Algérie, Maroc,
Azzedine Belferag
Pour parler aux ânes, il faut savoir danser du ventre, courber l’échine, être un bon ventriloque et baver jusqu’à s’en dessécher le gosier. Eh oui, murmurer à l’oreille des ânes est loin d’être simple. Il ne suffit pas d’avoir une camera, un micro et une chaine Youtube. Non, il te faut d’abord des ânes, des dizaines de centaines de baudets qui te suivent comme ces souris qui suivirent le Joueur de flûte de Hamelin. Et là, ce n’est pas ça qui manque, rien qu’au retour du Maroc après une danse endiablée « fi khater Moulay moul les pépètes», tu pourras en avoir douze à la dizaine.
Les ânes ça ne manque pas, ça ne mange pas de pain et ça regarde aussi Youtube. Ensuite, leur chanter une berceuse genre « crache » toute ta haine contre ta mère-patrie, l’Algérie et le tour est joué. Tu verras alors tous les ânes du monde se prosterner à tes pieds nickelés et boire ta salive jusqu’à la lie.
Mais comme il se dit chez nous « idhoub ettelj wi bène … » et ce jour là tu verras tes ânes te tourner le dos, car dépités par tant d’âneries et tu deviendras un simple ânon parmi les ânes. Et qu’à force de trop vouloir murmurer à l’oreille des ânes, ils finissent par ruer et on t’appellera « Hichem lehmar ».
La Sentinelle, 21/07/2022
#Algérie #Maroc