires pour les investissements étrangers en Algérie, le ministre a mis l’accent sur la nouvelle loi sur les hydrocarbures adoptée en 2020. Il a expliqué en détail les avantages et la souplesse qu’offre la nouvelle loi aux investisseurs dans les hydrocarbures. A ce titre, il dira que le nouveau texte « inclus des normes internationales pour les contrats, le partage de la production et les contrats à risque. Avant, les investisseurs devaient passer par diverses agences gouvernementales et c’était un peu opaque. Ils ont maintenant un interlocuteur clair et des processus simplifiés », avant de faire référence au partenaire italien ENI, qui a signé avec Sonatrach les premiers contrats dans le cadre de la nouvelle loi.
Crise avec le Maroc et l’Espagne
Evoquant la crise entre l’Algérie et l’Espagne et ses implications énergétiques, le média allemand voulait savoir plus sur la question des flux gaziers de l’Algérie vers l’Espagne avec la fermeture du gazoduc passant par le Maroc. Le ministre de l’Energie était catégorique dans sa réponse soulignant la fiabilité de l’Algérie en tant que partenaire gazier n’ayant pas manqué à ses engagements même en période de guerre, faisant ainsi allusion aux années 90. « Nous avons prolongé les contrats avec l’Espagne et il n’y a eu aucun problème. L’Algérie honore ses obligations conventionnelles et les honorera toujours. Nous avons toujours été un fournisseur fiable pour l’Europe, même lorsque notre pays était en guerre », a-t-il insisté.
Pour ce qui est de l’augmentation des prix du gaz algérien exporté vers l’Espagne, M.Arkab a rappelé les clauses contractuelles permettant la révision des prix et des volumes. « Les contrats d’approvisionnement sont réévalués tous les trois ans, tant en volume qu’en prix », a-t-il expliqué. « Lorsque les prix du pétrole augmente sur le marché international, les prix du gaz font de même. Il est donc évident qu’une augmentation est en cours de discussion », a-t-il précisé en donnant l’exemple de la renégociation des volumes et des prix avec l’Italie récemment. « Maintenant c’est le tour de l’Espagne », a-t-il affirmé.
Gazoduc transsaharien
Déroulant la stratégie d’exportation du gaz algérien vers l’Europe, le ministre a retracé les capacités de l’Algérie en la matière. A ce propos, il a évoqué les capacités de en GNL « à côté desquelles il y a un projet de deuxième gazoduc vers l’Italie, qui est actuellement en suspens ». « Le deuxième projet sur lequel nous travaillons actuellement est le gazoduc transsaharien, long de 4000 kilomètres, qui relie le Nigeria à l’Algérie via le Niger. De nombreuses infrastructures ont déjà été mises en place en Algérie. Le gazoduc peut être achevé en trois ans et nous pouvons transporter 20 à 30 milliards de mètres cubes de gaz à partir du Nigeria », a-t-il détaillé.
Sur une question relative à la concurrence du projet de gazoduc du Nigeria via le Maroc, M.Mohamed Arkab a fait une comparaison implacable sur les deux projets dont celui de l’Algérie est largement le plus avantageux pour tous les bénéficiaires. « Notre pipeline est plus sûr et il est économiquement viable. L’autre oléoduc traverserait 12 pays sur 6 000 kilomètres et une partie traverserait l’Atlantique. C’est infiniment plus compliqué. Et le financement n’est pas clair non plus. L’Algérie, en revanche, a les moyens et elle est disposée à financer une grande partie du gazoduc transsaharien. », a-t-il tranché.
Relations avec la Russie
Dans la même interview, la question des relations étroites de l’Algérie avec la Russie et son impact sur les projets algériens d’exportations des hydrocarbures vers l’Europe a été évoquée dans le sens ou les européens se tournent vers l’Algérie pour affaiblir l’influence gazière russe en Europe occidentale. A ce propos et au sujet de Gazprom, le ministre algérien a expliqué que le géant russe est une des nombreuses entreprises qui investissent en Algérie. Actuellement, révèle M.Arkab, Gazprom mis à pas l’exploration, elle n’est impliqué dans aucun projet de production.
Sur la question d’un éventuel « mécontentement » de Moscou contre le redéploiement énergétique de l’Algérie en Europe, le ministre a déclaré que « l’Algérie est l’amie de tout le monde. Nous sommes un fournisseur fiable et sûr. Nous sommes libres de contracter avec des entreprises européennes si c’est dans l’intérêt des deux parties ». Néanmoins, M.Arkab a tenu à souligner l’incapacité de l’Algérie à couvrir toute la demande européenne, non sans préciser que « nous avons des capacités qui ne sont pas encore utilisées du tout ». Il a fait appel clairement aux entreprises européennes d’investir dans ce secteur.
Gaz de schiste et transition énergétique
L’autre volet abordé par le magazine germanique est relatif aux réserves immenses de l’Algérie en gaz de schiste. Rappelant que l’Algérie dispose de la troisième réserve mondiale en gaz de schiste, le journaliste voulait savoir plus sur la stratégie algérienne en la matière. A ce propos, M.Arkab a insisté sur le fait que la stratégie de l’Algérie est centrée actuellement sur le gaz conventionnel. « Nous n’en sommes qu’à la phase d’évaluation pour le gaz de schiste », a-t-il souligné et d’ajouter : « Pour l’instant, nous travaillons toujours sur du gaz conventionnel, 50 % de nos réserves sont intactes. Il existe encore de nombreux gisements de gaz conventionnel inutilisés dans l’ouest algérien, jusqu’à présent nous avons travaillé presque exclusivement dans l’est. Et nous avons deux grands gisements inexploités au large ».
Si l’Algérie continue de développer ses capacités en énergie fossile, elle a en outre un plan de transition énergétique. Le ministre de l’Energie algérien insiste et signe sur le maintien du cap dans les énergies renouvelables. Il a ainsi relaté la volonté de l’Algérie d’investir les revenus de la vente de gaz dans la transition énergétique la hissant au rang de « priorité ». Cependant, il reconnait le besoin de l’Algérie des dernières technologies. Pour y arriver, il affiche son ambition de développer un partenariat avec l’Allemagne. « Nous aimerions travailler avec l’Allemagne sur la production d’hydrogène vert. Nous pouvons devenir un partenaire dans les énergies renouvelables. L’Algérie à 3000 heures d’ensoleillement par an et nous avons l’espace nécessaire pour le photovoltaïque. Avec des lignes électriques sous-marines traversant la mer Méd iterranée, nous pourrions fournir à l’Europe une énergie propre et renouvelable », a-t-il conclut.
by Norhan Chettijuin
L’Algérie aujourd’hui, 20 juin 2022
https://lalgerieaujourdhui.dz/energies-espagne-algero-allemand-arkab-der-spiegel/
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