La volonté des Maliens

Mali, Algérie, Accord d’Alger,

Dans le tumulte des guerres en Ukraine et en Palestine, et la menace d’une autre entre la Chine et Taiwan, les voix des Maliens sont à peine audibles. Pourtant au sud des frontières algériennes, malgré les attentats et les tentatives de déstabilisation, le Mali construit patiemment son «Accord d’Alger». Les récentes déclarations de son ministre des Affaires étrangères appellent à l’optimisme, d’autant qu’en saluant les efforts de l’Algérie, il adhère clairement à l’option de la solution inclusive préconisée par Alger.

Il est, en effet, de tout temps clair que l’option strictement militaire n’a jamais conduit à une paix durable, quel que soit le conflit. Celui qui se trame au Mali depuis des décennies ne fait pas exception. L’ingérence très intéressée de la France dans la conduite des affaires dans ce pays a amené le chaos et confirmé la seule option possible pour fermer la porte à l’instabilité, à savoir un dialogue inter-malien sincère, sans autres interventions étrangères d’aucune sorte.

L’Algérie qui a toujours été le parrain des négociations entre les parties maliennes, avait, rappelons-le, lourdement insisté sur la nécessité de développer les négociations politiques pour trouver une solution définitive et durable à la question du nord Mali. La proposition algérienne s’appuyait sur des principes sérieux, à savoir l’intégrité territoriale du pays et la nécessité de développer les régions désertiques et déshéritées pour donner un maximum de chance à la paix. C’est en gros l’accord signé d’Alger entre les protagonistes de la crise malienne. Il s’est trouvé un chef de guerre par-ci, un général par-là, les deux manipulés par une puissance étrangère, pour que la question prenne le chemin de l’affrontement armé.

La suite, tout le monde la connait. Une fragilisation sans précédent de l’Etat, une invasion terroriste de plus de la moitié du territoire de ce pays et une intervention franco-africaine pour «faire traverser la frontière » aux hordes terroristes, sans pour autant donner la moindre piste sérieuse pour le règlement du problème malien qui, force est de le constater, a fait un tour de 360° pour revenir à la proposition algérienne de dialogue inter-malien. Cela pour dire qu’il ne suffit pas de décapiter une ou deux organisations terroristes pour crier victoire. La raison tient au fait que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, une guerre qui dure trop longtemps ne renforce pas un pays, bien au contraire. Aussi, le Mali, de par la faiblesse de son Etat, est présentement le réceptacle de tous les aventuriers et les brigands du monde. La solution n’est nulle part ailleurs que dans l’unité des Maliens et leur volonté de vivre en paix.

Par Nabil G.

Ouest Tribune, 08/08/2022

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