Maroc, Mali, Sahel, CEDEAO, République Centrafricaine, Congo, RDC, RCA, Guinée Bissau,
Note envoyée au MAEC le 31.10.2013
Nadia Elmahjoubi
Position du Maroc
A. Fondements de la position marocaine
Le Maroc :
-Estime que la priorité doit être donnée au recouvrement par le Mali de son intégrité territoriale, à la lutte contre les activités terroristes et criminelles perpétrées contre les populations de ce pays ;
-Réitère son engagement en faveur de la préservation de l’unité, de la stabilité et de l’intégrité territoriale du Mali et son soutien aux efforts déployés pour le développement de ce pays ;
-Encourage la recherche d’une solution politique et pacifique, qui reste le moyen le plus approprié au règlement de la crise malienne ;
-S’engage à suivre de près la situation humanitaire dans la région et ne ménagera aucun effort pour assister les réfugiés jusqu’au rétablissement de la paix et de la stabilité dans la région du Sahel.
Efforts déployés par le Maroc
Au Conseil de sécurité de l’ONU
Le Maroc en tant que pays africain membre non-permanent du Conseil de Sécurité :
-A soutenu l’adoption par le C.S de l’ONU de la Résolution 2056 sur la situation au Mali, qui appelle les Etats du Sahel et du Maghreb à intensifier leur coopération en vue de lutter contre les activités de l’AQMI et des groupes qui y sont affiliés dans la région du Sahel ;
-A co-parrainé l’adoption par le C.S de l’ONU de la Résolution 2071, appellant les autorités maliennes à engager un dialogue politique avec les groupes rebelles maliens et les représentants légitimes de la population locale du Nord du Mali ;
-A soutenu l’adoption par le C.S de l’ONU de la Résolution 2085 autorisant le déploiement d’une opération africaine au Mali (après concertation avec la CEDEAO), avec pour objectif de permettre aux Maliens de recouvrer leur souveraineté et l’intégrité de leur territoire et de lutter contre le terrorisme international.
En marge de la 67ème session de l’Assemblée générale de l’ONU
Le Maroc a :
-Salué la résolution du C.S portant sur la mise en place d’une stratégie globale et intégrée pour la région du Sahel, qui pourra permettre la mise en place de mesures permettant de relever les défis sécuritaires, humanitaires, et de développement sur le court, moyen et long terme dans la région du Sahel ;
-Favorablement accueilli la désignation par le SG des N.U d’un envoyé spécial des N.U pour le Sahel, et dont la mission sera basée sur l’accompagnement des efforts entrepris par la CEDEAO et par le Mali, pour trouver une solution à la question sécuritaire au Sahel et une issue pacifique à la sortie de crise ;
-Appelé la communauté internationale à porter une attention particulière aux défis socio-économiques et à la question du développement humain, auxquels doivent faire face les pays sahélo-sahariens et les Etats ouest africains ;
-Salué l’initiative française de mettre en place un Groupe des Amis du Sahel.
En marge de la 68ème session de l’Assemblée générale de l’ONU
Le Maroc a :
-Réaffirmé lors de la réunion de haut niveau sur le Sahel, son appui total pour la stratégie intégrée des Nations-Unies et appelle les pays de la région à sa mise en œuvre ;
-Préconisé une approche profonde du développement en faveur des pays de la région afin de concrétiser la stabilité et le développement socio-économique dans la région sahelo-sahelienne ;
-Salué les efforts de la communauté internationale et des organisations internationales et régionales visant à relever les défis de sécurité et de développement au Sahel, tout en relevant l’intérêt de réaliser la stabilité dans cette région.
Sur le plan politique
Le Maroc réitère sa disposition à poursuivre les efforts en matière d’aide et d’assistance en vue de contribuer à la restauration de la paix et de la sécurité dans la région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest et ce, a travers les initiatives suivantes :
2. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)
Le Maroc soutien les efforts de la CEDEAO visant à trouver une solution politique et pacifique à la crise malienne, fondée sur le dialogue entre les différentes parties au conflit et a manifesté son intention de fournir une aide humanitaire et un soutien politique pour parvenir à la résolution du conflit malien.
3. La Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD)
Le Maroc soutien les efforts de la CEN SAD en matière de lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et d’armes, et le crime organisé dans la région du Sahel (session extraordinaire du Conseil exécutif de la CEN-SAD tenue à Rabat dernièrement) ;
Aussi, Conformément aux prescriptions de la session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement de la CEN-SAD, tenue le 17 février 2013 à Ndjamena, le Secrétariat Général de la CEN-SAD organisera conjointement avec le Maroc, la Retraite de haut niveau sur la nouvelle vision et les missions de la CEN SAD. Cette rencontre permettra à la CEN-SAD de jouer son rôle dans un espace sahélo-saharien empreint de défis et permettra une réflexion sur la recherche de solutions agissantes pour relever les défis de la région sahélienne.
– La Conférence régionale pour la sécurité aux frontières
Le Maroc réitère sa volonté a intensifier la coopération régionale, notamment a travers l’examen des problèmes de sécurité dans la région, dont la prolifération et le trafic d’armes transfrontaliers, le terrorisme, le trafic de stupéfiants, l’immigration clandestine, le crime organisé transfrontalier et le trafic de migrants ;
Le Maroc encourage la consolidation du dialogue stratégique, l’échange d’expertises et d’informations ainsi que la coordination opérationnelle dans le domaine de la sécurité frontalière ;
Conscients de l’impératif de développer une stratégie entre les pays du Sahel et ceux de l’Union du Maghreb arabe (UMA) visant à lutter contre le terrorisme, le Maroc a abrité en mars 2013 une conférence régionale sur le contrôle aux frontières au Sahel et au Maghreb.
– La Conférence ministérielle des Etats d’Afrique riverains de l’Atlantique
Le Maroc encourage les synergies interrégionales traitant des questions à caractère sécuritaire entre les différentes organisations présentes dans l’espace ouest africain. Le pays soutien une coopération élargie basée sur le principe de responsabilité partagée, nécessaire pour trouver des solutions concrètes à la menace du crime organisé.
Sur le plan sécuritaire
Le Maroc :
5. Estime que l’urgence doit porter sur le recouvrement par le Mali de son intégrité territoriale et sur la lutte contre les activités terroristes et criminelles commises à l’encontre des populations du pays et de la région sahélienne en général, tout en restant focalisé sur la nécessité d’aider et de soutenir les pays sahélien à renforcer leurs institutions sécuritaires pour assurer une meilleure gestion de leurs frontières et faire face au terrorisme, au crime organisé transnational et aux trafics de tous genres ;
6. Constate que la région du Sahel fait face à des activités criminelles transfrontalières et terroristes sans précédent, soulignant les difficultés des Etats de la région à sécuriser les frontières et les conséquences de l’aggravation de la pauvreté qui amène de plus en plus de personnes à recourir à des activités criminelles pour subvenir à leurs besoins ;
7. Pense que les effets de la crise libyenne n’ont fait qu’exacerber cette situation, alors que des initiatives louables ont vu le jour pour faire face aux défis sahéliens, d’où la nécessité d’asseoir une coopération régionale accrue afin de faire face aux problèmes structurels ;
8. Regrette la persistance de visions sécessionnistes qui persistent dans les zones grises et qui facilitent la prolifération des activités terroristes et de la criminalité transnationale organisée dans la région du Sahel ;
9. Reste préoccupé par la situation au Sahel et plus particulièrement au Nord du Mali, concernant les violations des droits de l’Homme, telles que les exécutions sommaires, la torture, les châtiments cruels, les recrutements d’enfants soldats, les violences à l’égard des femmes ;
10. Est conscient des dangers de la dégradation continue de la situation sécuritaire au Sahel, alimentée par les tensions régionales, le terrorisme, les trafics transfrontaliers, les rébellions armées et déplacements de centaines de milliers de réfugiés ;
11. Soutien toutes les initiatives visant la mise en place d’une stratégie globale et intégrée pour la région du Sahel et qui permettra l’instauration de mesures à même de relever les défis sécuritaires, humanitaires et de développement sur les court, moyen et long terme dans cette région ;
12. Encourage le renforcement des capacités nationales en matière de sécurité et en matière de coopération bilatérale, plus particulièrement entre les pays voisins, et ce, dans l’objectif d’instaurer les bases d’une coopération sous-régionale effective.
Sur le plan humanitaire
Le Maroc très présent sur le terrain, exprime sa profonde préoccupation quant à la détérioration de la situation humanitaire dont souffre un grand nombre de déplacés civils, en provenance notamment du Nord du Mali ;
La crise au Nord du Mali a aggravé la sécurité alimentaire dans la région sahélienne, déjà désastreuse en raison des sécheresses et des aléas climatiques. D’importantes aides humanitaires ont été acheminés au profit de réfugiés maliens en Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso sous forme de denrées alimentaires et de produits pharmaceutiques (46 tonnes de denrées alimentaires au Niger et 50 tonnes de produits alimentaires et pharmaceutiques au Burkina Faso).
Position du Maroc sur la crise malienne
-Le Maroc est conscient des graves menaces engendrées par les groupes terroristes au Nord du Mali et qui mettent en péril la stabilité dans la région du Sahel et dans le reste du monde ;
-Le Maroc a soutenu l’opération militaire française dans ce pays qui s’est traduite par la libération des zones qui étaient sous contrôle des groupes armés radicaux ;
-Par ailleurs, le pays soutient également les efforts déployés par la CEDEAO et l’ONU visant à parvenir à une solution fondée sur le dialogue entre les différentes parties au conflit et a manifesté son intention de fournir une aide humanitaire et un soutien politique pour parvenir à la résolution du conflit malien ;
-Lors de la présidence tournante, en décembre 2012 au Conseil de Sécurité, le Maroc a joué un rôle capital dans l’adoption à l’unanimité des Quinze dans la résolution 2085, autorisant le déploiement d’une force africaine au Mali pour une période initiale d’une année ;
-Aussi, lors de la Conférence, tenue au siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en janvier 2013, le Maroc a décidé une contribution de 5 millions de dollars destinée à financer la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA). A travers cette contribution, le Maroc a réaffirmé son soutien constant au Mali, ainsi que son appui aux efforts des pays de la région et de la communauté internationale en vue d’assurer la stabilité et le développement du Mali et de toute la région ;
-Par railleurs, le Maroc se félicite de la réussite du processus électoral au Mali, des progrès enregistrés en matière de sécurité dans le pays et s’engage à maintenir son soutien au gouvernement et au peuple maliens particulièrement dans les domaines de la réconciliation nationale et de la justice transitionnelle ;
-Le Maroc encourage la restauration de la légitimité politique au Mali à travers une transition politique, faisant suite à des élections libres, inclusives et démocratiques. A cet effet, le pays soutient le lancement des travaux et des mesures préliminaires en vue de la tenue des pourparlers inclusifs de paix au Mali, tels que prévus par l’accord de Ouagadougou du 18 juin 2013 ;
-Le Maroc salue les initiatives prises en matière de réconciliation nationale, priorité du mandat du Président Ibrahim Boubakar Keita, ainsi que la mise en place de « mesures de confiance » et l’établissement d’un dialogue officieux avec les représentants de groupes armés implantés au Nord du Mali ;
-Enfin le Maroc souligne que la dimension cultuelle et culturelle du pays constitue une composante fondamentale et nécessaire au processus de réconciliation nationale, à la reconstruction durable et à l’instauration d’une paix durable au Mali.
Position du Maroc sur la crise bissau-guinéenne
Au lendemain des élections présidentielles en Guinée Bissau, un coup d’Etat militaire a été perpétré le 12 avril 2012 en Guinée Bissau, suite auquel le Président de la République par intérim, M. Raimundo PEREIRA, a été séquestré ainsi que d’autres personnalités politiques.
Le Maroc a :
-Fermement condamné ce coup d’Etat militaire et a appelé au rétablissement pacifique de l’ordre constitutionnel et au renforcement des institutions de l’Etat ;
-Réitéré son soutien au parachèvement du processus électoral en Guinée Bissau, ainsi qu’aux initiatives de la CEDAO visant le retour de la paix et de la stabilité dans ce pays ;
-Egalement salué la constitution d’un gouvernement inclusif en Guinée Bissau, ainsi que l’instauration d’un Conseil National, tout en rappelant la nécessité de poursuivre les efforts pour rétablir l’ordre constitutionnel et permettre une meilleure intégration régionale du pays ;
-Entretenu des relations équilibrées avec le Gouvernement de transition et a salué les développements positifs au niveau du processus de transition, soulignant la nécessité de tenir des élections libres, justes, démocratiques et inclusives, afin d’éviter tout risque de troubles (l’organisation de nouvelles élections générales est en principe prévue pour le 24 novembre 2013) ;
-Encourage le pays à intensifier ses efforts pour parvenir à une solution politique et à un renforcement de la coopération avec les autres parties prenantes afin d’engager un processus commun et crédible pour mettre fin à la crise.
Position du Maroc sur la crise centrafricaine
-L’arrivée par la force au pouvoir de la rébellion « Seleka », le 24 mars 2013, a été largement condamnée par la communauté internationale et a entraîné la suspension de la participation de la République Centrafricaine aux instances internationales et régionales (Nations Unies, Union Africaine, Organisation Internationale de Francophonie…etc.) ;
-Au lendemain de cette prise illégale du pouvoir, le Maroc a fait part de sa volonté d’apporter son soutien aux efforts de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale en vue d’aider la République Centrafricaine à rétablir la sécurité et l’Etat de droit, à réaliser une Union nationale et à relancer le processus démocratique ;
-Par ailleurs, le Maroc salue la mise en place de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), qui a pris la relève de la Mission de consolidation de la paix en République centrafricaine (MICOPAX), conformément aux décisions du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine ;
-Il convient de signaler que face à la situation d’insécurité et d’instabilité que connaît le pays, le Maroc a été sollicité pour répondre à des demandes d’aide, notamment humanitaires, auxquelles il a répondu favorablement par l’évacuation de plusieurs blessés de guerre. Le Maroc a été le premier à répondre aux besoins exprimés par la Centrafrique ;
-Lors de sa visite au Maroc en mai 2013, le Ministre centrafricain de l’Economie, du Plan et de la Coopération Internationale, M. Abdalla-Kadre Assane, porteur d’un message adressé à Sa Majesté le Roi Mohammed VI par le Président centrafricain de transition, M. Michel Djotodia, a salué les actions humanitaires entreprises par le Maroc au profit du peuple centrafricain, notamment après le « changement politique » survenu en Centrafrique, en mars 2013.
-Enfin le Maroc salue les efforts de l’Union Africaine en faveur d’une sortie de crise durable en République Centrafricaine et insiste sur la nécessité à ce que les initiatives africaines soient appuyées par une mobilisation de la communauté internationale, aussi bien au sein des Nations Unies que de l’Union Européenne.
Position du Maroc sur la crise en République Démocratique du Congo (RDC)
-Les Nations Unies sont un acteur majeur pour le maintien de la paix en RDC et la résolution de la crise en RDC. Le déploiement de la Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUC) a débutée en mars 2001 ;
-Avec un contingent composé de 691 militaires et de 04 observateurs militaires, notre pays contribue activement à cette force qui compte plus de 15 000 militaires et de 1000 policiers de différentes nationalités ;
-A noter qu’en juillet 2011, la MONUC est devenue la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (Monusco), avec un mandat reconduit par le Conseil de sécurité jusqu’au 31 mars 2014, dotant la mission d’une « brigade d’intervention » qui aura pour mandat de combattre et de neutraliser les groupes armés dans l’est de la RDC. Jusque là, le mandat de la Monusco était axé essentiellement sur la protection des civils ;
-Le Maroc se félicite de la signature, le 24 février 2013 à Addis-Abeba, de l’accord-cadre de paix, de sécurité et de coopération pour la République démocratique du Congo et la région et encourage la RDC à mettre en œuvre les réformes annoncées par le Président Kabila ;
-Cependant, le Maroc a condamné l’escalade des violences perpétrées par le M23 contre les populations civiles et la MONUSCO et a exprimé son inquiétude concernant la dégradation de la situation humanitaire et sécuritaire, les violations régulières des droits de l’homme par le M23 et d’autres groupes rebelles, incluant l’enrôlement d’enfants soldats ;
-Enfin, le Maroc encourage à la mise en œuvre de l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région (Accords de paix Addis-Abeba) et estime que les efforts politiques et diplomatiques régionaux devraient être poursuivis de manière intensive en vue de parvenir à la paix dans l’est de la RDC et dans la région des Grands Lacs.
Nadia El Mahjoubi
Secrétariat Général
Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération du Royaume du Maroc
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