Premier anticorps ciblant les cellules souches du cancer

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Le premier anticorps conçu pour cibler les cellules souches cancéreuses a été testé chez l’homme après des essais concluants sur des organoïdes et des souris. Cette recherche, menée par des scientifiques des Pays-Bas et d’Espagne, inaugure une nouvelle stratégie pour rechercher de nouveaux médicaments, accroître l’efficacité des traitements et réduire le risque de métastases.

Le composé a été développé et testé dans des organoïdes (petits organes cultivés en laboratoire) formés à partir de cancers colorectaux de patients. Elle a également été testée avec succès sur des souris auxquelles on a implanté des tumeurs humaines, selon les résultats de la recherche présentés aujourd’hui dans la revue Nature Cancer.

Lancement d’un essai clinique après des résultats positifs dans des organoïdes et chez la souris

Le premier essai clinique du nouvel anticorps, MCLA-158 de la société néerlandaise Merus, a été lancé en 2018. Il a principalement ciblé les patients atteints de cancers colorectaux métastatiques, et a également inclus les cancers d’autres organes dont les cellules souches présentent des caractéristiques similaires.

La recherche a révélé que la protéine LGR5 définit les cellules souches des cancers colorectaux. Cette protéine, que l’on trouve rarement dans d’autres types de cellules, contribue à la capacité des cellules souches cancéreuses à régénérer des tumeurs qui semblaient avoir été éliminées par les traitements précédents. Un anticorps dirigé contre LGR5 permet d’agir sur les cellules souches cancéreuses sans endommager les cellules saines, explique Eduard Batlle, de l’Institut de recherche en biomédecine (IRB) de Barcelone, qui a codirigé l’étude.

« Les cellules souches constituent un mécanisme important de résistance au traitement et d’initiation des métastases. L’inhibition de LGR5 apparaît comme une stratégie prometteuse pour améliorer les traitements », déclare Josep Tabernero, de l’Institut d’oncologie du Vall d’Hebron (VHIO), également co-auteur de l’étude, bien qu’il prévienne que « pour l’instant, il n’existe aucune donnée démontrant l’efficacité de MCLA-158 chez les patients atteints de cancer colorectal métastatique ».

Cette recherche présente une nouvelle stratégie de recherche de traitement qui pourrait être utile pour le développement d’autres médicaments à l’avenir, déclare M. Batlle. Au lieu de supposer à quoi devrait ressembler un anticorps anti-cellules souches et de le concevoir en conséquence, les chercheurs ont analysé plus de 500 anticorps différents et les ont testés sur des organoïdes de tumeurs. Parmi ces 500+, MCLA-158 est apparu comme le plus prometteur, démontrant l’importance de LGR5 dans les cellules souches du cancer colorectal.

Le traitement cible une protéine spécifique dans les cellules souches pour les attaquer sans endommager les cellules saines.

Selon les résultats présentés dans Nature Cancer , l’anticorps s’est avéré efficace dans 52 % des tumeurs colorectales organoïdes testées. Cette efficacité était supérieure à celle du cetuximab, l’anticorps actuellement administré dans les cancers colorectaux métastatiques – sauf dans ceux présentant des mutations dans les gènes de la famille RAS, où il n’est pas efficace.

Chez les souris auxquelles on a implanté des tumeurs humaines, le MCLA-158 a montré son efficacité dans plus de la moitié des cancers colorectaux, œsophagiens, gastriques et de la tête et du cou.

En octobre dernier, lors d’une conférence de l’American Association for Cancer Research, Merus a indiqué que l’anticorps avait réduit la taille de la tumeur dans tous les cas sur un échantillon de sept patients atteints d’un cancer métastatique de la tête et du cou. Dans l’un d’entre eux, aucune trace détectable de cellules tumorales n’est restée dans le corps. La société n’a pas communiqué de résultats chez les patients atteints d’autres types de tumeurs.

Participation espagnole au projet

C’est le scientifique néerlandais Hans Clevers, candidat au prix Nobel pour avoir développé la technologie des organoïdes, qui a suggéré aux scientifiques de Merus de contacter Eduard Batlle pour étudier des médicaments contre les cellules souches cancéreuses. M. Batlle, de l’Institut de recherche biomédicale de Barcelone, est un leader mondial dans le domaine des cellules souches du cancer colorectal et a été chargé de tester les plus de 500 anticorps dont dispose Merus.

Ces essais, réalisés sur des organoïdes créés à partir de tumeurs de patients, ont permis de sélectionner l’anticorps MCLA-158 comme le candidat le plus prometteur. L’anticorps a ensuite été testé sur des souris auxquelles on a implanté des tumeurs humaines, dans le cadre du projet auquel participent l’Institut d’oncologie du Vall d’Hebron (IOV), l’Institut catalan d’oncologie (ICO) et la société Xenopat, basée au parc scientifique de Barcelone.

Vall d’Hebron est le seul hôpital espagnol participant à l’essai clinique de l’anticorps, qui est également testé dans des centres en France, en Belgique et aux États-Unis.

La Vanguardia, 25/04/2022

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