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« Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, imitez Cavaignac aux Sbéhas ! Enfumez-les à outrance comme des renards. » Cet ordre militaire tristement célèbre du maréchal Bugeaud aura légitimé, en 1945, un mode opératoire d’exécutions sommaires qui relève du génie génocidaire de l’autre tortionnaire Cavaignac (chef de l’Exécutif de la France) dans le long cheminement de la colonisation française en Algérie.
En effet, les enfumades de Sebih, Chlef, qui ont ciblé les populations civiles en ce 12 août 1945, et lesquelles ont fait quelque 2000 martyrs asphyxiés dans une grotte, est un autre marqueur qui qualifie à juste titre les atrocités de l’armée coloniale qui ne datent pas, seulement, de la révolution de l’indépendance de 1954.
Pour preuve, le 5 juillet dernier, et à l’occasion de la célébration du soixantenaire de l’indépendance, le président Tebboune, qui avait échangé avec l’historien Benjamen Stora- le chargé du dossier mémoriel côté français- a clairement plaidé la construction d’une mémoire qui prend en compte toute la période de colonisation française, à savoir de 1830 jusqu’à 1962.
C’est en effet à l’occasion de la commémoration du 177e anniversaire des enfumades de Sebih, où plus de 2000 chouhada ont péri selon les chiffres du ministre des Moudjahidine et des Ayants droits, Laïd Rebiga, que cet épisode sombre de l’histoire viendra rappeler à la France son passé criminel.
Une halte a été ainsi observée sur les lieux de ce génocide pour « se remémorer les sacrifices consentis par les chouhada au service de la patrie », déclare le ministre Rebiga. Devant la grotte où l’armée française a perpétré ce génocide un certain 12 août de l’année 1845, le ministre a affirmé que la commémoration de l’anniversaire des enfumades de Sebih, un génocide de plus qui s’ajoute à la longue liste des crimes coloniaux perpétrés en Algérie durant la période des résistances populaires, était une halte pour « rappeler à la jeunesse actuelle les sacrifices consentis par les chouhada au service de la patrie ».
« Aujourd’hui, nous nous remémorons les chouhada qui ont péri dans les enfumades de Sebih, car il est du devoir des Algériens d’honorer la mémoire de ces héros, qui ont été exterminés par le feu pour avoir soutenu les résistances populaires de l’Emir Abdelkader et de Cherif Boumaza, a soutenu Rebiga dans des propos rapportés par l’APS.
Cette grotte étant un « témoin vivant de l’histoire de la région », un mémorial ou une fresque immortalisant cet événement historique y sera érigé(e) en coordination avec les autorités de la wilaya », a-t-il annoncé.
A une question de la presse concernant les dossiers liés à la mémoire nationale, notamment celui de la récupération des crânes des chouhada, le ministre a fait savoir que « le travail se poursuit au niveau des hautes commissions mises en place dans son département ministériel en toute objectivité et selon une démarche scientifique ».
Farid Guellil
Le Courrier d’Algérie, 14/08/2022
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