En Libye, la nouvelle année a commencé comme s’est terminée la précédente. C’est-à-dire dans l’incertitude qui entoure la tenue de l’élection présidentielle. Car quand bien même la Haute commission électorale a proposé la date du 24 janvier courant et que des puissances occidentales insistent sur l’impératif d’organiser le scrutin le plus tôt possible, il n’en demeure pas moins que le Parlement libyen ne semble pas pressé de répondre favorablement à ces demandes. A ce jour, il n’a pas encore signifié son accord à la Commission électorale pour l’organisation de l’élection, or trois semaines seulement nous séparent du 24 janvier 2022. Et alors que le Parlement exige que la Commission publie d’abord la liste des candidats, son président a indiqué qu’elle est dans l’incapacité de répondre à cette exigence. Un désaccord qui s’ajoute aux nombreux différends existants déjà. Il y a dans ce sens juste à rappeler que la demande de la révision de la loi électorale est toujours de mise.
La base juridique pour les élections, reportées, a été une source permanente de désaccord et n’a toujours pas fait consensus. Une situation qui ne manque pas de donner crédit aux informations faisant état du report de l’élection de six mois à une année. Pour autant certains analystes n’hésitent pas à souligner que même si elle est tenue dans cette fourchette, l’élection n’aboutira pas aux résultats escomptés. La Libye ne pourra pas ouvrir une nouvelle page de son histoire tant attendue par les Libyens.
En fait, estime-t-on, tant qu’une base solide de réconciliation n’est pas engagée entre les différentes parties du conflit, en particulier dans l’est et l’ouest, il serait vain d’espérer un règlement définitif et durable du conflit. Mais alors que les élections sont toujours présentées comme un préalable à une sortie de crise, ces analystes pensent qu’il serait désormais préférable de revoir ce point de vue et de donner la priorité «à la réconciliation sociétale et politique globale», tant les désaccords entre les parties libyennes semblent insurmontables. «Personne n’est en mesure aujourd’hui de gouverner la Libye par la force» soutient-on, d’où la nécessité d’une réconciliation inclusive à laquelle doivent prendre part toutes les parties libyennes et d’une convergence entre les politiques. C’est la condition sine qua non pour que les résultats qui sanctionneront les élections, qui seront organisées tôt ou tard, soient acceptées par tous. Des résultats qui sont censés fonder le socle sur lequel sera bâtie la nouvelle Libye.
Un point de vue qui est loin d’être saugrenu, notamment dans la conjoncture actuelle. Faut-il aussi rappeler que des personnalités libyennes en visite en Algérie ont demandé aux autorités algériennes l’accueil de rencontres de réconciliation, car voulant tirer profit de l’expérience algérienne en la matière. Demande que le Président Tebboune avait accepté affirmant la disponibilité de l’Algérie à accueillir ces rencontres.
Par Nadia Kerraz
El Moudjahid, 02/01/2022
#Libye