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A son arrivée au pouvoir, Abdelmadjid Tebboune n’a pas caché son souhait de redonner du poids à son pays. Alors qu’il vient de signer un partenariat stratégique avec la France et que le contexte international évolue, quelles cartes a à jouer l’Algérie sur la scène régionale et internationale ? La visite de trois jours d’Emmanuel Macron en Algérie a pu surprendre celles et ceux qui en étaient restés à la brouille entre les deux pays de l’automne dernier, quand le président français avait provoqué une crise en parlant de rente mémorielle du système político-militaire algérien. En quelques mois, la guerre en Ukraine d’un côté et le départ des soldats français du Mali de l’autre ont conduit Français et Algériens à envisager de nouveaux rapports.
Ces événements ont surtout montré que la puissance régionale algérienne mais aussi ses capacités de médiation grâce à ses bonnes relations avec la Russie, les Etats-Unis, la Turquie ou, accessoirement, la Chine sont utiles. Car la présidence Tebboune a pour ambition de reprendre pied en Afrique et ailleurs après des années de discrétion internationale de l’Algérie à la suite de la guerre civile et surtout de la fin du mandat d’Abdelaziz Bouteflika.
Pour ce débat, Emmanuel Laurentin reçoit Kader Abderrahim, politologue, spécialiste du Maghreb et de l’islamisme, maître de conférences à Sciences Po Paris et directeur de recherches à l’Institut de prospective et de sécurité en Europe (IPSE), Adlene Mohammedi, docteur en géopolitique et spécialiste de la politique arabe de la Russie postsoviétique, directeur du centre d’études stratégiques AESMA et du site Araprism, et Khadija Mohsen-Finan, politologue, enseignante-chercheure à l’université Paris 1, spécialiste du Maghreb et des questions méditerranéennes, membre du comité de rédaction d’Orient XXI.
Principales idées exprimées par les intervenants :
-Nouveau paradigme qui s’installe entre les deux pays: Tebboune parle de la France comme 1ere puissance en Europe, membre du Conseil de Sécurité, de l’une des premières puissances en Afrique qui est l’Algérie. Il souligne un point qui me paraît le plus important de cette visite: La rencontre pour la première fois en 60 ans des responsables militaires et des services de sécurité en présence des deux Chefs d’Etat. Une manière de souligner aussi, en ce qui concerne l’Algérie, que les militaires et les services de sécurité sont sous l’autorité du président de la République.
-Il y a une volonté de la part des deux exécutifs de démontrer qu’il y a un tournant, qu’on est dans une ère nouvelle qui s’inscrit dans le prolongement de quelque chose de nouveau. L’Article 91 de la nouvelle Constitution qui mentionne bien l’envoi d’unités de l’ANP à l’étranger et ça c’est très important au moment où la France s’est retiré du Mali mais n’a pas l’intention de se désengager totalement du Sahel. Il y avait une tradition non interventionniste de l’Algérie et cette dernière y tenait beaucoup. Donc, là, on est déjà dans une rupture et ça prolonge la rupture et annonce un projet stratégique commun entre la France et l’Algérie au Sahel.
-Kader : Il y a la volonté de la part de l’Algérie au devant de la scène internationale. Le choix du ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra est une manière de souligner que l’Algérie est présente, mais surtout elle est de retour. Reste un grand point d’interrogation, c’est quel projet? Pour le moment, tout cela reste conjoncturel, mais on ne voit pas un projet sur le long terme.
-En termes de médiation au Mali, l’Algérie a une capacité incontournable. Le CEMOC pourrait être réactivé. Du point de vue français, l’Algérie n’est plus une poche de risque. La signature du « partenariat stratégique »
-Le Maghreb devient un enjeu stratégique pour la sécurité de l’Europe. Ce sont des paradigmes importants du point de vue de la géopolitique dans le contexte de la guerre en Ukraine. nous voyons émerger sous nos yeux un nouvel ordre mondial dans lequel chacun tente de jouer une partition, de présenter son meilleur profil pour être là, à la table des vainqueurs lorsque se fera la nouvelle répartition des rapports de force.
-Un petit changement dans la politique extérieure algérienne. Alger s’est bien accommodée de la présence turque en Libye. La Turquie apparaît comme un modèle intéressant pour l’Algérie qui n’était pas mécontente de voir Ankara repousser l’offensive du Maréchal Haftar soutenue par les troupes de Wagner.
– L’Algérie veut être présente dans le dossier libyen, comme le veut dans le dossier malien et du Sahel.
Radio France, 29/08/2022
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