Berrebouh, baron du narco franco-marocain mis en examen

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Arrêté à Dubaï et extradé vers la France : Hakim Berrebouh, baron du trafic de drogue franco-marocain est mis en examen
C’est grâce à une photo montrant Hakim Berrebouh posant fièrement le coude appuyé sur un mur de 53 ballots de résine de cannabis dont le poids a été estimé à plus d’une tonne et demie, une des pièces maîtresses de la demande d’extradition adressée, dans les premiers jours de mars, par les autorités judiciaires françaises à Dubaï, quinze jours après l’arrestation, le 18 février, dans l’émirat que la cavale de ce baron âgé de 40 ans, surnommé entre autres « Marcassin », a pris fin, rapport le quotidien français le Monde du 18 décembre.

« Jusqu’à son arrivée à l’aéroport de Roissy, mardi 14 décembre, enquêteurs et magistrats chargés de la lutte contre le crime organisé croisaient les doigts dans l’attente de cette extradition, qui confirme un changement dans la coopération judiciaire avec cet émirat devenu, ces dernières années, un lieu de refuge de barons du narcotrafic et une place bancaire pour le blanchiment de sommes d’argent astronomiques », précise la journal.

« Un refuge, mais désormais plus un abri », souligne-t-il. Et de rappeler la mandat d’arrêt lancé par le juge d’instruction marseillais Valéry Müller, le 7 décembre 2020 un mandat d’arrêt international, via lequel a été mis en examen cet individu, le 15 décembre 2021, « pour importation de stupéfiants en bande organisée, infractions à la législation sur les stupéfiants et association de malfaiteurs, pour des faits commis durant les trois premiers mois de 2016».

Selon Le Monde, le parquet de Marseille a requis un mandat de dépôt criminel alors qu’Hakim Berrebouh devait comparaître, vendredi 17 décembre, devant le juge des libertés et de la détention.

« Berrebouh, c’est l’un des plus gros importateurs de drogue en France, mais aussi aux PaysBas, en Belgique, avec des tonnes importées et des millions brassés. On est loin d’un trafic à la papa », explique un enquêteur, cité par le média, qui confie n’avoir longtemps pas soupçonné une telle envergure.

L’avocat de ce trafiquant, Me Karim Bouguessa, n’a pas souhaité s’exprimer. «Cette dimension internationale d’Hakim Berrebouh a été mise au jour par le plus grand des hasards.

Le Marseillais n’avait pas d’antécédent judiciaire pour trafic de stupéfiants. Un membre du parquet de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille avait sollicité l’examen d’un Blackberry crypté, saisi en avril 2016 dans le cadre d’une enquête sur un assassinat commis deux ans plus tôt à Marseille.

L’analyse de ce téléphone appartenant à Fatri K. a révélé l’existence d’un trafic dirigé par un surnommé « Gordito » (joufflu) au Maroc et géré à Marseille par Fatri K., l’un de ses lieutenants », écrit le journal. « La photo liée à ce contact, sur le téléphone, est celle de Berrebouh.

« Les éléments décryptés le sont sur deux ou trois mois, commente une source proche de l’enquête, une courte période sur laquelle on retrouve la trace de transactions financières supérieures à 20 millions d’euros. Quelle entreprise légale peut, sur une telle période, avoir une capacité financière comparable ? », ajoute-t-il.

« Les messages décryptés montrent que le cannabis se négociait à la tonne et la cocaïne au kilo. Les feuilles de comptes font état de sommes de plusieurs millions d’euros pour des transactions associées à des noms de villes (Dreux, Lille, etc.).

Le 6 avril 2016, par exemple, il est demandé de payer « Tache » avec deux kilos de cocaïne pour avoir remonté « 50 boîtes » (soit près de 900 kg de résine de cannabis) depuis Barcelone. Le même jour, un message de « Gordito » évoque un bénéfice de 62 000 euros réalisé avec le réseau « Champi », qui lui a réglé la veille 410 000 euros ».

« Avec ces messages extrêmement parlants, on n’a presque pas besoin d’investigations supplémentaires sur ce trafic », estime la justice marseillaise. « Les comptes les plus importants concernent les cités marseillaises, d’où Hakim Berrebouh est originaire.

En particulier « Les Flamants », décrit comme « le QG, le siège social de cette organisation d’où sont également originaires les fidèles ». Son frère assassiné Son nom est associé à l’un des conflits les plus sanglants entre « familles de la drogue » marseillaises.

La guerre fratricide régulièrement décrite par les enquêteurs entre des Berrebouh associés à des Tir et des membres des clans Remadnia et Seghier aurait causé plus de trente règlements de comptes mortels depuis 2010 ».

C’est pour fuir cette vendetta qu’Hakim Berrebouh s’était réfugié au Maroc après avoir fait l’objet d’une tentative d’assassinat en décembre 2013. Son frère Mehdi n’avait pas réchappé à une fusillade en plein jour au milieu du trafic sur l’autoroute A7 à Marseille, en avril 2014. D’Hakim ou de Mehdi, lequel était le patron ? Hakim a­t­il pris la relève après l’assassinat de son frère ?

Les enquêteurs l’ignorent. Mais en avril 2019, « Marcassin » figure au « top 25 des principaux trafiquants actifs sur le territoire national », établi par l’ex ­Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants.

Pour Le Monde, « avec cette extradition, la coopération judiciaire avec Dubaï semble enfin s’établir. Elle est analysée, à l’hôtel de police marseillais, comme un signe envoyé aux organisations criminelles que Dubaï n’est plus un pays de cocagne où les trafiquants peuvent investir et blanchir leurs fonds ».

Et de préciser que « sur les dix objectifs que les enquêteurs s’étaient assignés en 2020, sept ont été arrêtés en 2021, dont quatre à l’étranger : en Espagne, en Colombie, à Dubaï et récemment au Maroc. Il y a trois ans, une tentative de collaboration avec les autorités judiciaires dubaïotes avait fait long feu.

Dans un dossier mettant en cause la collecte des millions d’euros générés par les trafics dans l’Hexagone avant leur expédition à Dubaï, une équipe commune d’enquête entre la France, la Belgique et les Pays­Bas, rejointe ensuite par l’Espagne, avait été mise en place sous l’égide de l’agence européenne Eurojust ». La JIRS de Marseille recherche une quinzaine de personnes qui ont élu domicile ou ont développé des intérêts à Dubaï, rapporte-t-il. « Plusieurs dossiers évoquent des règlements de comptes commis dans la cité phocéenne et pilotés par les gros bonnets du trafic installés dans l’émirat.

Le 17 novembre, Dubaï a remis un Marseillais âgé de 26 ans, soupçonné d’être un ravitailleur dans un trafic important de cité. Le 1 er décembre, devant la chambre de l’instruction, celui-­ci avait expliqué avoir consenti à son extradition, à la différence d’Hakim Berrebouh.

A Dubaï, ce rappeur à la petite renommée disait tenir un studio d’enregistrement ouvert à des personnalités de la téléréalité. Au-­delà de Marseille, d’autres individus présentés comme des trafiquants de premier rang ont été extradés ces derniers mois par les autorités émiraties vers la France ».

Le Monde cote par ailleurs, le cas de Moufide Bouchibi, un Franco-Algérien de 41 ans qui figurait en tête de la liste des « cibles d’intérêt prioritaire » de l’Office anti-­stupéfiants ». « Mouf », comme il est surnommé, a été condamné à seize ans de prison en septembre par la cour d’assises de la Gironde. La décision de son procès en appel, qui vient de se tenir, sera connue le 9 février 2022 », selon le journal.

A.M.

L’Evénement, 19/12/2021

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