Les entreprises espagnoles regrettent le marché algérien

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Par : Hamid Mecheri

Le gouvernement de Pedro Sánchez ne compte plus ses couacs et échecs diplomatiques aux ramifications politiques, mais surtout économique.

Une semaine après que l’Algérie a gelé toutes les transactions bancaires avec les entreprises espagnoles, le ministère des Affaires étrangères de la péninsule ibérique tente toujours de décrypter l’ampleur et les conséquences d’une crise diplomatique qui menace de déborder. Alors que le chef de gouvernement espagnol s’accroche et persiste a impliqué les autres États de l’Union européenne (UE) dans son conflit avec l’Algérie, ces derniers ne semblent pas prêts à renoncer de l’amitié d’un pays qui a longtemps fait preuve de sérieux diplomatique et d’un partenariat de longues années et sans équivoque notamment dans domaine énergétique, pour céder aux caprices de Sánchez. Le gouvernement espagnol a cependant commencé à prendre conscience des conséquences désastreuses de ses aventures diplomatiques. « Le slogan qui se répète le plus au palais de Santa Cruz [siège du ministre des Affaires étrangères espagnol à Madrid, Ndlr], du moins face au public, est de rechercher « une solution négociée » et de s’accrocher à Bruxelles pour analyser si l’accord d’association entre le bloc et le pays maghrébin a été violé », a écrit le quotidien espagnol « Las Provincias ». Mais la réalité est que les « alliés européens » de Madrid sont beaucoup plus intéressés à ancrer davantage leur présence économique en Algérie, en lieu d’exacerber les choses, a décortiqué le même média. Ils ne veulent plus entendre parler de crise mais de partenariat renforcé avec l’Algérie.

« Parmi les entreprises espagnoles qui commercent avec l’Algérie, la crainte a déjà commencé à se répandre que d’autres entreprises étrangères, notamment italiennes et françaises, ne prennent la place qu’elles ont provisoirement laissée vacante », a révélé « Las Provincias ».

Dans une note adressée aux banques, l’Association des banques et établissements financiers (ABEF) a annoncé le gel des domiciliations bancaires des opérations de commerce extérieur de produits de et vers l’Espagne à partir du jeudi 9 juin. L’Institution financière a expliqué cette mesure par la suspension par l’Algérie du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne. Un coup dur pour les échanges extérieurs bilatérales entre les deux pays, d’autant que beaucoup d’entreprises d’importation ou d’exportation activent sur cet axe. D’après Las Provincias, la CEOE (La Confederación Española de Organizaciones Empresariales), principale organisation patronale espagnole, s’est réunie mercredi dernier pour étudier la situation et ses membres se sont montrés très inquiets. Selon la même source, il va de soi chez les employeurs qu’ils vont perdre des clients algériens. Les opérations effectuées avant le 9 juin ne sont pas concernées et les paiements se font normalement, comme le rapporte les Affaires étrangères. Mais cela n’arrive pas avec celles menées à une date postérieure à la rupture du traité d’amitié entre les deux pays, a souligné le journal espagnol.

Une entreprise espagnole a dû jeter plus de 30 tonnes de poissons

32 000 kilos de poissons sont arrivés au port de Ribeira (La Corogne) mercredi dernier en provenance d’Algésiras (région d’Andalousie). Le produit a été déchargé d’un navire et stocké dans des conteneurs. Cependant, sa destination n’était pas le marché. C’était la poubelle, a rapporté hier, le site d’information espagnol « niusdiario.es ». Cette quantité de poissons faisait partie d’une cargaison que Pescados Moncho, une société basée à Ribeira, avait vendue à l’Algérie. Une marchandise qui, finalement, n’a pas pu être expédiée en raison de la suspension de la domiciliation bancaire des transactions commerciales. Cette entreprise est fortement affectée par la situation. Ses responsables a expliqué au site précité qu’ils vendent des marchandises à l’Algérie depuis quatre ans et que ces ventes représentent 50 % de son chiffre d’affaires. Elle leur fournit, principalement, du lys et du merlan. Une moyenne de 60 tonnes par semaine. « Il y a deux mois, nous avons commencé à remarquer des problèmes, mais la semaine dernière, les exportations ont été automatiquement interrompues », explique Ramón Fernández, le directeur de l’entreprise, cité par le média espagnol.

Cet exportateur de poisson a vu comment mercredi dernier plus de 30 tonnes de lys ont été bloquées, malgré le fait que la marchandise était déjà vendue et prête à être envoyée en Algérie depuis Algésiras (Cadix). « Ils nous ont dit que la marchandise ne pouvait pas être expédiée car l’Algérie avait coupé les relations avec l’Espagne », explique-t-il. Sa valeur a atteint 68 000 euros. Enfin, toutes les marchandises sont retournées à Ribeira. Sa fin : finir transformé en farine de poisson.

10 000 conteneurs de poisson en moins par jour

La suspension des transactions en commerce extérieur avec l’Espagne cause des milliers d’euros de pertes uniquement dans ce port de La Corogne. Car le problème ne concerne pas seulement cette entreprise qui exporte du poisson, mais aussi toute la chaîne de production. Le ralentissement des exportations frappe aussi durement, par exemple, les fabricants de caisses en polystyrène. Andrés Pérez, responsable de Porexgal, affirme que 50 % des conteneurs qu’ils fabriquent sont destinés à l’Algérie. « Depuis que cela a commencé, j’ai arrêté de vendre environ 10 000 boîtes par jour. Pour nous, l’Algérie était un client prioritaire », dit-il, dans des propos rapportés par « niusdiario.es ». « Si cela n’est pas résolu, de nombreux emplois seront perdus, tant pour mon entreprise que pour les bateaux qui doivent transporter le poisson, pour ceux qui nous font l’emballage, le transport, celui qui nous approvisionne en glace, les palettes.. Tout est une chaîne », explique le gérant de Pescados Moncho.

E-bourse, 18 juin 2022

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