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Mehdi Messaoudi
L’annonce de la tenue d’exercice militaire algéro-russe, appelé « Bouclier du désert 2022 », prévu au mois de novembre prochain dans la wilaya de Bechar, au Sud-ouest de l’Algérie, n’a pas laissé indifférent les medias marocains et espagnols et leurs experts-maison, qui ne pas tardé à impliquer l’Algérie dans des conflits de blocs.
Pourtant, cet exercice est programmé de longue date et n’a rien à voir avec les manoeuvres d’Africom tenues le mois de juin dernier au Maroc appelées « Lion of Africa » . L’exercice militaire « Bouclier du désert 2022 » répond à celui tenu en octobre de l’année dernière en Russie, plus précisément à Tsarskoïe en Ossétie du Nord, dans le cadre de la coopération militaire entre l’Algérie et la Russie.
L’indépendance de la décision, l’ADN de l’action algérienne
A l’opposé de ce que tentent de faire croire, les médias marocains, espagnols et occidentaux, l’Algérie s’inscrit dans le registre des pays soucieux de l’indépendance de leurs décisions et n’est jamais prête à faire partie d’un bloc ou un autre. Sa détermination à adhérer au Brics, est liée à ses convictions d’un pays-non-aligné soucieux de développer ses capacités de développement socioéconomique au profit de son Peuple et son environnement géopolitique, nécessaire et indispensable à la fois à la préservation de sa souveraineté politique , intégrité territoriale et unité de son Peuple.
Sa posture et son positionnement ( doctrine dogmatique de notre diplomatie ) équidistant des blocs lui interdit l’aventurisme des » connivences » de circonstance qui à court terme pourraient se transformer en carcan idéologico-culturel duquel il serait difficile de sortir à la moindre secousse ou crise systémique nouvelle. La persistance immuable de cette posture équidistante est l’ADN de notre diplomatie depuis des décennies et qui force d’ailleurs le respect des alliés et partenaires.
Les analyses farfelues du Makhzen
Comme nous l’avons déjà souligné, la tenue d’un exercice militaire algéro-russe dans le désert algérien, avait suscité les commentaires et analyses des médias pro-makhzen, tentant de justifier la présence militaire et sécuritaire de l’entité sioniste chez le voisin de l’Ouest. Des experts tentent de faire croire à l’opinion publique marocaine et occidentale, que l’Algérie est devenue un bastion de l’armée russe dans cette importante région du monde. C’est dans ce cadre, que Rachid Lazraq, professeur de sciences constitutionnelles à l’université de Tofail au Maroc, affirmait que « dans le contexte des transformations que connaît le monde, l’Algérie tente de se faire une place dans les grandes alliances » qui se forment.
Lazraq estime que l’Algérie, en accueillant les manœuvres, envoie un message à Washington et aux autres puissances occidentales, à savoir qu’elle est prête à entamer des négociations et à réaliser des équilibres en se présentant comme une figure importante dans la région nord-africaine.
Des propos démentis de facto par l’analyste algérien, Hakim Boughrara, dans une interview accordée à Al-Hurra que « l’adhésion de l’Algérie au Bouclier du désert avec la Russie s’inscrit dans un contexte de routine pour les manœuvres de l’Armée nationale populaire.
Hakim Bougrara a exclu que les manœuvres soient dirigées contre le Maroc. Dans son interview à Al-Hurra, il a souligné que l’Algérie « est un allié de la Russie et un client important des armes russes ». Pour sa part, l’expert algérien en sécurité Ahmed Mizab a convenu dans une déclaration à Al-Hurra que les manœuvres « font partie du programme de coordination et de coopération en matière de sécurité entre l’Algérie et la Russie à la lumière des relations stratégiques bilatérales et des défis croissants. »
Pour Ahmed Mizab, « ces manœuvres ne sont pas une réponse à d’autres manœuvres ou programmes militaires ».
Et l’expert en sécurité de poursuivre, dans son entretien avec le site Al-Hurra : « Étant donné que les dates ont été fixées plus tôt, et que le programme de coopération militaire n’est pas soumis à de tels critères, mais a plutôt des dimensions au niveau stratégique dans le cadre du renforcement des capacités et la dimension tactique, qui est la réponse à divers défis. Mizab estime que « ces manœuvres ont leurs contextes objectifs et ne sont pas liées à des comptes étroits, mais sont basées sur des règles objectives.
L’Africom et les accords d’Abraham
Il est clair, que l’Africom est en parfaite symbiose avec le renforcement de la coopération militaire et sécuritaire entre l’entité sioniste et le Maroc. Une alliance destinée à justifier la présence sioniste dans la région du Maghreb, porte de l’Afrique, et pour contrer de qui est appelée « l’influence maligne » de la Chine, de la Russie et de l’Iran à travers l’Algérie en Afrique. D’ailleurs, l’Africom est favorable au renforcement de la capacité militaro-industrielle de Rabat et de la modernisation de l’armée du roitelet, et par voie de conséquence, l’Africom propose une feuille de route pour une situation qui va au-delà du « leadership stratégique dans la région ».
Cette année, les premiers exercices menés par l’Africom ont été renforcés par des forces de l’armée sioniste. Le renforcement supplémentaire du partenariat israélo-marocain rendu possible dans le cadre des accords d’Abraham de 2020 permettra aux Etats-Unis de doubler leur présence stratégique en Afrique. »
Lors de la tenue des manoeuvres » Lion of Africa » un responsable d’Africom indiquait « L’administration américaine doit offrir davantage d’opportunités aux armées « partenaires » marocaine et israélienne de s’entraîner côte à côte, quitte à se soumettre à la nécessité de promouvoir Israël pour une pleine participation au Lion d’Afrique, en plus d’intégrer Israël dans d’autres accords multilatéraux, exercices régionaux, afin d’améliorer l’interopérabilité entre Israël, le Maroc et d’autres partenaires régionaux, prétendant qu’il s’agit d’une première étape essentielle vers la création d’un filet de sécurité fonctionnel et semi-autonome… »
Algérie54, 14/08/2022
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