Borrell: L’UE soutient l’autodétermination du peuple sahraoui

Josep Borrell, Union Européenne, Maroc, Sahara Occidental,

Echec au roi, Borrell répond à Mohammed VI : «L’UE soutient l’autodétermination du peuple sahraoui»

Interpellé sur la question du Sahara Occidental, le haut représentant de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a affirmé hier sur la télévision espagnole TVE que la position l’UE est de chercher à reprendre les négociations afin que le peuple sahraoui puisse décider de son propre sort.

Borrell a assuré à la même occasion que «la position du gouvernement espagnol était et est celle de l’UE, c’est-à-dire défendre la tenue d’une consultation pour que ce soit le peuple sahraoui qui décide comment il veut que soit son avenir». Soit ce que prévoient les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment le plan d’autodétermination du peuple sahraoui.

Cette position claire de l’UE se veut une réponse au discours du roi du Maroc, Mohammed VI, dans lequel il exhorte les Européens à exprimer une position «sans équivoque» en faveur de son plan d’autonomie au Sahara occidental. Laquelle position tranche nettement aussi par sa précision avec les précédentes, qui certes faisait état de position «connue et inchangée», mais sans se référer ni au «peuple sahraoui» ni au vocable «consultation».

C’est ce qu’a relevé l’envoyé spécial du MAE chargé de la question du Sahara occidental, Amar Belani, dans une interview à un confrère, en affirmant que «dans cette réponse cinglante et directe au forcing marocain, le haut représentant européen a pris bon soin de se référer au peuple sahraoui et non pas aux ‘populations’ comme aiment à le glisser insidieusement certains bureaucrates de la commission, ouvertement acquis à la position du Maroc».

«Malgré le lobbying forcené et coûteux dans les grandes capitales mondiales, l’ouverture de consulats ‘fantômes’, les manipulations en tous genres pour diaboliser le Front Polisario, les attaques viles, frontales et répétées contre les institutions de la République algérienne (y compris par l’intermédiaire de mercenaires algériens) (…) en dépit de tout cela, le destin des Sahraouis restera en définitive entre les mains des fils de ce vaillant peuple qui n’abdiquera jamais son droit légitime, inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination», a déclaré Belani.

Changements sémantiques
Le 7 août 2022, Josep Borrell a souligné que «l’Union européenne soutient pleinement les efforts du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé personnel, Staffan de Mistura, pour poursuivre le processus politique visant à parvenir à une solution juste et réaliste, solution politique pratique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental».

La position du gouvernement de Pedro Sanchez aussi, telle que formulée par Borrell, démontre une volonté d’apaisement dans le dossier du Sahara occidental, comme en témoigne la déclaration de la porte-parole du gouvernement espagnol, qui a insisté la veille sur le fait que l’exécutif n’a pas «bougé» de sa position de soutien à une «solution négociée au conflit du Sahara occidental» malgré le fait que le président Pedro Sanchez a exprimé par lettre au roi du Maroc, Mohammed VI, son soutien à son projet d’autonomie de l’ancienne colonie espagnole.

Pour savoir ce que préfigurent ces changements sémantiques, parce qu’en langage diplomatique les mots ne sont pas fortuits, il est loisible de s’interroger si les nouveaux enjeux énergétiques qui se trament en Europe ne se répercutent pas aussi sur le discours politique «soigné» développé en direction du Front Polisario et de l’Algérie.

Le non de l’UE au forcing du Makhzen
Il convient de se demander aussi s’il ne s’agit pas d’un «non» catégorique de l’UE à l’offensive agressive du Makhzen menée au lendemain de la déclaration de Trump en direction des pays européens pour les rallier à la thèse d’«autonomie». D’ailleurs, en dehors de l’administration Trump, ni la Russie, ni la Chine, ni encore la France, qui sont membres du Conseil de sécurité, ne reconnaissent cette pseudo-souveraineté. Malgré tout le lobbying engagé, aucun pays ne s’est franchement exprimé en faveur du plan du Makhzen (excepté le cas Sanchez), y compris au Conseil de sécurité de l’ONU où l’on s’est contenté d’en prendre acte.

Ce qui est sûr, en revanche, est que les fumisteries du Makhzen ont fait flop. Les sommes colossales dépensées dans les campagnes de lobbying, pour l’achat des consciences des pays qui ont accepté d’ouvrir de fantomatiques consulats en plein désert où ils ne comptent aucun ressortissant, et pour revenir sur leur reconnaissance de la RASD, n’ont finalement abouti à rien.

Et le Makhzen peut encore se démener tant qu’il le désire, mais aucun changement du statut des territoires sahraouis n’est possible sans que les Sahraouis ne se soient exprimés au sujet de leur propre avenir. La question est toujours pendante depuis 1963, à la quatrième commission des Nations unies pour la décolonisation sur la liste des «territoires non autonomes», et si le Makhzen table sur la «prescription» pour espérer avoir gain de cause, disons le tout net : il se goure totalement.

A. R.

L’Algérie aujourd’hui, 24/08/2022

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