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by Djilali B.
L’Elysée a précisé hier la date de la visite du président français Emmanuel Macron en Algérie, son probable ordre du jour et son déplacement d’Alger à Oran. «Ce déplacement contribuera à approfondir la relation bilatérale tournée vers l’avenir (…), à renforcer la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux et à poursuivre le travail d’apaisement des mémoires», a déclaré la présidence française à l’issue d’un entretien téléphonique entre le président français et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Le président français se rendra à Alger et Oran, a précisé la présidence française.
Par ailleurs, les deux chefs d’Etat se sont entretenus hier au téléphone, et le président Macron a présenté ses condoléances à Abdelmadjid Tebboune pour les dizaines de victimes des feux de forêt qui ont ravagé l’Algérie ces derniers jours.
Selon le même communiqué, les deux présidents «ont évoqué les relations bilatérales et affirmé leur détermination à œuvrer pour leur approfondissement (…) particulièrement après la réélection du président Macron pour un nouveau mandat», a indiqué la présidence française dans son document publié sur Twitter. Ils ont également évoqué dans leur entretien «plusieurs dossiers, en tête desquels celui du Sahel et de la situation en Libye, outre des questions régionales et internationales d’intérêt commun».
Entre Alger et Paris, la relation a toujours été caractérisée par une passion qui paradoxalement ressurgit régulièrement comme un leitmotiv qui régule cette relation, sans toucher fondamentalement à leur fondement. Episodique, puisque les relations retrouvent le cours normal lorsque les responsables des deux pays reprennent langue, comme c’est le cas actuel avec cet appel téléphonique de Macron à Tebboune.
Au plan politique, c’est à l’international que les deux chefs d’Etat auront certainement à essayer de rapprocher leurs positions. Les zones en crise, il va sans dire, à l’instar de la Syrie et de la Libye où la France tente de se replacer en adoptant une autre stratégie qui tranche nettement avec celle des prédécesseurs d’Emmanuel Macron, très marquée par l’engagement militaire sur le terrain. Il sera également question de la région du Sahel où la France marque le pas. Notamment au Mali où elle est déclarée indésirable. La France a été accusée par les autorités de Bamako de financer les groupes terroristes. Les forces françaises de l’opération Barkhane quittent le Mali et risquent aussi de limiter leur présence dans la sous-région où la présence militaire française est contestée.
La France est confrontée à une rare défiance dans la région du Sahel qu’elle devrait quitter, sans doute, si elle n’abandonne pas l’ancienne philosophie de sa présence contestée en raison de son soubassement strictement militaire et sans contrepartie économique ou en investissements. Ce qui est appelé communément la Françafrique.
Cette nouvelle donne induit indubitablement un effort sécuritaire supplémentaire pour l’Algérie, appelée désormais à surveiller les activités des groupes terroristes qui ont trouvé un terreau dans le Sahel où les Etats sont dans une situation de déstabilisation chronique. Et incapables de faire face aux menaces des groupes radicalisés.
Au niveau bilatéral, les deux chefs d’Etat vont sans doute évoquer la question des visas réduits drastiquement par Macron et essayer de relancer les relations, économiques, bien entendu, avec au centre l’approvisionnement en gaz ; l’issue de la guerre en Ukraine étant la plus grande inconnue, le combustible algérien sera davantage sollicité, notamment en France. La France a tout intérêt à adopter une nouvelle politique avec ses voisins de la rive sud de la Méditerranée après son échec dans la région du Sahel.
Il y a dans ce nouvel élan évoqué par l’Elysée une part d’économie, mais une grande part de mémoire, d’histoire commune à «apurer» pour réellement instaurer une relation apaisée. Une revendication algérienne qui attend d’ailleurs d’autres pas de la part de l’ancien colonisateur, qui, lui aussi, fait face à ses contingences internes et la difficulté à se défaire de ce sacro-saint principe de la Françafrique qui perdure.
Ce sera une occasion pour le président Emmanuel Macron de faire un nouveau pas sur la question mémorielle, d’autant plus que cette visite, la seconde depuis sa visite lors de son premier mandat en 2017, intervient dans le sillage de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.
Il va sans dire que le dossier des visas sera aussi au menu lors de cette visite du président français
D. B.
L’Algérie aujourd’hui, août 21, 2022
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