Avant de quitter le Mali, la France prépare sa future stratégie

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-Les troupes françaises quitteront le Mali à la fin de l’été
-Les ministres se rendent au Niger, nouveau cœur des opérations
-Paris consulte ses partenaires régionaux et vise un plan pour septembre.
PARIS, 13 juillet (Reuters) – Des responsables français se rendent vendredi au Niger pour redéfinir la stratégie du pays dans la lutte contre les militants islamistes au Sahel, alors que des milliers de soldats achèvent leur retrait du Mali et que les inquiétudes grandissent quant à la menace croissante qui pèse sur les Etats côtiers d’Afrique de l’Ouest.

Les coups d’État au Mali, au Tchad et au Burkina Faso ont affaibli les alliances de la France dans ses anciennes colonies, enhardi les djihadistes qui contrôlent de vastes étendues de désert et de brousse, et ouvert la porte à une plus grande influence russe.

On craint de plus en plus que le retrait de 2400 soldats français du Mali – épicentre de la violence dans la région du Sahel et bastion des affiliés d’Al-Qaïda et de l’État islamique – n’aggrave la violence, ne déstabilise les voisins et ne favorise les migrations.

Le retrait devant s’achever à la fin de l’été, la nouvelle ministre française des affaires étrangères, Catherine Colonna, et le ministre de la défense, Sébastien Lecornu, arrivent au Niger vendredi pour sceller le redéploiement régional.

Le Niger deviendra la plaque tournante des troupes françaises, avec quelque 1 000 soldats basés dans la capitale Niamey, avec des avions de chasse, des drones et des hélicoptères. Quelque 300 à 400 soldats seront envoyés pour des opérations spéciales avec les troupes nigériennes dans les régions frontalières avec le Burkina et le Mali, ont indiqué des responsables français lors d’un point de presse.

Sept cents à mille autres seraient basés au Tchad, tandis qu’un nombre non communiqué de forces spéciales opérerait ailleurs dans la région. Les troupes françaises n’effectueront plus de missions ou ne poursuivront plus de militants au Mali une fois la sortie terminée, ont précisé les responsables.

« Au-delà du Mali, le recul démocratique en Afrique de l’Ouest est extrêmement préoccupant avec des putschs successifs au Mali à deux reprises, en Guinée en septembre 2021, au Burkina Faso en janvier de cette année. La France continuera néanmoins malgré ces événements, ce retrait du Mali, à aider les armées ouest-africaines à lutter contre les groupes terroristes », a déclaré Colonna lors d’une audition parlementaire mardi.

« Nous sommes en train de consulter nos partenaires concernés pour définir avec eux, en fonction de leurs demandes et de leurs besoins, la nature du soutien que nous pouvons leur apporter. »

Une source diplomatique française a déclaré que l’objectif était de présenter une nouvelle stratégie au président Emmanuel Macron en septembre.

Les responsables français ont déclaré qu’à l’avenir, il incomberait aux pays de la région de prendre en charge la sécurité, tout en se concentrant davantage sur le développement, la bonne gouvernance et l’éducation. Les ministres devraient annoncer une aide de 50 millions d’euros pour améliorer le réseau électrique du Niger ainsi qu’un soutien budgétaire.

L’un des principaux sujets de préoccupation est de savoir si et comment les troupes françaises et européennes seront utilisées pour soutenir les pays de la zone côtière du golfe de Guinée, tels que le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire, où l’on a constaté une augmentation des attaques. La branche régionale d’Al-Qaïda a déclaré qu’elle porterait son attention sur la région.

Les responsables français ont déclaré qu’à ce stade, il n’y avait pas eu de demande officielle d’assistance militaire supplémentaire. Certains pays européens ont manifesté leur intérêt pour la poursuite des opérations régionales après le Mali, ont-ils ajouté.

M. Lecornu se rendra samedi en Côte d’Ivoire, qui accueille également des troupes françaises, tandis que M. Macron devrait se rendre au Bénin à la fin du mois de juillet, a précisé M. Colonna.

Reuters, 13 jui 2022

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