Macron en Algérie: Energie et relations postcoloniales

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Le président français Emmanuel Macron se rend jeudi en Algérie pour tenter d’apaiser les tensions diplomatiques avec un fournisseur de gaz de plus en plus important de l’Europe à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

Plus de 60 ans après l’amère guerre d’indépendance de l’Algérie, les relations franco-algériennes sont toujours marquées par le ressentiment de l’ère coloniale. Paris a régné sur le territoire nord-africain pendant plus de 130 ans.

Mais ils ont été particulièrement orageux ces derniers temps, après que Macron aurait remis en question l’existence de l’Algérie avant l’occupation française et accusé le gouvernement d’Alger de fomenter « la haine envers la France ».

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a retiré l’ambassadeur de son pays à Paris en octobre dernier en réponse à ces propos, et interdit les avions militaires français de son espace aérien.

Les assistants de Macron estiment que les deux parties ont évolué, notant la reprise de relations diplomatiques normales et les survols vers les bases de l’armée française dans la région du Sahel au sud de l’Algérie.

Diplomatie du gaz

La querelle diplomatique de l’année dernière a pris fin lorsque le bureau de Macron a publié une déclaration disant qu’il « regrettait » les malentendus causés par ses propos.

Bien que les propos aient été tenus à huis clos, ils ont été rapportés par le journal Le Monde .

Le ministre français des affaires étrangères de l’époque, Jean-Yves Le Drian, a également été dépêché à Alger pour adoucir les liens avec Tebboune.

Le désir de Macron de réparer complètement les relations survient alors que l’Algérie émerge comme un fournisseur de gaz alternatif clé pour l’Union européenne après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Les nations européennes cherchent à mettre fin à leur dépendance vis-à-vis des hydrocarbures russes, donnant à l’Algérie – avec ses pipelines vers l’Espagne et l’Italie – un poids et une importance renouvelés.

Selon l’économiste algérien Abderrahmane Mebtoul, « le président français va certainement demander à l’Algérie de faire un effort pour essayer d’augmenter sa production de gaz ».

Une délégation controversée

Cependant, le palais de l’Elysée a mis en garde contre les attentes selon lesquelles un accord majeur pourrait être conclu dans le sens de celui annoncé par le Premier ministre italien Mario Draghi lors de sa visite à Alger en juillet.

La cheffe du groupe énergétique français Engie , Catherine MacGregor, fera partie de la délégation française de haut niveau accompagnant Macron, comprenant les ministres de la Défense, des Affaires étrangères et de l’Economie.

Accompagnant également le chef de l’Etat français, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, ainsi que le grand rabbin de France Haïm Korsia , d’origine algérienne.

L’inclusion de Korsia dans la délégation a suscité l’ire de certains commentateurs – dont le chef des Frères musulmans , Abderrazak Makri – qui affirment que sa présence sera utilisée pour exercer davantage de pression sur l’Algérie afin qu’elle normalise ses relations avec Israël.

Aucune excuse
Macron doit passer trois jours en Algérie, visiter la capitale Alger puis la deuxième plus grande ville d’Oran, où il s’arrêtera dans un magasin de disques et assistera à un spectacle de breakdance.

Le président de 44 ans s’est rendu pour la dernière fois en Algérie en décembre 2017, peu après son arrivée au pouvoir.

Lors de son entrée en fonction, Macron a fait une série de gestes visant à panser les blessures du passé des deux côtés de la Méditerranée, mais aurait été frustré par la réaction de l’Algérie.

Il a exclu de faire l’apologie du colonialisme, sujet très sensible en France.

Les historiens français disent qu’un demi-million de civils et de combattants sont morts pendant la sanglante guerre d’indépendance de l’Algérie – dont 400 000 algériens – tandis que les autorités algériennes disent que 1,5 million ont été tués.

Pendant ce temps, des groupes de défense des droits algériens ont exhorté Macron à ne pas négliger les violations des droits humains par le gouvernement qui est arrivé au pouvoir lorsque le dirigeant de longue date Abdelaziz Bouteflika a démissionné en 2019 après deux décennies au pouvoir.

Tebboune, Premier ministre sous Bouteflika, a réprimé le mouvement d’opposition Hirak qui a forcé son prédécesseur à démissionner.

RFI, 24/08/2022

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