Algérie, corruption, clientélisme, reconstruction nationale,
S’il y a une chose dont on a gavé jusqu’à la nausée le citoyen algérien depuis des décennies, ce sont des discours non suivis d’actes. On discourt, on promet, on s’engage et au final, rien! rien de rien ! Le gouvernement actuel doit éviter à tout prix les discours et les engagements creux pratiqués à l’échelle industrielle sous l’ancien régime. Que n’a-t-on pas entendu comme discours depuis au moins deux décennies sur la dynamique de reconstruction nationale, sur la stabilisation du dinar, sur des législations en mesure de protéger les biens publics, sur les programmes spéciaux au profit des wilayas des Hauts Plateaux et du Sud, sur le développement de l’industrie pétrochimique et la modernisation des entreprises publiques, sur la bonne maturation des projets afin d’écarter les réévaluations des coûts, sur le développement de la technologie dans les filières céréalières et semencières pour atteindre l’autosuffisance alimentaire…etc.? Et qu’a-t-on au final ? Que du gâchis !
Une économie qui repose quasi-exclusivement sur les revenus issus des exportations d’hydrocarbures et un pays rongé par la corruption et le clientélisme ! On se souvient encore de la célèbre diatribe de Bouteflika en 1999 qui disait « Je suis triste de dire, que je ne suis pas fier d’être Algérien alors que je sais que 1000 dinars algériens valent 30 dirhams marocains ». Et l’on connaît maintenant les tristes résultats de ses vingt ans de règne ! Plus jamais ça ! Les Algériens exigent maintenant des actes, pas des discours, de la vérité , pas du mensonge ! Ils ont tellement entendu des discours, des promesses, des engagements sans lendemain qu’ils ont fini par les prendre en horreur.
Après Mohamed Arkab, le ministre de l’énergie et des mines qui s’est engagé à relancer les grands projets miniers structurants comme la mine de fer de Ghar Djebilet à Tindouf en joint-venture avec un partenaire chinois ainsi qu’à exploiter le gisement de zinc et de plomb à Oued Amizour, Béjaia et le gisement du phosphate à Bled (Tébessa), le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni vient d’annoncer de son côté que l’Algérie pourrait se passer d’ici deux années de l’importation des semences de certains produits de large consommation.
Ce sont là de bonne nouvelles à condition qu’elles aboutissent et qu’elles connaissent leur réelle concrétisation sur le terrain. Car les promesses avancées depuis des années sur ces projets justement n’ont jamais abouti. Sous les Gouvernements Ouyahia et Sellal, on n’a jamais cessé de répéter que l’Algérie réalisera sa sécurité alimentaire et atteindra son autosuffisance alimentaire à l’horizon 2022 et on est toujours là à dépendre en tout de l’étranger. Les engagements avancés par les ministres des mines et de l’agriculture doivent être concrétisés car il y va de la crédibilité de tout le gouvernement. Que la politique des discours creux soit à jamais bannie !
L’Express, 24 mai 2022