Sanction des touristes russes: L’Europe divisée sur le fait

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Le pays de l’Union européenne ayant la plus grande frontière avec la Russie entend réduire de façon drastique le nombre de visas touristiques accordés aux citoyens russes. Une initiative d’Helsinki à l’origine de désaccords parmi les 27.

« Les visas touristiques ne vont pas s’arrêter complètement, mais leur nombre va diminuer de manière significative », a déclaré le ministre finlandais des Affaires Etrangères, Pekka Haavisto, le 16 août. Helsinki entend en effet, dès le 1er septembre, limiter à 10% du volume actuel le nombre de visas délivrés aux touristes russes. Comme le rapporte l’AFP, le nombre de touristes russes voyageant en Finlande a augmenté de façon continue après la levée par la Russie à la mi-juillet des restrictions de voyage liées au Covid-19.

Selon Pekka Haavisto, les autorités finlandaises traiteraient ainsi actuellement près de 1 000 demandes de visas par jour venant de Russie. Helsinki veut mettre fin à l’accord européen de facilitation des visas avec la Russie Le chef de la diplomatie finlandaise a annoncé que les heures d’ouverture allouées à la demande de visas touristiques seraient par exemple réduites, afin de provoquer une baisse du nombre de demandes. Il a assuré que la priorité serait « désormais donnée aux autres types de visas : visites à des proches, contacts familiaux, travail, études ». Par ailleurs, Helsinki plaide en faveur de l’arrêt de l’accord européen de facilitation des visas avec la Russie, ce qui pourrait faire augmenter le prix des visas touristiques de 35 à 80 euros. Le pays envisage de soulever la question à la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE prévue en République tchèque le 30 août. Toujours selon l’AFP, la Finlande entend en outre examiner la mise en place d’une catégorie spécifique de visa humanitaire, qui n’existe pas actuellement dans le pays.

L’idée de sanctionner les touristes russes en réaction au conflit militaire en Ukraine où la Russie est une des parties prenantes génère pour l’heure des désaccords entre pays européens. En début de semaine à Oslo, les pays nordiques et l’Allemagne ont en effet fait preuve de divisions à ce sujet.

« Les Russes ordinaires n’ont pas commencé la guerre mais, en même temps, nous devons comprendre qu’ils soutiennent la guerre », a ainsi déclaré le Premier ministre finlandais, Sanna Marin, à l’issue d’une réunion entre les chefs des gouvernements nordiques et allemand. « Il n’est pas juste que les citoyens russes puissent entrer en Europe, dans l’espace Schengen, être touristes […] pendant que la Russie tue des gens en Ukraine », a-t-elle également déclaré.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a pour sa part affiché des réserves à l’égard d’une telle mesure. « C’était une décision importante de notre part d’imposer des sanctions contre ceux qui sont responsables de la guerre, contre de nombreux oligarques et ceux qui profitent financièrement et économiquement du régime du Poutine », a-t-il fait valoir, poursuivant : « Nous continuerons de le faire mais je pense que ce n’est pas la guerre du peuple russe, c’est la guerre de Poutine. »

Si la Suède a expliqué n’avoir pour l’heure pas de position arrêtée sur la question, le Danemark a mis en garde contre un ébranlement de l’unité européenne sur le dossier ukrainien. Depuis le début des hostilités en Ukraine, l’UE a adopté six trains de sanctions contre Moscou, dont l’arrêt progressif de ses achats de charbon et de pétrole. Elle a également inscrit plus d’un millier de Russes sur sa liste noire des personnes interdites d’entrée, et restreint les délivrances de visa de court séjour pour les responsables liés au gouvernement russe.