Rapport: Importer de l’hydrogène nuira à l’Afrique du Nord – Union Européenne, Maroc, Algérie, Egypte, Repower EU, Russie, Ukraine, énergies renouvelables,
Bruxelles, 16 mai (EFE).- Le projet de la Commission européenne d’augmenter « drastiquement » l’hydrogène renouvelable dans l’Union européenne « n’est pas réaliste » et nuira au Maroc, à l’Algérie et à l’Egypte, selon un rapport publié ce lundi par l’association Corporate Europe Observatoire et le groupe de réflexion de l’Institut Transnational.
« Cela n’a guère de sens pour le Maroc, l’Algérie ou l’Egypte d’utiliser leur électricité renouvelable pour fabriquer de l’hydrogène et des produits à base d’hydrogène, puis de l’expédier vers l’Europe, avec une perte d’énergie importante, afin que l’Union européenne puisse réaliser des réductions d’émissions climatiques », notent les auteurs de l’étude.
Ces organismes considèrent que « les coûts de production rendront l’hydrogène renouvelable jusqu’à 11 fois plus cher que le gaz naturel », avant même que les « coûts de transport » ne soient pris en compte par les navires ou les pipelines.
Ce calcul est issu des prévisions de prix de production d’une centrale solaire à hydrogène vert prévue par l’italien Eni en Algérie, qui générerait 1 gigawatt à 4,40 dollars le kilo d’hydrogène, soit 11 fois plus cher que le prix du gaz naturel. en Europe par unité d’énergie, avec des données antérieures à la crise des prix de l’énergie et à l’invasion de l’Ukraine.
La liquéfaction de l’hydrogène nécessite trois fois plus d’énergie que le gaz naturel, donc le même navire chargé avec ce carburant ne transfèrerait que 27% d’énergie par rapport à une charge de gaz, auquel s’ajoute que chaque jour 0,2% d’hydrogène, les auteurs de souligne le rapport.
De plus, si l’hydrogène circule dans les gazoducs, il faut tripler l’énergie dépensée pour le pomper, car il est plus dense, et les gazoducs et les composants électroniques seraient endommagés.
« La production d’hydrogène renouvelable coûteux pour l’exportation est un énorme gaspillage d’énergie propre des pays d’Afrique du Nord qui pourrait plutôt être utilisée pour le développement local et aider à atteindre leurs propres objectifs climatiques », résument les auteurs.
La critique de Corporate Europe Observatory et du Transnational Institute intervient à la veille de la présentation par la Commission ce mercredi des détails du plan « Repower EU » pour éloigner l’UE du gaz russe, avec pour objectif de réduire les importations de deux tiers en un an et les abandonner à la fin de la décennie.
La Commission européenne, selon les projets de plan qui ont émergé, fixe l’objectif d’importer 10 000 millions de mètres cubes de gaz (10 milliards de m3) par an dans l’UE d’ici 2030, en plus de produire 20 milliards de m3 supplémentaires sur le territoire communautaire.
Cet hydrogène vert – obtenu avec des procédés alimentés par des énergies renouvelables – proviendrait principalement du nord de la Méditerranée et aussi d’Ukraine. et les auteurs du rapport craignent que cet objectif « irréaliste » de la Commission européenne ne permette aux compagnies gazières d’utiliser plus facilement l’hydrogène comme une « porte dérobée » pour continuer à développer leur activité traditionnelle.
Ils se demandent également « qui va payer la facture » des coûts élevés de ces importations et préconisent plutôt que l’UE « augmente fortement les investissements dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables pour réduire la dépendance au gaz ».
Plus précisément, l’étude interroge la « rentabilité » des initiatives communautaires de production d’hydrogène vert en Afrique du Nord.
Dans les pays producteurs de gaz et de pétrole, comme l’Algérie et l’Egypte, les projets explorés « ne reposent pas seulement sur l’électricité renouvelable » pour générer de l’hydrogène vert, mais « également sur le gaz avec stockage de captage de carbone (hydrogène bleu) », soulignent-ils. .
Dans le cas du Maroc, ils craignent qu’il ne détourne l’hydrogène qu’il prévoyait d’utiliser pour générer de « l’ammoniac vert » pour l’industrie des engrais, ce qui servirait à réduire ses importations « sales ». EFE
Swissinfo, 16 mai 2022
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