Stora admet la difficulté de la réconciliation et la mémoire – Algérie, France, colonisation, crimes coloniaux, 8 mai 1945,
L’historien français Benjamin Stora, auteur du rapport sur la mémoire du colonialisme français en Algérie, a fait allusion à la difficulté de parvenir à un consensus entre l’Algérie et Paris concernant le dossier de la mémoire, mais, en revanche, il a exprimé son espoir que ce dossier ne serait pas laissé pour entraver d’autres intérêts en suspens entre les deux pays.
« Il y a beaucoup de contestations entre l’Algérie et la France, mais il faut qu’il y ait un consensus sur d’autres sujets, pas forcément sur le dossier de la mémoire. Les défis et les enjeux au niveau mondial sont nombreux et, dans tous les cas, la coopération entre l’Algérie et Paris se poursuivra, dans le pétrole et le gaz, sur les questions de migration et de sécurité, notamment en Afrique. La coopération entre les deux pays est inévitable, mais le dossier de la mémoire ne doit pas être un obstacle à cette coopération », a déclaré Stora.
Le fils de Constantin, de naissance, évoquait les massacres du 8 mai 1945, dans une interview à France 24, et l’impact du dossier mémoire sur les relations algéro-françaises, qui, on le sait, a provoqué l’échec pour parvenir au rapprochement que le président français Emmanuel Macron recherchait en raison des démarches limitées de ce dernier dans le dossier de la mémoire.
L’historien spécialiste de l’histoire du colonialisme français en Algérie reconnaît l’existence d’un décalage dans le traitement du dossier mémoriel entre l’Algérie et Paris : « Il y a des points de vue différents de part et d’autre sur la mémoire. Il n’y a même pas de petits pas des deux côtés qui ouvrent la voie à la réconciliation de la mémoire, car il y a des obstacles qui l’en empêchent ».
Stora a évoqué les efforts déployés par Macron lors de son premier mandat présidentiel pour briser le nœud du passé colonial de son pays en Algérie ; « sous le règne de Macron, des progrès ont été réalisés, pas ce qui s’est passé il y a soixante ans, la reconnaissance de la responsabilité dans la liquidation du combattant Maurice Audin (partisans de la révolution algérienne), Ali Boumendjel (combattant et avocat du Front de libération nationale) et la condamnation des crimes contre les Algériens dans les manifestations du 17 octobre 1961, et l’ouverture des archives… Cette voie que Macron a lancée ne doit pas s’arrêter ».
« Le retard à cet égard doit être comblé en coordination avec l’Algérie, d’autant plus que certaines recommandations figurent dans le rapport que j’ai rédigé à la demande du président français, comme la création d’un musée d’histoire algérienne et française dans la ville. de Montpellier, en plus du dossier lié aux essais nucléaires, qui reste un dossier lourd ».
Concernant le traitement des politiciens et intellectuels français à propos des événements du 8 mai 1945, Stora a déclaré que peu d’entre eux sympathisaient avec les Algériens, dirigés par l’écrivain Albert Camus, qui critiquait la situation des Algériens dans la France coloniale en tant que citoyens de seconde zone. par rapport aux Français, et peut-être que Camus, dit l’orateur, est le seul intellectuel français qui a critiqué le colonialisme français à cause de ces événements tragiques, qui ont conduit à la complexité de la situation d’occupation par la suite.
Sur le plan officiel, Stora s’est référé à la déclaration faite par l’ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, de Sétif en 2005, à propos de ces événements, qu’il a qualifiés de « massacres », et que des déclarations ont été faites sous les directives du Président français, Jacques Chirac à l’époque, à cela s’ajoute le discours de l’ambassadeur français Bernard Bajolet en 2008 sous la houlette de Nicolas Sarkozy, qui « a avoué qu’il y a eu des massacres à Guelma et qu’ils ont été terribles, puis s’est tourné vers là où Les Algériens ont été jetés par l’armée française dans les cavernes ».
L’historien français décrit les événements du 8 mai 1945 comme « la grande transformation idéologique de la lutte du mouvement national algérien pour l’indépendance, qui le conduisit deux ans plus tard à un affrontement militaire avec l’armée d’occupation, autour de la constitution d’un bras armé de le Parti populaire algérien, dans ce qu’on appelait l’« Organisation spéciale », qui fut le noyau qui fit exploser la révolution de libération en novembre 1954.
Mohamed Moslem
Echouroukonline, 07 mai 2022
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