France: Mélenchon potentiel Premier Ministre – Election présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, deuxième tour, Emmanuel Macron,
On n’a pas vu cela depuis l’instauration du quinquennat et le dernier attelage composé du président de droite Jacques Chirac et Premier ministre socialiste Lionel Jospin.
La dernière “cohabitation” a cessé en 2002 quand celui-ci a perdu à la surprise générale une présidentielle dont il était le favori. Mais tellement favori que les candidatures de gauche ont foisonné provoquant une dispersion des voix qu’il a échoué dès le premier tour. Retenant la leçon de l’échec, Lionel Jospin s’est retiré de la vie politique.
En tant que Premier ministre, il a inspiré une révision de la Constitution qui a introduit le quinquennat à la placé du septennat et une inversion du calendrier électoral, plaçant les législatives après les présidentielles. Le but est de permettre au président élu de profiter de la dynamique de sa victoire en remportant l’Assemblée nationale dans la foulée.
C’est ce pari que Jean-Luc Mélenchon rêve de déjouer cette fois-ci. Le candidat arrivé troisième à la présidentielle veut une sorte de 3e tour qui lui permettra de gagner les élections législatives et d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. Ainsi, il imposera au vainqueur de dimanche prochain une cohabitation. Il sera le Premier ministre d’Emmanuel Macron ou de Marine dont les pouvoirs se trouveront forcément limités.
Le président de La France Insoumise a enterré son rêve de président puisqu’il a décidé de ne plus se présenter. Il nourrit désormais celui de devenir Premier ministre. Il a deux mois pour convaincre les Français de lui accorder leur confiance. “Je demande aux Français de m’élire Premier ministre” en votant pour une “majorité d’Insoumis” et de “membres de l’Union populaire” à ces élections du 12 et 19 juin, a-t-il déclaré sur BFMTV, dans sa première déclaration publique depuis le 10 avril. Il faut séduire l’ensemble de la gauche et les abstentionnistes.
Jean-Luc Mélenchon vise donc à imposer une cohabitation au futur vainqueur de la présidentielle, avec lequel il exclut toute “négociation”. Et ce, que ce soit Emmanuel Macron ou Marine Le Pen.
Il a d’ailleurs redit qu’il ne donnerait pas d’autre consigne au second tour que “pas une voix à Mme Le Pen”, qui incarne “la contradiction totale” avec son programme “d’harmonie”. Mais “la question de savoir qui est président à ce moment-là” de cohabitation ne compte pas à ses yeux, car “c’est le Premier ministre qui signe les décrets”, a-t-il affirmé, ajoutant vouloir appliquer son programme.
Les cadres de La France insoumise ont exulté sur les réseaux sociaux. “Mélenchon à Matignon”, s’est exclamé son ami député Alexis Corbière. “Un autre monde est toujours possible”, a espéré la députée Caroline Fiat.
Son lieutenant Alexis Corbière analyse: “Il ne faut pas juste donner la perspective d’une opposition forte, mais dire que l’on peut gagner”, que “l’affaire n’est pas perdue pour Mélenchon et son programme”. Selon lui, “rien ne sera réglé à la présidentielle et il ne faut pas réfléchir à l’ancienne”.
Pour réussir à mobiliser à des élections législatives traditionnellement moins courues par les électeurs, les Insoumis espèrent donner l’image d’une “Union populaire” élargie.
Dans ce but, ils ont appelé Les Verts, les Communistes et l’Extrême gauche à se rassembler derrière eux et leur programme, en proposant que l’attribution des circonscriptions soient appliqués à la proportionnelle des résultats du premier tour. Julien Bayou, le chef des Verts, a répondu qu’il espérait davantage.
Mais il a aussi dit, mardi, prévoir un aboutissement des négociations d’ici la fin de semaine prochaine. Un autre cadre écolo a même jugé “atteignable”, devant des journalistes, qu’il y ait un accord “d’ici la fin de semaine pour donner un espoir” aux électeurs de gauche, qui vont voter à contrecœur dimanche au second tour.
La France insoumise (LFI) va mener des rencontres bilatérales dans les prochains jours.
Mardi soir, le conseil national du Parti socialiste, sorte de parlement du parti, a adopté une résolution proposant de discuter avec l’ensemble des forces de gauche, dont LFI. Pour l’instant, le leader insoumis a indiqué ne pas vouloir discuter avec le PS.
Soucieux de ne pas donner l’impression d’une “tambouille”, Jean-Luc Mélenchon s’est défendu de préparer un simple “accord électoral”, mais un “accord stratégique qui devient électoral”. “C’est pas la lutte des places mais la lutte des classes”, a-t-il scandé.
Le Jeune indépendant, 21/04/2022
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