Tunisie: Le pain manque. La faute à l’Ukraine ou au gouvernants?

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par Saber Yakoubi

TUNIS. Depuis des jours, la presse et diverses institutions tirent l’alarme sur la pénurie de blé dans divers pays d’Afrique du Nord en raison de la guerre en cours en Ukraine. Les sanctions internationales contre la Russie et le manque ou l’insuffisance de production de blé en Ukraine, mais aussi d’huile de tournesol, risquent d’avoir de graves répercussions : 85 % des importations de blé de l’Égypte proviennent de Russie (52 %) et d’Ukraine (33 %), soit 10 millions de tonnes en 2020, en baisse en 2021 ; dans le pays il y aurait des stocks pour 5 mois, et le gouvernement a prévu d’augmenter la production de blé qui de toute façon s’avère forcément tardive et donc pas en mesure d’atténuer les coûts pour le consommateur. 75% des céréales importées de Libye proviennent d’Ukraine et de Russie.

En Tunisie, où les prix flambent, il y aurait des réserves pour trois mois. Cependant, est-il correct d’attribuer la « crise du blé » tunisienne à la guerre en cours en Ukraine ? L’article d’aujourd’hui de Karima Moual publié dans La Repubblica et intitulé  » Voyage en Tunisie affamée par la guerre en Ukraine : » ‘Ici aussi le pain s’épuise’« Dresse un tableau alarmant, et certes les effets de la crise ukrainienne se feront également sentir à Tunis, mais la crise économique, également pain, a commencé bien avant le conflit voulu par Vladimir Poutine. D’autre part, dans le même article, il est noté que « la Tunisie ressemble à une cocotte-minute maintenue à feu doux », ainsi que qu' »il y a une crise politique, avec un parlement formellement dissous le 30 mars par le président de la République Kais Saied, après quoi avait déjà été suspendue par lui-même cet été », et c’est peut-être là qu’il faut chercher le premier foyer de la pénurie de céréales.

La Tunisie connaît aujourd’hui un chaos politico-institutionnel qui va de pair avec le taux de chômage élevé, la cherté de la vie, la pauvreté ambiante, la corruption généralisée, etc., et il est certainement de la responsabilité de ceux qui gouvernent si les agences de notation donnent la Tunisie comme proche du défaut, c’est-à-dire pour Ficht CCC et pour Moody’s Caa1 avec outoock négatif.

La « crise du pain » désormais imminente, qui risque de frapper dans peu de temps des Tunisiens déjà épuisés par les conséquences économiques de la pandémie, va donc de pair avec la crise politique, après les suspensions répétées du parlement jusqu’à sa dissolution par le président. Saied, pour un choc des pouvoirs passé par l’article 80 de la Constitution, qui prévoit la possibilité pour le Président de suspendre le Parlement pour un mois maximum et de limoger le gouvernement en cas d’urgence avérée pour protéger l’Etat. La Cour constitutionnelle est inexistante, car elle n’a jamais été nommée.

La vérité est donc qu’il y a un manque d’argent parce que l’État, compris comme un ensemble d’organes institutionnels, ne fonctionne pas, il suffit de penser que la presse locale à plusieurs reprises, il a signalé des navires chargés de céréales arrivant dans les ports tunisiens, incapables de décharger les marchandises car ils n’étaient pas payés, et en effet, l’État avait dû payer les pénalités.

Notizie geopolitiche, 01/05/2022

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