De la bombe iranienne une fois de plus

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Mohamed Habili

Les Iraniens ont bien voulu confirmer dernièrement, alors que Joe Biden poursuivait sa visite au Moyen-Orient, ce dont à vrai dire tout le monde se doutait un peu, à savoir qu’ils étaient effectivement en capacité de fabriquer la bombe atomique, mais que telle n’était pas leur intention, du moins pas encore. La confidence en a été faite dans un entretien avec El Jazeera par un responsable iranien relevant du ministère des Affaires étrangères. On ne peut qu’être frappé par le contraste entre le calme olympien dont ce responsable iranien, Kamal Kharrazi pour le nommer, a fait preuve, en se fendant de cet aveu, et le visage toujours dur, âpre, que prennent les Israéliens, mais aussi parfois Européens et Occidentaux, quand il est question de la première bombe nucléaire iranienne. Etre en capacité de quelque chose, cela peut s’entendre de deux façons différentes, l’une d’ailleurs n’excluant pas nécessairement l’autre. Soit on veut dire qu’on possède déjà à la fois les instruments et les matériaux nécessaires à la fabrication de la chose en question ; soit qu’on sait comment s’y prendre du début à la fin, intellectuellement parlant, mais que pour autant on ne songe pas encore à faire honneur à ce savoir. Le plus simple ici est de le prendre dans les deux sens, et de supposer que les Iraniens sont en fait en capacité dans les deux.

Ce n’est pas un hasard s’ils ont attendu la visite de Biden au Moyen-Orient pour donner raison aux pires craintes des Israéliens, qui par ailleurs n’ont plus à sa soucier de convaincre les Américains quant à la réalité du danger qui les guette. Le fait est que cette visite leur a été entièrement consacrée, tout en se déroulant ailleurs que sur leur sol. Pour cause, il n’a été question que d’eux, et du danger qu’ils représentent, et pas seulement que sur Israël, mais également sur les autres alliés des Etats-Unis dans la région.

La «Déclaration de Jérusalem» aurait pu très bien s’appeler la «Déclaration sur l’Iran», étant donné qu’elle se ramène à l’engagement des Etats-Unis de ne jamais laisser l’Iran fabriquer la bombe. Alors les Iraniens ont cru bon d’y aller de leur propre déclaration en la matière : oui, nous sommes déjà en capacité de fabriquer la bombe, oui nous avons profité de l’abandon par les Américains de l’accord de Vienne pour franchir les dernières étapes nous séparant de notre objectif, oui nous sommes maîtres de la décision afférente, que toutefois nous n’avons pas encore prise.

Après cela, logiquement, Israël n’a plus qu’à attaquer. Il n’en fera rien cependant. Non pas parce que la bombe iranienne n’existe pas encore, et que les Américains ne se sont engagés qu’à empêcher sa fabrication, non pas à la détruire une fois fabriquée. Faire en sorte qu’une machine ne soit pas montée est une chose, la détruire une fois qu’elle l’est, c’en est une autre.

Israël fêtera bientôt ses quatre-vingts ans d’existence. Depuis que le monde est monde et qu’il est question d’Israël, son Etat, à supposer qu’il soit le même dans la suite obscure des temps, n’a jamais existé plus de quatre-vingts ans. Les plus fatalistes d’entre les Israéliens sont à peu près certains que cette fois-ci non plus il n’en réchappera pas, que beaucoup de signes le montrent.

Dans six ans, la bombe iranienne sera fabriquée, du moins le croient-ils. Et ce sera bien elle la moindre des choses qui puissent arriver à Israël.

Le Jour d’Algérie, 18/07/2022

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