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Abu Bakr Azaitar, est un boxeur MMA (Mixed Martial Arts). Né à Cologne, en Allemagne, de parents immigrés originaires d’Al Hoceima, dans le Rif, le jeune homme est considéré aujourd’hui comme le principal responsable de la détérioration morale de l’image d’un roitelet qui porte le titre de « commandeur des croyants » et se réclame « descendant direct du prophète Mohammed ».
Il a pris ses aises. Installé au palais royal de Rabat, « Abu Azaitar » comme on l’appelle a fait, depuis, venir ses deux frères, Ottman et Omar, ainsi que d’autres membres de sa famille », nous apprend un article de Middle East Eye sous la plume de Ali Lmrabet, un journaliste marocain, ancien grand reporter au quotidien espagnol El Mundo. « La fratrie Azaitar est considérée aujourd’hui, quatre ans seulement après avoir mis les pieds au Maroc, comme une prospère famille rentière ».
Elle est surtout perçue par une partie importante du makhzen comme une excroissance qui perturbe le fonctionnement normal d’un État autoritaire dont la structure n’accepte aucune matière exogène », révèle-t-il. Les frères Azaitar, écrit-il, « se comportent comme en territoire conquis », notant qu’ « il y a manifestement mélange des genres entre la sphère intime et l’État ».
Cela commence à jaser. Certains pontes de l’État profond veulent éliminer une personne de l’entourage royal contre apparemment la volonté du roi. « Depuis quelques années, des segments entiers du makhzen, surtout ses deux principaux services de renseignement, la DST (Direction générale de la Sûreté du territoire) et la DGED (Direction générale des études et de la documentation), mènent une course à bride abattue pour tenter de chasser de l’entourage direct du roi, Mohammed VI, celui qui est devenu depuis 2018 son principal ami », suggère Ali Lmrabet.
Il confie que Abu Bakr Azaitar, « règne en maître avec l’onction d’un roi gravement malade mais qui le défend et le couvre de cadeaux et de somptueuses prébendes : un palais à Tanger, des voitures de luxe et de juteuses concessions commerciales obtenues avec une facilité déconcertante».
Une situation qui, bouscule la structure opaque du pouvoir au Maroc, celle-là même qui a consenti, il y a quelques années, à l’irruption d’Abu Azaitar dans la société marocaine, la présentant tantôt comme le symbole de la réussite marocaine à l’étranger, tantôt comme un groupe de flamboyants « gladiateurs marocains », voire des champions « majestueux », dixit Maroc Hebdo.
Le roi en personne a fait asseoir à ses côtés Abu Bakr et Ottman lors d’une prière du vendredi. Un « privilège rarissime », commente-t-il.
Abu Azaitar et ses frères trainent derrière eux de lourdes casseroles, révèle encore, l’ancien grand reporter au quotidien espagnol El Mundo, qui souligne que lui et ses frères sont des repris de justice multirécidivistes condamnés en de multiples reprises pour des délits et des crimes en Allemagne.
Il énumère le très long casier judiciaire des Azaitar livré par Hespress, un site proche des milieux sécuritaires, à ses lecteurs le 1er mai 2021 « Vols, extorsion de fonds, fraudes, violences physiques, association de malfaiteurs, vols qualifiés et récidive, escroquerie informatique, conduite sans permis, atteinte à l’intégrité physique causant une incapacité permanente, coups et blessures, trafic de stupéfiants, faux et usages de faux et résistance à force de l’ordre ».
Plus que ça ! Abu Azaitar serait devenu un chambellan officieux du roi qui détient le privilège de juger qui a le droit d’être reçu et qui ne l’a pas, révèle-t-il encore, en s’interrogeant, « comment concevoir que des criminels condamnés puissent partager la vie du roi du Maroc dans le sacro-saint antre du pouvoir alaouite, le palais royal ou ce qu’on appelle « Dar El-Makhzen » ?
Et une question qui fuse machinalement : Mohammed VI est-il au courant de tout ce qui est écrit sur ses amis ou est-il totalement sous emprise ? se questionne-t-il, pour qui, « les principales victimes des Azaitar, les El Himma, Hammouchi et Mansouri, sont ceux qui ont contribué dans le passé, en mordant si nécessaire, à consolider les pouvoirs exorbitants du roi ».
Aujourd’hui, écrit-il, ils se retrouvent avec un gros dilemme ». Comment convaincre le roi d’expulser de son plein gré ces gênants personnages ? Une question à laquelle que les preux peuvent répondre ! « Que celui qui se sent capable de prendre son courage à deux mains et d’aller dire à Mohammed VI que les frères Azaitar sont en train de saper les fondements moraux lève la main », conclut Ali Lmrabet.
Fil d’Algérie, 13/07/2022
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