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Le puissant syndicat a fait grève le 16 juin pour exiger une augmentation des salaires et s’opposer aux plans de privatisation du président Saied.
Le puissant syndicat tunisien UGTT a appelé à une grève nationale le 16 juin pour exiger une augmentation des salaires et s’opposer aux propositions de réduction des dépenses et de privatisation du président Kais Saied alors que le pays fait face à une crise économique.
« L’ensemble du personnel » de 159 institutions étatiques et entreprises publiques s’arrêtera de travailler pour exiger « des négociations immédiates pour restaurer le pouvoir d’achat des Tunisiens » et des garanties que les entreprises publiques resteront publiques, a indiqué mardi le comité central de l’UGTT dans un communiqué.
L’UGTT a rejeté les propositions de réduction des dépenses et souhaite à la place des augmentations de salaire pour les travailleurs de l’État, l’inflation ayant atteint un niveau record de 7,5 % en avril, contre 7,2 % en mars.
La Tunisie fait face à sa pire crise financière et sollicite un prêt de 4 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI) jugé nécessaire pour éviter la faillite nationale, en échange de réformes impopulaires, notamment des réductions des subventions alimentaires et énergétiques et des gels de salaires.
Avec plus d’un million de membres, l’UGTT est la force politique la plus puissante de Tunisie. La grève représentera le plus grand défi à ce jour pour le président Saied après sa saisie de larges pouvoirs et son passage à un gouvernement à un seul homme en juillet dernier.
Le syndicat a accusé le gouvernement de Saied de « saper le principe de négociation et de revenir en arrière sur les accords précédemment conclus », à un moment où le pays d’Afrique du Nord connaît « des hausses de prix insensées et continues ».
Saied, qui a pris le pouvoir exécutif et dissous le parlement pour gouverner par décret, a depuis déclaré qu’il remplacerait la constitution démocratique de 2014 par une nouvelle constitution par référendum le 25 juillet.
Les gains démocratiques « sapés »
Les opposants au président l’accusent d’un coup d’État qui a sapé les acquis démocratiques de la révolution de 2011 qui a déclenché le printemps arabe, mais il affirme que ses actions étaient légales et nécessaires pour sauver la Tunisie d’une crise politique prolongée.
Le projet de Saied de rédiger une nouvelle constitution s’est heurté à une forte opposition des partis politiques, qui disent qu’ils ne participeront pas aux réformes politiques unilatérales et qu’ils boycotteront le référendum.
Le 23 mai, l’UGTT a annoncé qu’elle ne participerait pas à un dialogue national proposé par Saied.
Alors que Saied se concentre sur le changement de la politique tunisienne, les critiques disent qu’il ne prête pas assez d’attention à l’effondrement de l’économie du pays. Il a répété à plusieurs reprises que la Tunisie était riche mais que l’élite politique volait l’argent du peuple, ce que ses opposants qualifient de populisme.
Le déficit budgétaire de la Tunisie atteindra 9,7 % du produit intérieur brut (PIB) cette année, contre 6,7 % précédemment prévu, en raison d’un dollar américain plus fort et d’une forte augmentation des prix des céréales et de l’énergie, a indiqué le gouverneur de la banque centrale, Marouan Abassi. dit ce mois-ci.
L’agence Fitch Ratings a prévenu lundi que les tensions entre le gouvernement et l’UGTT entravaient les négociations avec le FMI.
« Passer des réformes politiques et économiques sans le soutien de l’UGTT serait difficile », a-t-il déclaré.
Aljazeera, 31 mai 2022
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