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Les dernières données disponibles de la Banque centrale marocaine s’affichent au rouge : le rapport établi par la BC du Maroc a montré que le taux des dettes non performantes du Maroc est passé à 8,5 % des facilités bancaires nettes à la fin de 2021, contre 8,2 % à la fin de 2020. En effet, la Banque centrale a déclaré dans son rapport annuel, lundi soir, que le total des créances accrochées à la fin de l’année dernière s’élevait à 85,1 milliards de dirhams (8,4 milliards de dollars aux prix d’aujourd’hui), contre 79,8 milliards de dirhams (7,8 milliards de dollars) à la fin de l’année dernière.
« Ce ralentissement de la croissance des prêts intervient dans un contexte marqué par la fin de la phase d’octroi de prêts garantis par l’État marocain, qui a été créée dans le cadre de mesures exceptionnelles pour faire face aux répercussions de la crise de coronavirus », lit-on.
On ne spéculera pas sur la santé du souverain, qui peut, en cas d’aggravation, chambouler encore toutes les cartes, ce qui a suscité la crainte des autorités israéliennes sur le maintien ou non des conventions passées avec Mohamed VI.
En concentrant toute la batterie politique, diplomatique, économique et de lobbying pour mettre en minorité l’Algérie et les positions algériennes, le Maroc s’est découvert les flancs les plus fragiles : les dettes ont augmenté, la colère sociale est devenue plus visible, au cœur même de Rabat, le ralentissement de la croissance est latent, le gouvernement Akhannouch a été mis sur le grill, la cherté de la vie alimente toutes les tentions, le manque de matières premières, et cerise sur la gâteau, « flirt contrarié » avec Israël est largement constaté.
La « normalisation » n’a pas eu l’effet escompté ni sur l’économie ni sur la pénétration marocaine au cœur des centres décisionnels, comme il le souhait ; au contraire, cette normalisation tout à fait contre-nature, et donc contre-productive, a fait que le Maroc perde des points sur la scène maghrébine, arabe, africaine et internationale. Ses rares soutiens, aussi puissants sont-ils, risquent de le débarquer à tout moment, a la faveur de la guerre en Ukraine qui a opéré une décantation et fait que chaque pays est en train d’assurer ses arrières, à commencer par les États Unis eux-mêmes.
En réalité, le Maroc obéît à une certaine logique. Obsédé depuis bientôt un demi-siècle par le Sahara occidental, il s’allie aux trois puissances du moment, les Etats Unis, Israël et la France, en leur faisant concession sur concession, lesquelles au final, seront sans contredit, préjudiciables pour les Marocains d’abord. Membre de la triple entente maroco-israélo-américaine, née de la réunion dite « Pacte d’Abraham », le Maroc emprunte depuis lors un parcours fléché et il lui sera difficile d’en remettre en cause l’itinéraire.
Les échecs du royaume remettent en cause le principe même de la monarchie, et devraient à terme, amener les Marocains à engager une sérieuse et profonde réflexion sur la suppression d’un régime détenteur de tous les pouvoirs, qui a abouti des dérives constitutionnelles qui ont mis l’État même en danger de mort. Voilà le constat fait d’abord, par les Marocains, et voilà pourquoi, le temps, pour la société marocaine, est à la contestation, une contestation qui n’est pas uniquement une colère des laissés-pour-compte. Et voilà également comment le Maroc a cramé ses cartes avec son environnement maghrébin et africain, qui observe les dérives du dernier colonisateur en Afrique l’œil torve et la lippe sévère.
L’Express, 27/07/2022
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