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Depuis le macabre crime des services de sécurité marocains ayant couté la vie à des dizaines de migrants africains à la frontière entre Nador et Melilla dans le nord du Maroc, l’Union européenne et l’Espagne usent de stratagèmes pour ne condamner ce massacre qu’à demi-mot. Pire encore, ils s’activent intensément pour redorer le blason d’un Makhzen aux abois face à l’indignation internationale.
C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la dernière réunion entre l’UE, l’Espagne et le Maroc à rabat. Officiellement, la réunion tenue le 8 juillet dernier à Rabat et regroupant la Commissaire européenne chargée des affaires intérieures, Ylva Johansson, et le ministre espagnol de l’intérieur, Fernando Grande-Marlaska ainsi que le ministre de l’intérieur marocain de l’intérieur Abdelouafi Laftit, entrait dans le cadre du dialogue politique régulier entre le Royaume et l’UE, selon un communiqué conjoint signé par les trois parties. Sauf que l’intitulé de la réunion ne peut pas passer inaperçu face au drame survenue à Melilla il y a deux semaines.
Le communiqué publié sur le site de l’UE parle de « lancement d’un partenariat rénové en matière de migration et de lutte contre les réseaux de trafic de personnes », sans que le contenu des discussions et de ce nouveau partenariat soient clairs.
« Le nouveau partenariat opérationnel en matière de lutte contre le trafic de personnes entre la Commission et le Maroc pourra couvrir notamment le soutien à la gestion des frontières, le renforcement de la coopération policière, y compris les enquêtes conjointes, la sensibilisation aux dangers de la migration irrégulière, ainsi que le renforcement de la coopération avec les agences de l’Union européenne chargées des affaires intérieures », écrivent les trois parties signataires du communiqué. L’on remarque qu’il s’agit de professions de foies et non d’un plan opérationnel bien détaillé, ce qui laisse planer un doute sur les objectifs réels de cette rencontre.
Condamnation des victimes
Le communiqué en question, au lieu qu’il fasse la lumière sur le crime de Melilla et exiger du Maroc et de l’Espagne de mener des enquêtes sérieuses afin de rendre justice aux victimes et condamner les auteurs notamment les commanditaires, il n’a pas tari d’éloges la politique migratoire du Makhzen marocain. « La Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA) constitue aujourd’hui un modèle de gestion migratoire des plus avancés, tant sur le plan législatif qu’institutionnel, ayant permis de régulariser la situation administrative de plusieurs milliers de migrants et de les intégrer dans la société marocaine. Le Maroc est également l’un des États fondateurs du processus de Rabat et sa Majesté le Roi Mohammed VI est désigné par ces pairs Chefs d’États africains comme leader du Continent africain dans les questions migratoires », lit-on dans le même communiqué.
Cette scandaleuse opération de communication visant à disculper le Maroc et l’Espagne de leur responsabilité dans ce drame humain ne s’arrête pas dans la promotion de la supposée politique migratoire efficace du Makhzen, mais elle condamne dans des mots bien choisis l’acte des migrants en dénonçant « des réseaux criminels » qui ont commandité cette tragédie. « Ces évènements, outre leur dimension de tragédie humaine, démontre l’extrême dangerosité et violence des réseaux de trafic de personnes qui sont prêts à tous les risques ». Aucun mot sur les violences policières et la barbarie des services de sécurité marocain, pourtant documentées par des vidéos qui ont fait le tour de la planète. Cette « complicité affichée » de l’UE et de l’Espagne explique pourquoi le régime marocain n’a même pas traduit en justice des éléments de ses services de sécurité impliqués dans ce drame.
A la lecture de ce texte publié par l’UE, l’on ressent une condamnation des victimes et une tentative à peine voilée d’innocenter les services de sécurité marocains. Pendant ce temps, les tribunaux marocains continuent de condamner des migrants rescapés de ce « vendredi noir ».
Disparitions forcées
Bruxelles et l’Espagne font désormais front commun contre les opinions européennes afin de desserrer l’étau sur le Maroc pour avoir commis un des crimes les plus odieux de ces dernières années contre les migrants.
Au moment où les trois parties se réunissent à rabat pour tenter de faire baisser la pression sur le Maroc, les témoignages des rescapés se succèdent et le bilan s’alourdit. Le bureau de Nador de l’association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), a même documenté des cas de disparitions forcées des migrants africains et lance depuis le 24 juin des alertes.
L’Algérie aujourd’hui, 10 jui 2022
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