L’Algérie ne t’oubliera pas, Djamel Bensmaïl!

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Il est impossible de dissocier la fougue de Djamel, son héroïsme, la belle réaction de son père et l’élan national d’empathie envers la famille Bensmaïl, du Mouvement populaire du 22 février 2019.

Saïd BOUCETTA

Il y a une année, presque jour pour jour, le martyr Djamel Bensmaïl était exécuté d’une manière abjecte par une horde d’assassins. Venu prêté main forte aux habitants de Larbaâ Nath Irathen, aux prises avec un gigantesque incendie criminel qui a coûté la vie à des dizaines d’hommes, femmes et enfants, le jeune homme était tombé dans un guet-apens tendu par un groupe haineux qui, après l’avoir tué, ont incinéré son corps. La vérité crue d’un événement unique en son genre. Les conséquences auraient été terribles pour la cohésion nationale, n’était-ce l’attitude hautement patriotique du père du martyr qui, avant même de quitter la ville de Miliana, a trouvé les mots pour déjouer le complot. «Les gens de la Kabylie sont nos frères. Nous ne cherchons pas la fitna. Que Dieu nous donne du courage. Mon fils est un chahid. Il est mort en héros», disait le père du martyr, affirmant que les citoyens de Larbaâ Nath Irathen étaient innocents du meurtre commis par un groupe d’assassins. L’attitude hautement patriotique de ce père de chahid a eu l’effet immédiat sur l’ensemble de la communauté nationale. Toute l’Algérie a salué les mots, les gestes et le courage d’un homme qui, a d’abord pensé à la sauvegarde de la nation avant de pleurer son fils. «Soyez fiers de Djamel. Mon fils est un héros. Vous avez un héros. Après Ali la pointe, on a Djamel Bensmaïl», disait-il en s’adressant aux citoyens de Miliana qui brûlaient de douleur pour Djamel. Ces derniers ont saisi le message au même titre que les habitants de Larbaâ Nath Irathen, de la Kabylie et de l’Algérie entière.

Le martyre de Djamel Bensmaïl n’a pas provoqué une faille dans le corps de la société algérienne, comme l’avaient espéré les forces de la haine. Bien au contraire, il a cimenté l’unité nationale et donné un élan encore plus fort à la solidarité qui s’est exprimée à l’endroit de la Kabylie au premier jour du sinistre. Et pour cause, les Algériens de Kabylie n’avaient pas été isolés, leurs frères et soeurs du reste du pays et l’État, représenté par son administration locale et centrale ont donné tout son sens au propos du père de Djamel Bensmaïl.

Panser les plaies de cette région du pays, si chère à tous, était une mission sacrée. D’Oran, de Constantine, d’Alger, de Tlemcen et d’ailleurs, de très nombreux collectifs ont entrepris des actions de soutien au reboisement, d’autres à rebâtir les logements. D’autres encore ont imaginé des plans complexes et astucieux pour régénérer la faune et la flore de la région. Bref, l’Algérie a vécu des semaines et des mois après le martyre de Djamel un état d’ «ébullition» bienfaiteur pour la cause de la reconstruction de ce qui a été détruit par les flammes. L’État se devait de répondre présent à toutes les sollicitations. Il a fait bien plus que cela, il a su admirablement accompagner la formidable dynamique et engager des moyens colossaux, organiser les opérations au plus haut niveau de responsabilité de la République. Le président Tebboune y a personnellement veillé.

Un an après l’horreur, l’Algérie, dans toute sa diversité, commémore cet événement douloureux dans l’unité et la fierté d’appartenir à la nation qui a enfanté, Larbi Ben M’hidi, Aïssat Idir, Ahmed Zabana, Djamel Bensmaïl et bien d’autres hommes et femmes qui ont payé de leurs vies l’amour qu’ils ont pour le pays. C’est cette même Algérie qui, soixante ans après le recouvrement de son indépendance, demeure très attaché aux symboles qui font d’elle une nation particulière avec une histoire unique en son genre. C’est certainement cette spécificité historique ayant participé à la renaissance de l’Algérie après la nuit coloniale, qui permet à la société d’enfanter des citoyens comme le père de Djamel Bensmaïl. Mais aussi des jeunes à l’image de Djamel, qu’on a vu à l’oeuvre un certain 22 février 2019 et les semaines qui avaient suivi. Il est, à ce propos impossible de dissocier la fougue de Djamel, son héroïsme, la belle réaction de son père et l’élan national d’empathie envers la famille Bensmaïl. La nation se doit de garder des traces de cet épisode, exceptionnel de patriotisme, dont a fait montre le peuple algérien. Des rues, des administrations culturelles, sociales ou éducatives doivent porter le nom de notre héros, à Tizi Ouzou et ailleurs dans le pays.

L’Expression, 13/08/2022

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