Crise énergétique au Maroc: Du marasme au soulèvement populaire

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Le régime marocain fait face depuis des mois à un mécontentement social et politique sans précédent. En plus de la crise économique, le pays connait une inflation galopante avec une flambée des prix des produits alimentaires et énergétiques. La situation est devenue critique depuis que les prix des carburants ont atteint des records à la pompe, déstabilisant complètement le secteur des transports dans le royaume.

Les grèves et les manifestations se multiplient pour dénoncer cet état de fait et surtout l’impuissance criarde du gouvernement du Makhzen à trouver des solutions à la crise.

Il y a quelques jours, l’Association professionnelle des dépositaires grossistes du gaz de pétrole liquéfié a décidé de cesser toute distribution de bonbonnes de gaz butane les 29 et 30 juin derniers, dans un mouvement de débrayage national.

Elle a affirmé dans son communiqué que cette grève nationale est motivée par l’augmentation “vertigineuse des prix des produits énergétiques, du gasoil en particulier, des prix des pièces détachées et des pneumatiques”.

Des charges qui pèsent sur les distributeurs des bonbonnes de gaz butane, dont la marge bénéficiaire est réglementée et demeure la même en raison du plafonnement des prix du gaz butane au Maroc.

Pour l’Association, les problèmes soulevés et à l’origine de cette grève sont à même de mener le secteur à une “faillite des dépositaires et distributeurs du GPL en gros”.

Mais c’est surtout les tarifs affichés des carburants (essence et gasoil) qui battent des records atteignant 7,00 DH pour l’essence et 6,00 DH pour le gasoil. Durant le seul mois de juin, les prix ont connu quatre hausses successives. La montée en flèche des prix des carburants dans les stations services a plongé le pays dans une crise sans précédent.

Le gouvernement n’a trouvé d’autre stratégie que d’inviter les marocains à “revoir leurs modes de consommation d’énergie”. Une ministre a affirmé que “les Marocains doivent impérativement revoir leurs modes de consommation des produits énergétiques pour atténuer l’impact de la crise” au Maroc, où les prix du diesel et de l’essence tournent autour des 20 dirhams dirhams le litre.

Pour les Marocains, cette flambée des carburants profitent à une seule personne : le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, un proche du Roi Mohamed VI et archi-milliardaire. Il détient le monopole dans l’importation et la vente au Maroc des produits pétroliers.

D’ailleurs, à chaque occasion, il est pointé du doigt, accusé d’être le seul profiteur de cette crise. Depuis quelques jours, un hashtag « Akhannouch irhal (dégage) » a envahi la toile dans le royaume, atteignant plus de 800.000 partages , entre citoyens, fonctionnaires, employés, ouvriers, enseignants, intellectuels, médecins et journalistes.

Récemment, à Agadir, au sud du pays, ce Premier ministre a été chassé par le public, alors qu’il est venu assister à une soirée d’un festival local. Sa présence a été jugée comme une provocation et Akhannouch fut contraint de quitter précipitamment les lieux.

Cette crise énergétique a fait réagir les mouvements politiques, qui n’ont pas cessé de dénoncer la situation. Pour le coordinateur national du Front social marocain, Younes Farachen, ” le phénomène de la hausse des prix touche tous les pays, mais des mesures concrètes ont été prises par les Etats concernés pour protéger le pouvoir d’achat de leurs citoyens. Au Maroc, on n’a rien vu de tel”, a-t-il déploré.

Il faut dire qu’en plus de cette flambée des prix des produits de consommation et des carburants et les tensions sociales, le Maroc est confronté à la restriction des libertés des partis politiques et des associations par le Makhzen. Ce dernier leur interdit l’exercice normal de leurs activités, en plus de la violation des droits dans divers secteurs tels que l’éducation, la santé, les médias ou encore les droits de l’Homme. Le régime policier de Rabat continue de fabriquer des accusations fallacieuses contre les journalistes et autres blogueurs, multipliant les emprisonnements des militants et activistes.

Par Mohamed Kouini

Le Jeune Indépendant, 17 juil. 2022 à 18:27

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